Croire que le sacrifice de Jésus permet l’élimination de nos péchés est un des fondements du christianisme. Ce pardon ne dépend pas de nos actions, mais est un don de Dieu, qui peut être accordé à n’importe quelle personne qui se repent, même au dernier instant de sa vie, quelque ce soit ses crimes.
Ce point est, à juste titre, répété souvent. Pourtant, on parle beaucoup moins d’un autre aspect, qui est néanmoins présent dans les Ecritures, celui du péché impardonnable. En effet, à plusieurs reprises, des auteurs du Nouveau Testament, et Jésus Lui-même, affirment qu’il existe un péché pour lequel on ne peut pas être pardonné.
De quoi s’agit-il ? C’est la question que je vous propose d’élucider dans cet article.
Le péché impardonnable dans la Bible
Lisons les quatre textes principaux :
« Et les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, dirent : Il est possédé de Béelzébul ; c’est par le prince des démons qu’il chasse les démons. Jésus les appela, et leur dit sous forme de paraboles : Comment Satan peut-il chasser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister ; et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut subsister. Si donc Satan se révolte contre lui-même, il est divisé, et il ne peut subsister, mais c’en est fait de lui. Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, sans avoir auparavant lié cet homme fort ; alors il pillera sa maison. Je vous le dis en vérité, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes qu’ils auront proférés ; mais quiconque blasphémera contre le Saint-Esprit n’obtiendra jamais de pardon : il est coupable d’un péché éternel. Jésus parla ainsi parce qu’ils disaient : Il est possédé d’un esprit impur. » Marc 3 : 22-30
« Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne mène point à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à ce frère, il la donnera à ceux qui commettent un péché qui ne mène point à la mort. Il y a un péché qui mène à la mort ; ce n’est pas pour ce péché-là que je dis de prier. » 1 Jean 5:16
« Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. » Epître aux Hébreux 6 : 4-6
« Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles. Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins ; de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l’alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce ? Car nous connaissons celui qui a dit: A moi la vengeance, à moi la rétribution ! et encore : Le Seigneur jugera son peuple. C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. »Epître aux Hébreux 10 : 26-31
Nous voyons dans ces quatre passages, qu’il est question d’un péché pour lequel le pardon n’est pas possible. Quel est-il ? Examinons de plus près ces textes.
La connaissance
Comme point commun à tous ces textes, nous constatons que les personnes qui sont susceptibles de commettre ce péché, sont des gens qui possèdent la « connaissance ».
Le premier passage se déroule sous l’Ancienne Alliance. Les personnes visées par les paroles de Jésus sont les scribes et les pharisiens, c’est-à-dire ceux qui à l’époque détenaient la connaissance religieuse.
Les trois autres passages se déroulent sous la Nouvelle Alliance, et les expressions employées montrent que les personnes visées sont des chrétiens.
« Si quelqu’un voit son frère » ;
« que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir »
« Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés[…] de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l’alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce ? »
Ces extraits ne laissent aucune ambiguïté sur le fait que les personnes visées sont biens des chrétiens, et quand je dis « chrétiens », je parle de vrais chrétiens, et pas seulement de « chrétiens de nom ».
Un « chrétien de nom », ne peut pas avoir « goûté le don céleste », ni avoir eu « part au Saint-Esprit », ni avoir « été sanctifié ».
Le Saint-Esprit
Un deuxième constat, lié au premier, est que le péché impardonnable a un rapport avec le Saint-Esprit.
Jésus parle de « blasphème contre le Saint-Esprit », tandis que l’auteur de l’Epître aux Hébreux mentionne « l’outrage à l’Esprit de la grâce ». Par ailleurs, nous savons que c’est l’Esprit-Saint qui nous permet de connaître Dieu.
Que peut-on déduire de tout cela ?
Je pense que la réponse est explicitement donnée par l’auteur de l’Epître aux Hébreux: « Car, si nous péchons volontairement … ». Le péché impardonnable est le péché volontaire.
Mais qu’est-ce qu’un péché volontaire ?
Les différents types de péchés
Je pense qu’il est possible de distinguer trois types de péchés :
-les péchés par ignorance
-les péchés par faiblesse
-les péchés volontaires
Par ignorance
Pécher par ignorance, c’est commettre un péché sans savoir que c’est un péché. Le pardon de ces péchés est assuré lorsque nous demandons à Dieu « de nous pardonner nos péchés ». Cela inclut les péchés dont nous avons conscience, et les péchés dont nous n’avons pas conscience. Par ailleurs, si nous voulons vraiment suivre Dieu, il est certain qu’Il nous révélera progressivement ces péchés. Evidemment, dès lors que nous identifions un péché de ce type, il faut se repentir et cesser de le pratiquer.
Par faiblesse
Nous pouvons dire que quelqu’un péche par faiblesse, lorsqu’il sait qu’il commet un péché, mais qu’il ne peut s’empêcher de le commettre. L’exemple le plus typique, est le péché lié à une addiction. Un chrétien peut répéter de nombreuses fois un même péché. Toutefois, il sera toujours mal à l’aise après un tel péché. Il ne l’acceptera pas et éprouvera du remord et du dégout. Il regrettera son péché.
Volontaire
Le péché volontaire est bien différent. Nous péchons volontairement dans le sens, où nous commettons un péché dans le but d’offenser l’Esprit Saint. C’est donc un acte de rébellion volontaire contre Dieu. Un tel cas est bien évidemment, et heureusement, fort rare, néanmoins si les Ecritures prennent la peine de le mentionner à plusieurs reprises, c’est qu’il existe bel et bien.
C’est ce péché qui est un blasphème contre l’Esprit-Saint. Les chefs religieux avaient vu l’Esprit Saint se manifester au travers de Jésus. Mais eux, qui avaient le discernement nécessaire, plutôt que de le reconnaître, ont préféré accusé Jésus de sorcellerie.
Le meilleur exemple de ce péché est celui des anges rebelles. Eux qui étaient auprès de Dieu, et qui se sont consciemment révoltés contre Lui.
Existe-t-il d’autres exemples bibliques ?
Ananias et Saphira
Un cas plus compliqué est celui d’Ananias et Saphira. Ont-ils blasphémé contre le Saint-Esprit ? Sans l’affirmer avec certitude, on peut constater que tous les éléments du péché impardonnable se retrouvent dans leur cas :
a) Il s’agissait de chrétiens
b) Ils ont péché contre l’Esprit
c) Ils n’ont pas pu se repentir
Conclusion
En conclusion, nous pouvons dire que le péché impardonnable ne se définit pas par un acte précis, mais par une intention. Le péché impardonnable est le péché qui est commis dans l’intention volontaire d’offenser le Saint-Esprit. Seule une personne pleinement consciente de son acte peut commettre ce péché. Sous l’Ancienne Alliance, il s’agissait des dirigeants religieux du peuple d’Israël, sous la Nouvelle Alliance, il s’agit des chrétiens.
Pour formuler les choses autrement, le péché impardonnable est la rébellion d’un chrétien authentique contre Dieu. Un non-chrétien ne peut donc par définition jamais commettre le péché impardonnable.
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J’apporterais une nuance : ce n’est pas fondamentalement le péché qui me condamne, mais ce qui me condamne, c’est de ne pas vouloir le remède (le fait que je pèche est un symptôme qui doit mener au remède).
Le remède, ce n’est pas améliorer, rafistoler le vieil homme : le remède, c’est accepter de mettre le vieil homme de côté, et laisser Christ, nouvel homme, régner à notre place (nous Lui avons donné nos péchés : donnons Lui le vouloir et le faire – lire Philippiens 2:13).
Le combat est donc contre moi-même : vouloir laisser la place au Seigneur sur le trône, et en chasser l’anti-Christ (l’anti-christ, c’est notre vieil homme qui accapare le trône du Temple que nous sommes, trône qui revient à Christ par Son Esprit – lire 2 Thess 2).
Celui qui laisse Christ faire à sa place, en lui, ne pèche pas – mais refuser de donner la place au Seigneur en nous, voilà le péché contre le Saint-Esprit!
Pécher volontairement contre l’Esprit, se fermer les yeux et se boucher les oreilles, cela ne pardonne pas, car c’est refuser le remède : c’est en cela que cela ne pardonne pas, car refuser un remède à une maladie mortelle mène à la mort.