Israël : une élection décisive
Depuis sa (re)fondation, le seul Etat juif de la planète est menacé.
Il a subi des guerres conventionnelles très coûteuses en vies humaines : la première en 1948-49, a vu les Juifs israéliens citoyens de l’Etat tout juste né se battre le dos au mur face au risque d’une extermination qui était, très explicitement, dans les intentions des agresseurs arabes, très largement imprégnés d’idées tirées du national-socialisme. La deuxième a vu s’accomplir une victoire extraordinaire qui a tout dû à l’inventivité et à l’intelligence stratégique de ceux qui ont eu à la mener, pour des raisons strictement défensives : elle a été une deuxième défaite, très cinglante cette fois, contre les agresseurs arabes. La troisième a failli s’achever de façon tragique, jusqu’au moment où l’inventivité et l’intelligence stratégique israéliennes ont permis de l’emporter : parce qu’elle a été, lâchement, déclenchée par les agresseurs arabes le jour de Kippour, elle est restée sous ce nom, guerre de Kippour.
L’Etat juif a subi ensuite une guerre terroriste qui, en fait, avait commencé avant même la (re)fondation de l’Etat, s’était intensifiée à la fin des années soixante, et était devenu, après la guerre du Kippour, la forme principale de guerre menée par les agresseurs arabes. L’intensité maximale de la guerre terroriste a existé pendant les années qui ont suivi les accords d’Oslo, présentés encore parfois comme l’enclenchement d’un « processus de paix » (ce qu’ils n’ont jamais été). Depuis la construction de la barrière de sécurité, la guerre terroriste a subsisté, mais est passée à un niveau de basse intensité. Le retrait de Gaza, suivi par l’irruption du Hamas aux postes de commande, et la création à Gaza d’un mini-Etat terroriste, font de Gaza une zone d’où émanent des tirs de missiles et des épisodes de conflit délétères qui montrent ce qu’il en coûte de céder un pouce de terrain à des criminels fanatiques.
En même temps que s’enclenchait la guerre terroriste, s’enclenchait aussi une autre guerre : celle de la diplomatie et des idées. Les notions de « peuple palestinien » et de « lutte de libération nationale du peuple palestinien » ont été inventées, et elles ont remporté un succès certain. Des opérations de propagande se mènent en leurs noms sur toute la planète. Des terroristes déguisés en politiciens, Yasser Arafat autrefois, Mahmoud Abbas aujourd’hui, accompagnent les opérations de propagande en tentant de délégitimer l’Etat juif, de le diaboliser et de le pousser à des concessions, aux fins, disent-ils, que le « peuple palestinien » ait un Etat : comme les terroristes déguisés en politiciens ne veulent pas d‘Etat, et seulement la destruction de l’Etat juif, chaque vague de concessions de l’Etat juif est, bien sûr, insuffisante et débouche sur des violences antijuives.
La guerre de la diplomatie et des idées est menée, avec lucidité et détermination, par une partie des dirigeants politiques de l’Etat juif. Elle est menée aussi par des défaitistes actifs qui se conduisent désormais, souvent, en alliés des ennemis de l’Etat juif.
Les défaitistes actifs ont du sang sur les mains : ce sont eux qui ont passé les accords d’Oslo et qui ont entretenu l’illusion d’un « processus de paix », tandis que des bombes humaines explosaient de Netanya à Jérusalem, et de Tel Aviv à Haïfa. C’est sous leur influence que le retrait de Gaza s’est effectué, avec les conséquences qu’on voit. Ce sont eux qui ont proposé à l’ennemi des abandons de territoire suicidaires que, fort heureusement, l’ennemi a refusé. Ce sont eux que les antisémites européens adorent. Ce sont eux que l’administration Obama aujourd’hui adore aussi, à un point tel qu’elle les aide de multiples façons. Qu’ils existent dans la vie politique israélienne est logique, et, d’une certaine façon inéluctable : la démocratie est à ce prix, et le pluralisme permet que des gens aux idées ineptes s’expriment.
Que les défaitistes actifs fassent quasiment jeu égal avec ceux qui incarnent la lucidité et la détermination est néanmoins inquiétant. Il y a là l’effet de l’aide, massive, de l’administration Obama. Il y a l’effet aussi de campagnes de presse qui oscillent entre le débile et l’inepte, largement menées présentement par le journal Yediot Aharonot.
Il y a, sans doute, l’effet d’une intelligentsia bobo déconnectée de la réalité.
Il y a aussi quelque chose d’inexplicable. Comment autant de gens peuvent-ils sembler prêts à confier le destin de leur pays à des aveugles ?
Faut-il le dire et le redire ? Israël n’a aucun partenaire pour la paix. Mahmoud Abbas ne veut pas d’un Etat à côté d’Israël, mais, à la rigueur d’un Etat à la place d’Israël, et il veut la disparition d’Israël. La menace iranienne est bien réelle et s’installe du côté du Golan. L’Etat Islamique étend ses tentacules. Le Président Sissi se conduit fort heureusement en allié tacite d’Israël, mais il est assez seul : il est au pouvoir grâce à l’Arabie Saoudite, qui reste dans un relatif retrait.
Confier le gouvernement d’un pays à des gens au idées ineptes est un luxe que les pays européns peuvent s’offrir, tout en accélérant leur glissement lent vers la ruine. C’est un luxe que les Etats Unis se sont payés, et on voit les résultats. C’est un luxe qu’Israël ne peut pas se payer.
Parce que je suis attaché à la sécurité d’Israël et de son peuple, je souhaite vivement que le peuple d’Israël n’aie pas l’impulsion de penser qu’il peut se payer ce luxe.
Des réformes sont sans aucun doute nécessaires en Israël, qui devraient permettre de faire baisser les prix et d’améliorer les conditions de vie : ces réformes devront être menées. Mais que reste-t-il des prix et des conditions de vie si on appuie un révolver sur sa propre tempe et qu’on appuie sur la gachette ?
Les élections qui vont avoir lieu en Israël sont décisives. Binyamin Netanyahou est, je l’ai déjà écrit, un grand homme.
Qu’on ose le comparer à ses adversaires me semble, je l’ai déjà écrit aussi, inconcevable. Que ses adversaires osent se comparer à lui est pitoyable.
Qu’ils usent d’arguments aussi vils que ceux que j’ai pu entendre ces jours derniers est lamentable.
Certaines gens n’ont aucune dignité. Ils mènent une campagne électorale de caniveau : on pourrait, si cela arrive, s’attendre à ce qu’ils gouvernent en deçà du caniveau.
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