Karni Eldad
Nous célébrerons dimanche le 48ème anniversaire de la réunification de Jérusalem. Jérusalem fut divisée de la guerre d’Indépendance (1948) jusqu’à la guerre des Six Jours (1967) et est, depuis lors, la capitale d’Israël et sans doute la ville la plus complexe au monde.
Dans toutes les négociations avec notre ennemi palestinien, établir un Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale est une obligation. Pour ceux qui ne connaissent pas le sujet, cette exigence peut sembler une demande logique visant à corriger une injustice historique: l’Etat palestinien sera établi en Judée-Samarie, où il y avait jadis un pays aujourd’hui occupé par Israël depuis la guerre des Six Jours. Sa capitale historique, Jérusalem, lui sera restituée.
Cela semble logique, non? Certes, mais il y a quelques problèmes mineurs qui viennent confronter cette demande: jamais dans l’histoire un Etat palestinien n’a existé, ni en Cisjordanie ni nulle part ailleurs dans le monde. Jérusalem a toutefois été la capitale de deux seules nations: celle du Royaume d’Israël (le royaume de Jérusalem sous les Croisés) et celle de l’État d’Israël. Elle a été conquise de nombreuses fois, les régimes changés, ainsi que les langues et les devises, mais elle n’a jamais été une capitale. Même quand les Arabes ont gouverné le pays au cours de leur long et distingué règne de 638 jusqu’à la conquête des Croisés en 1099, Jérusalem était une ville éloignée, aux confins de la province. Elle n’a pas été développée, aucun sou n’y a été investi et on n’y voyait guère de pèlerinages de millions de Musulmans. Elle a dégénéré lentement, est passée dans l’oubli. Seuls les Juifs en exil ont continué à la valoriser. Il n’y a donc pas d’obligation d’établir Jérusalem comme capitale d’un futur Etat palestinien parce que « la restauration de sa gloire » voulue par les Palestiniens est juste une autre façon de nous rendre fous.
Comme je le disais, dimanche, nous allons célébrer les 48 ans de la réunification de la ville. Une ville avec des quartiers juifs et des quartiers arabes, des quartiers mixtes et même des camps de réfugiés. Une ville qui ressemble à un damier, avec les quartiers arabes et juifs s’entrelaçant de façon à ce qui prouve qu’elle n’est peut-être pas être unifiée comme nous le voudrions, mais elle est certainement indivisible. Une ville dont on pourrait croire que les frontières ont été dessinées par un ivrogne et qui est différente de la plupart des villes dans le monde, qui se développent naturellement à partir du centre.
C’est une capitale où les trains ne se rendent pas vraiment à destination et où on ne trouve aucun aéroport international. Une ville reconnue par son propre peuple comme sa capitale, mais boycottée avec passion par toutes les autres nations. Une ville difficile, sans pitié ni pardon. Une ville dans laquelle on trouve toutes sortes de manifestations, que ce soit pour célébrer la danse des drapeaux d’Israël au Mur occidental pendant les vacances ou pour le défilé de la gaypride. Une ville dans laquelle même le système d’égout est une question politique qui pourrait embraser tout le Moyen-Orient. Pourtant, c’est ma ville préférée dans le monde.
Félicitations, Jérusalem.
Karni Eldad est musicienne, mariée et mère de deux enfants, elle réside à Tekoa (Territoires)