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Guy Millière – Le discours de Manuel Valls à l’Assemblée Nationale mardi 13 janvier était porteur de bonnes intentions, c’est incontestable, et cela doit être dit.
Les diverses cérémonies honorant les victimes ont été émouvantes et dignes. Je ne peux néanmoins m’empêcher de penser que les intentions ne suffisent pas, et que ce qui se met en place n’est pas destiné à durer et à stabiliser la situation. Je ne peux pas m’empêcher de penser non plus qu’il y aura d’autres victimes, car il est très tard, vraiment très tard.
Des enfants juifs aller à l’école sous la surveillance de militaires l’arme au poing dénote une situation profondément malsaine
Les dix mille soldats déployés ne pourront rester en faction indéfiniment, et voir des enfants juifs aller à l’école sous la surveillance de militaires l’arme au poing dénote une situation profondément malsaine.
Les condamnations en comparution immédiate de quelques personnes ayant crié « Vive Coulibaly » ou « Vive Kouachi » sont, à l’évidence, des condamnations de façade, pour l’exemple, et n’empêchent pas les mêmes cris d’être proférés dans de multiples lieux où la police ne peut se permettre de procéder à des arrestations. Prétendre empêcher de crier n’empêche pas, par ailleurs, ceux qui ne crient pas de penser. Le nombre de tweets reproduisant les cris susdits est lui-même éloquent.
Il est clair que la minute de silence demandée jeudi dernier pour les victimes de l’attaque contre Charlie Hebdo n’a pas été respectée dans de nombreux établissements scolaires, et les chiffres donnés en la matière par le Ministère de l’Education Nationale sont nettement sous-estimés, ce que les services du Ministère eux-mêmes commencent à admettre.
Avant même parution ce mercredi, la couverture du nouveau numéro de Charlie Hebdo, pourtant très éloignée de l’esprit de provocation habituel du magazine, puisqu’il y est évoqué le pardon des crimes, suscite déjà des remous dans la population musulmane, qui n’admet pas que Mohamed soit représenté, moins encore qu’il puisse être imaginé disant « Je suis Charlie » et versant une larme.
Des théories du complot circulent, par ailleurs chez les adeptes de Mohamed : on n’en trouve pas trace dans les médias français, mais elles sont relatées dans le monde qui parle anglais : les actes terroristes contre Charlie et contre le supermarché cacher seraient censés avoir été réalisés par des Juifs qui auraient la capacité de changer d’apparence et de se faire passer pour des Musulmans ! Vous n’y auriez pas pensé ? Moi non plus. Un message Facebook relayé plusieurs milliers de fois dimanche par des adeptes de Mohamed et des compagnons de route gauchistes disait qu’un terroriste était dans la manifestation de dimanche : Binyamin Netanyahou. Ce message a trouvé un relais lundi soir en la personne de Dounia Bouzar, qui sur France 2, s’est offusquée de la présence du même Netanyahou dimanche à Paris. La présence de Mahmoud Abbas n’a pas gêné cette musulmane « modérée », celle de Netanyahou, ce « criminel », si…
Aucun des interlocuteurs de madame Bouzar ne l’a contredite, bien sûr.
Et cela me conduit à ce qui me semble l’immense point aveugle dans tout cela, outre l’édulcoration générale du péril islamique. L’une des matrices de haine anti-juive chez les musulmans en France est la détestation d’Israël. Et cette détestation est entretenue dans nombre de médias, et chez nombre de dirigeants politiques, y compris ceux qui ont manifesté dimanche, tout particulièrement à l’extrême gauche, mais pas seulement.
Cette détestation n’est pas combattue et est traitée comme un élément séparé, alors que ce n’est pas du tout un élément séparé. Manuel Valls n’en a rien dit dans son discours.
On sait désormais que des pressions ont été exercées par les dirigeants français pour que Binyamin Netanyahou ne vienne pas à Paris et qu’en réponse à sa décision de venir, des représentants de l’Elysée ont décidé d’accorder une place d’honneur à Mahmoud Abbas, tout en disant au gouvernement israélien que la décision de Netanyahou ne resterait pas sans conséquences. On a vu que Binyamin Netanyahou a été traité avec une volonté de l’humilier, en le traitant comme un personnage de second ordre, et comme si le fait que six des dix-sept victimes ne justifiait pas la présence du Premier Ministre de la patrie du peuple juif. On a vu que les dirigeants français ne souhaitaient visiblement pas que Binyamin Netanyahou prenne la parole à la synagogue de la Victoire et sont sortis avant qu’il parle. On a vu que c’est la Ministre de l’Environnement qui a été envoyée en Israël pour l’enterrement des quatre victimes de l’attaque contre le supermarché cacher.
Les dirigeants français entendent pratiquer l’apaisement vis-à-vis des Musulmans en France en adoptant une certaine ligne de conduite envers Israël, en poussant à la reconnaissance d’un Etat palestinien, en cherchant à humilier le Premier Ministre d’Israël, en invitant un terroriste allié du Hamas à une manifestation anti-terroriste. Ce comportement est indigne. Il relève du déshonneur, et suffit à lui seul à poser une ombre sur ce que prétend faire le gouvernement. Ce n’est pas la seule ombre. Mais c’est une ombre majeure.
Les juifs savent que si la France les abandonne, Israël ne les abandonnera pas
Je comprends les Juifs qui, à la synagogue de la Victoire ont acclamé Binyamin Netanyahou : ils savent que si la France les abandonne, Israël ne les abandonnera pas. Ils ont chanté la Marseillaise pour marquer leur attachement à la France. Il n’est pas certain que la France soit encore vraiment attachée aux Juifs de France. Il n’est pas du tout certain qu’elle soit attachée aux Juifs de France qui voient en Israël la patrie du peuple juif.
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