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Une vidéo à voir… l’histoire d’un Juif d’exception et de son extraordinaire impact sur toute une population et sur la ville de Constantine, en Algérie, avant l’indépendance.

By 21 janvier 2017Lève-toi !

Enrico Macias raconte le drame de l’assassinat de son futur beau-père, Raymond Leyris, appelé par tous Tonton Raymond, LE grand maître de la musique arabo-andalouse de l’époque en Algérie. La famille de Raymond Leyris, de même que celle du père d’Enrico Macias,  grand violoniste faisant partie de l’orchestre de Tonton Raymond, vivait en osmose avec la communauté musulmane, sauf pendant les attentats, durant lesquels les communautés se repliaient sur elles-mêmes. Puis la vie commune reprenait…

L’Algérie, au moment des faits, vivait à feu et à sang, juste avant l’indépendance. Tonton Raymond a été assassiné sur la place du marché juif de Constantine, juste avant le Shabbat. Il était tellement célèbre en tant que musicien en Algérie, que ce deuil a été celui de tout Constantine et a provoqué l’exode en quelques semaines de toute la communauté juive et même chrétienne vers la France. Par après on a découvert une liste sur laquelle étaient inscrits tous les membres de l’orchestre, y compris Enrico et son père, comme devant aussi être assassinés. Le meurtre de Raymond Leyris a donc sauvé bien des personnes,..

Mais ce qui a retenu notre attention, c’est la description de la personnalité de Raymond Leyris faite par Enrico Macias. Une leçon pour notre génération, celle d’après 68, qui a vécu la rébellion et ne supporte plus l’autorité.
Voici ce qu’il raconte : “Tonton Raymond, c’était quelqu’un que j’aimais. C’était quelqu’un que je craignais, aussi, parce qu’il était très exigeant. C’était un grand professionnel dans le travail. Mais aussi dans sa vie quotidienne et avec les gens qu’il aimait, il était d’une très grande sévérité, ce qui nous confortait dans l’amour qu’on lui portait parce que – je ne sais pas si vous vous souvenez, quand vous étiez adolescents ou enfants, quand vous aviez des professeurs. Il y a des professeurs sévères qu’on n’a jamais aimés. Il y a des professeurs laxistes qu’on n’a jamais aimés. Mais il y a des professeurs qui étaient sévères et qu’on adorait, on adorait leur sévérité parce qu’ils étaient justes – Tonton Raymond était juste avec ses sentiments, que ce soit avec ses enfants, avec moi, avec mon père ou avec les gens qu’il aimait. Ou avec les gens qui le haïssaient, car lui ne savait pas ce que c’était que la haine. Mais on aurait pu confondre la haine et la violence avec sa sévérité, parce qu’il était juste et il ne se trompait jamais quand il prenait une décision.

Toutes les semaines, on avait une émission de radio en direct [en Algérie] avec Tonton Raymond. Et à l’école, comme j’avais 15-16 ans, j’avais des copains qui commençaient à devenir des fans. Quand ils m’entendaient à la radio – c’était un événement à l’époque de passer à la radio. La télévision n’existait pas encore – j’avais plein de copains de l’école qui venaient me chercher à la fin de l’émission, à l’endroit où on l’enregistrait. Ils venaient me chercher et ils me félicitaient, ils me congratulaient, ils m’embrassaient… Et un jour, j’avais fait une prestation qui était juste, bien, très, très bien, sans aucune faute mais moyenne. C’est-à-dire que je n’avais pas tellement d’inspiration ce jour-là, je n’étais pas très bien. Je n’avais pas fait de faute, parce qu’une faute c’était “carton rouge”, pire que le foot. Mais il y a aussi le feeling, vous savez. Si on n’avait pas le feeling, ce n’était pas valable. Ca fait partie des fautes, dans l’interprétation. 

Et mes copains m’ont félicité alors que je ne méritais pas ces félicitations. Alors Tonton Raymond m’a attrapé à part. Il m’a dit : “Pendant six mois, tu ne joueras pas dans l’orchestre. Parce que ces copains, là, qui sont en train de te monter artificiellement, te font plus de mal que ce que moi je vais te faire. Parce que moi je vais t’exclure pendant six mois, parce que tu n’as pas très bien joué aujourd’hui, et maintenant ça va te faire réfléchir et dans six mois tu joueras très bien. Allez, au revoir !”.

Je n’ai évidemment pas dormi cette nuit-là mais, même pas en rêve, je n’ai pensé le supplier pour rejouer. J’ai accepté sa sanction, j’ai complètement accepté et six mois après, quand je suis revenu, croyez-moi, j’avais avancé, j’avais fait beaucoup de progrès. J’avais appris beaucoup.”

Visionné pour vous. Elishéva Goël.

 

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Lève-toi ! / Etz Be-Tzion
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