Les deux premières victimes sont deux parlementaires qui plaident pour un dialogue avec la Russie, deux anciens ministres des Affaires étrangères qui restent encore très écoutés aujourd’hui : Malcolm Rifkind, du côté conservateur, et Jack Straw, du Parti travailliste.
Les deux, ciblés par des scandales, ont du renoncer à leur carrière politique et ceci en un temps record. Le piège, plutôt classique, a été tendu par la Channel Four (BBC) et par le Telegraph. Des journalistes ont approché les deux députés, en se faisant passer pour des représentants d’une société fictive de Hong Kong, qui souhaitait faire appel à leurs services de conseil pour une campagne de promotion au Royaume-Uni, le tout filmé par des caméras cachées. Précisons que ce type de propositions est devenu monnaie courante dans toute l’Europe.
Pourtant, les médias se sont emparés des deux affaires pour les assommer d’accusations de corruption. Le cas de Rifkind est particulièrement important, puisqu’il a démissionné de la présidence de la Commission sur le contre-espionnage et la sécurité, où il a dirigé une enquête critique sur l’activité de la NSA. Il a annoncé qu’il ne se représenterait pas.
En août 2014, Rifkind avait signé une tribune dans le New York Times, avec l’ancien ministre russe des Affaires étrangères Igor Ivanov, sur le « risque d’une nouvelle Guerre froide ». Tous deux mettaient en garde contre le danger qu’« une escalade du conflit dans l’est de l’Ukraine mène à une confrontation militaire directe entre l’OTAN et la Russie ».
Leur déclaration a reçu le soutien d’une commission du European Leadership Network, et d’autres groupes de réflexion en Europe et en Russie, qui appellent eux aussi au dialogue politique et aux bonnes communications militaires, à plus forte raison en temps de crise.
D’autres voix se sont également élevées contre les projets de guerre de Cameron. C’est le cas de Sir John Sawers, l’ancien chef du service de renseignement MI6, qui vient de prononcer son premier discours public depuis qu’il a quitté son poste en novembre 2014. Il a saisi l’occasion pour dénoncer l’envoi d’armes à Kiev, tout en notant combien il est dangereux de provoquer un pays doté d’un arsenal nucléaire formidable comme la Russie. Pour ce qui concerne un « changement de régime » à Moscou, Sawers estime que « tout changement éventuel du pouvoir » au Kremlin « pourrait bien être pour le pire ».
Source: Scott