Guy Millière – En voyant la cérémonie organisée devant le Panthéon par François Hollande, je n’ai pu m’empêcher de penser à son maître, François Mitterrand, inaugurant sa présidence en 1981 au même endroit, et posant des roses sur quelques tombes de gens censés être devenus symboliquement, du coup, ceux qui ont préparé le chemin pour le nouveau grand homme. L’ancien pétainiste Mitterrand, l’ami de Bousquet, s’est transfiguré en ami de gens très différents de Pétain et Bousquet.
Hollande en 2015, enlisé dans une présidence médiocre, a espéré se donner une stature en posant des roses à son tour et en prononçant un discours destiné à le placer à une hauteur qu’il n’a jamais atteint, même en se tenant sur la pointe des pieds sur un lit de soupente, rue du Cirque.
Fils de pétainiste, comme tant de dignitaires socialistes de sa génération, enfant spirituel bâtard de François Mitterrand, il a entendu faire entrer au Panthéon des gens qui symboliquement, pourront être présentés comme lui ayant préparé le chemin.
Et, à la différence de François Mitterrand, qui s’est contenté des gens déjà présents, il les a choisis.
Ils sont tous de gauche, à un degré ou à un autre : Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillon, Geneviève Anthonioz de Gaulle.
Des résistants de droite n’auraient pas convenu à la démonstration et à la reconstruction falsificatrice de l’histoire. Honoré d’Estienne d’Orves, Henri Frenay n’auraient pas été à leur place. Et je ne parle pas d’Hélie de Saint Marc.
Plutôt que leur rendre simplement hommage, montrant qu’il ne recule devant rien, Hollande en a fait des précurseurs de sa propre politique, et a utilisé Jean Zay, pour en faire un adepte de la réforme des collèges de madame Vallaud-Belkacem.
Il a présenté, dans la foulée, le programme du Conseil National de la Résistance comme préfigurant ce qu’il est en train d’accomplir. Il ne manquait plus qu’une citation de Stéphane Hessel, autre adepte du programme du Conseil National de la Résistance, et le tableau aurait été complet.
Je ne sais ce que seront les prochaines étapes de l’homme au scooter dans sa tentative de reconquérir l’opinion, mais j’imagine aisément le pire.
S’il pouvait faire déterrer le général de Gaulle, j’en viens à penser qu’il n’hésiterait pas.
Outre le côté visuellement et auditivement obscène et racoleur de la cérémonie, qui m’a donné la nausée, je n’ai pu m’empêcher de percevoir ses parfums de moisissure : la seule façon de prétendre incarner un souffle dans ce pays impliquerait donc de se tourner soixante dix ans en arrière ?
Je n’ai pu m’empêcher aussi de songer que l’imposture de François Hollande s’appuyait sur une réalité très maquillée.
Quels que soient les mérites et l’héroïsme des résistants français, la France dans les années 1940-45, était largement pétainiste, et n’a pas été libérée de Pétain et des nationaux-socialistes allemands par des résistants ou, même, des soldats français, mais par des troupes largement américaines. La résistance française a, en supplément, changé de visage et est devenue beaucoup plus « de gauche » après que les communistes soient passés du collaborationnisme aux maquis, après la rupture du pacte germano-soviétique, et après que de Gaulle ait veillé à faire éliminer certaines franges de la résistance.
Hollande a utilisé le maquillage d’une réalité très maquillée pour des fins sordides.
Et dire qu’il imagine pouvoir être réélu ! Et dire que ce n’est pas impossible !
Décidément, que devient ce pays…
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.