Chapitre 4
Paris
Invité à prêcher au « Temple de Paris », chez le pasteur Thabot, en décembre 1999, je suis importuné par une jeune fille au terme de deux journées où j’ai exercé le ministère en faveur de gens très divers dont l’épouse d’un Président d’une nation africaine en séjour à Paris. Ma fatigue est grande et j’ai cependant devant moi une jeune femme qui insiste pour me parler d’un cas très urgent.
« Je vous ai amené mon amie qui est venue spécialement de l’autre bout de la France avec un problème terrible. Pourriez-vous prier pour elle ? »
J’acquiesce et l’amie, une jeune femme d’une trentaine d’années, m’expose son problème : « Petite fille, j’ai été violée par mon père, un de mes oncles et trois hommes qu’ils avaient amenés là. Dès l’âge de treize, quatorze ans, je me suis enfuie de la maison et j’ai commencé à vivre dans la rue, sans plus rentrer chez moi, dormant à gauche et à droite. J’ai commencé à me droguer et à me prostituer pour subvenir à mes besoins. Je me suis convertie à l’âge de vingt et un ans. J’étais pleine de démons, comme vous pouvez l’imaginer. Je n’ai cessé de demander la prière à plusieurs pasteurs et j’ai été délivrée de la plupart de mes démons. Il en reste un cependant qui me poursuit jour et nuit et je ressens constamment sa présence sur mon corps. Cette puissance démoniaque abuse de moi sexuellement chaque nuit. Je suis ainsi violée constamment. J’aimerais tellement être délivrée mais personne n’est arrivé à m’aider. »
Le Saint-Esprit me fait comprendre qu’inconsciemment c’est elle qui retient ce démon de violence sexuelle car le viol est la seule image forte que cette jeune femme a conservée de son père. Ce phénomène pourra peut-être sembler incompréhensible à certains lecteurs, mais il faut se souvenir qu’un enfant adhère, a priori, à tous les comportements de ses parents avec confiance et dépendance et, dans des domaines comme ceux de la sexualité par exemple, même s’il souffre dans son corps de la perversion, il intègre d’abord l’acte comme bon du point de vue de celui qui le lui inflige car il ne peut comprendre. Un enfant aime ses parents, a priori.
Je lui explique alors la situation avec tact et lui dis que, ne disposant pas d’autre image paternelle que celle qui lui a été imposée par la violence sexuelle, il faudrait lui substituer une autre image paternelle, par la prière. Je lui propose alors de prier pour elle comme je l’ai fait pour d’autres. Je ressens que ce moment de prière produit en elle un effet profond, mais qu’il reste quelque chose à accomplir. Nous prions encore et une onction particulière descend sur nous au moment de la prière. Le Père céleste lui-même continue le travail.
Peu après, dans les semaines qui suivront, j’apprendrai que cette jeune femme a été délivrée ce jour-là de ce démon de violence sexuelle qui la tourmentait chaque jour et chaque nuit depuis des années.
Décembre 1999, assemblée du Buisson Ardent, Louvetot, Normandie. Le pasteur Schinkel m’a très aimablement invité pour parler d’Israël, mais un autre frère venant tout droit du pays à l’occasion d’une rencontre de serviteurs de Dieu étant présent, il m’a demandé de construire des messages selon la direction du Saint-Esprit et d’apporter de temps à autre mon point de vue sur la désinformation en ce qui concerne les événements actuels en Israël. Rappel : nous sommes, en Israël, en pleine intifada post processus de paix et les rapports quotidiens faits par les médias français (journaux et télévision) sont particulièrement virulents contre Israël, avec une mauvaise foi criarde le plus souvent.
J’étais en Israël il y a à peine un mois et j’ai vécu là-bas de véritables temps de miracles dans le domaine de la bénédiction des pères (j’en parle un peu plus loin). Le Seigneur m’a donné un message particulièrement prophétique en rapport avec cette bénédiction (voir chapitre 6 de ce livre) et je ressens qu’en Normandie comme partout ailleurs dans le monde les besoins sont énormes à ce niveau. Je brûle intérieurement du désir d’apporter ce message ici et l’occasion m’en est donnée, Dieu soit loué, au cours des diverses réunions.
Je me souviens particulièrement d’une réunion de dames, spécialement bénie, et d’une chère sœur d’un âge très respectable, menue, à la peau rose et brillante comme une petite pomme mûre de Normandie et aux yeux si bleus. Avec l’extraordinaire et bienfaisant respect que témoignent encore les personnes âgées aux serviteurs de Dieu, elle me fit sa requête avec une pointe de timidité : « Cher frère, j’aimerais tellement que vous puissiez prier pour mes enfants. Ils ont tant besoin de cette bénédiction paternelle, ils en ont été privés. »
Je me trouve devant une femme qui pourrait être ma mère et presque ma grand-mère et cependant le Saint-Esprit me conduit à lui parler ainsi : « Vous demandez cette bénédiction paternelle pour vos enfants, mais vous en avez été privée vous-même. » Tout son être se contracte à l’audition de mes paroles. « Oui, mais je suis âgée, frère, et ce n’est plus important. Voulez-vous prier pour mes enfants ? » me dit-elle à nouveau. « Je prierai volontiers pour vos enfants, mais tout d’abord je voudrais prier pour vous ».
Elle acquiesce. Je pose mes mains sur ses épaules en priant comme je l’ai fait plusieurs fois déjà pour d’autres. Il est surprenant pour un homme de cinquante-deux ans de poser une bénédiction paternelle sur la vie d’une femme qui pourrait être sa mère ou sa grand-mère et le spectacle devait être étrange vu de l’extérieur.
Quelque chose de fort étonnant s’est accompli et une onction très forte a traversé cette femme de la tête aux pieds. J’ai ressenti l’amour particulier du Seigneur pour ce petit bout de femme normande qui avait traversé toute l’existence avec un rare courage dans le dévouement, mettant ses besoins de côté à l’avantage des siens, et qui, au soir de sa vie, réclamait encore une bénédiction paternelle pour ses enfants en mettant de côté son propre besoin. Mais le Dieu d’amour est juste et une onction formidable de paix et d’amour est descendue, avec pour conséquences que cette petite dame s’est presque évanouie contre moi, dans mes bras. Un des besoins essentiels et fondamentaux de toute sa vie était révélé et guéri ce soir-là.
Quelquefois déjà, j’ai constaté qu’à la réception de cette bénédiction certaines personnes semblent s’évanouir ou s’endormir, comment dire, dans une paix profonde, leur tête venant généralement se poser contre moi qui leur fais face.
À plusieurs reprises au cours de mon séjour à Louvetot, j’ai pu prier ainsi pour l’une ou l’autre personne. Je me souviens de cette personne qui avait de grandes difficultés de couple, mais qui avait souffert en fait d’une terrible absence paternelle. Les problèmes relationnels que cette personne rencontrait dans son couple provenaient en fait, en grande partie sans doute, de l’insécurité qu’engendre l’absence d’un père biblique.
Après avoir posé cette bénédiction paternelle sur la vie de cette personne, nous avons ressenti tous deux une joie céleste, tout à fait spéciale, et pour confirmer cette bénédiction, le Père céleste m’a demandé de prophétiser que dans les prochaines heures son conjoint lui offrirait des fleurs, l’emmènerait au restaurant (toutes attitudes qui étaient terriblement absentes jusque-là) et que des changements notoires allaient intervenir dans la vie du couple, suite à ce moment de prière. C’est exactement ce qui est survenu, j’en ai eu le témoignage enthousiaste dans les semaines qui ont suivi.