Prague bloque une tentative d’achat par l’Iran d’une technologie nucléaire
Téhéran aurait tenté d’acquérir des compresseurs en utilisant « une fausse identité »
La République tchèque a bloqué une tentative d’achat par l’Iran cette année d’une importante cargaison d’une technologie sensible, nécessaire à l’enrichissement d’uranium après que la découverte de faux documents a éveillé des soupçons, rapporte l’agence de presse Reuters qui cite des experts de l’ONU et des sources occidentales.
L’incident pourrait renforcer la méfiance des Occidentaux à l’égard de Téhéran et sa sincérité quant à l’accord sur le nucléaire qui en cours de négociation, et qui prévoit le ralentissement des travaux nucléaires de l’Iran en échange d’un allégement des sanctions qui pèsent sur lui.
Après l’accord du 2 avril, les négociateurs doivent désormais régler les détails techniques d’un accord définitif, qui doit garantir la nature purement pacifique des activités nucléaires de l’Iran en échange de la levée des sanctions internationales imposées depuis 2006.
Certains détails de la tentative d’achat ont été détaillés dans le dernier rapport annuel d’un groupe d’experts pour le comité des sanctions contre l’Iran du Conseil de sécurité des Nations Unies, auquelReuters a eu accès.
Selon le groupe d’expert, l’Iran a tenté d’acheter en janvier des compresseurs fabriqués par la société américaine Howden Compressors CKD.
Un fonctionnaire de l’Etat tchèque et un diplomate occidental proche du dossier, ont également confirmé à Reuters que l’Iran avait tenté d’acheter une cargaison de Howden CKD envoyé en République tchèque, mais que les autorités tchèques avaient agi pour bloquer la transaction.
On ne sait pas encore si des intermédiaires ont été impliqués dans la tentative d’acquisition de la machine.
Par ailleurs, selon Reuters, rien n’indique que Howden CKD ait quelque chose à se reprocher. Les responsables de la société basée à Prague ont refusé de commenter la transaction.
Le groupe de l’ONU, qui surveille la conformité du régime de sanctions des Nations unies, a déclaré que la commande avait été effectuée avec ‘ »une fausse identité ».
Contrat de 61 millions de dollars
Un haut fonctionnaire tchèque qui a parlé sous couvert d’anonymat, a précisé que le matériel intercepté était nécessaire à une station de compression, comme celles utilisées pour transporter du gaz naturel d’une station relais à une autre.
Il a également déclaré que la valeur totale du contrat s’élevait à environ 61 millions de dollars (54 millions d’euros).
Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux affirment que l’Iran continue d’essayer de contourner les sanctions internationales sur ses programmes atomiques et balistiques tout en négociant un accord sur son programme nucléaire.
Le groupe d’experts de l’ONU a également noté dans son rapport que la Grande-Bretagne l’avait informé de l’existence d’un réseau qui approvisionne en matériel le programme nucléaire iranien, via des entreprises répertoriées sur sa liste noire.
« Les compresseurs (que l’Iran a tenté de se procurer) peuvent être utilisés pour extraire de l’uranium enrichi directement en cascade (procédé technique, ndrl) », a expliqué Olli Heinonen, ancien directeur adjoint de l’Agence internationale de l’énergie à l’agence Reuters.
« Ils sont particulièrement utiles si vous voulez enrichir de l’uranium à 20%, » a-t-il précisé.
Les Occidentaux et Israël soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de l’arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément.