Par Fabrice Haccoun – Auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (50eme AED)

La démocratie se caractérise par le débat, l’échange d’idées et l’expression libre. En France comme dans le reste du monde libre, on peut donc normalement parler de tout. Il est néanmoins un sujet qui échappe à cette règle : le conflit israélo-palestinien. Dès que l’on évoque ce thème, les oreilles se bouchent, le cerveau se brouille, l’intelligence laisse place à l’instinct et le cœur, les tripes même, prennent le pas sur la raison, le fantasme sur la réalité même quand celle-ci saute aux yeux. Peu importe la vérité, seul compte la représentation qu’on s’en fait.

Le monde est devenu binaire, manichéen même, pour ou contre, gentils ou méchants, victimes ou bourreaux. Comment peut-il en être autrement alors que le media le plus utilisé pour transmettre l’information et échanger n’autorise pas plus de 140 signes ?

Apartheid, impérialisme, génocide sont les trois qualificatifs les plus usités par les antisionistes pour dénigrer et délégitimer Israel. Comme si les états qui s’étaient rendus coupables de ces abominations au siècle dernier se servaient d’Israel comme d’un sacrifice expiatoire. Parmi toutes les accusations dont Israel fait l’objet, il y en a une qui est la mère de toutes : « en 1948, les migrants Juifs ont volé la place des palestiniens », l’Etat d’Israel aurait donc remplacé un état palestinien existant. Il convient donc de revenir factuellement et objectivement sur les états ou entités qui ont régné sur cette terre de Palestine depuis plus de deux mille ans afin d’évaluer a quel point cet argument n’a pas de sens.

Avant l’Etat d’Israël moderne établi en 1948, il y avait le Mandat Britannique en Palestine.
Avant il y avait l’Empire Ottoman turc et musulman, qui suivait l’état islamique des Mamelouks d’Egypte.
Avant l’Etat islamique des Mamelouks d’Egypte, il y avait l’Empire Ayyoubide arabo-kurde, précédé par le Royaume de Jérusalem franc et chrétien issu des croisades.
Avant encore, il y avait l’Empire Ommeyyade puis Fatimide, avant l’Empire Ommeyyade puis Fatimide, il y avait l’Empire Byzantin.
Avant, il y avait l’Empire Sassanide, qui suivait l’Empire Byzantin.
Avant l’Empire Byzantin, il y a eu l’Empire Romain qui a vu l’avènement du Christianisme et qui a été le théâtre du passage de l’antiquité et « l’époque moderne ».
Avant l’Empire Romain, il y avait l’état Hasmonéen, Hachonaime en hébreux du nom d’une dynastie Juive qui reconquit cette terre.
Avant, il y a eu l’Empire Séleucide, avant encore c’était l’Empire Macédonien d’Alexandre le Grand. Avant l’Empire Macédonien, il y avait l’Empire Perse.
L’empire Perse a suivi l’empire Babylonien au sein duquel les Juifs en exil rédigèrent le Talmud.
Avant l’Empire Babylonien, il y a eu les Royaumes d’Israël et de Juda issus d’une partition du Royaume d’Israël.
Avant le Royaume d’Israël, il y avait la théocratie des douze tribus d’Israël, avant la théocratie des douze tribus d’Israël, il y avait un conglomérat de cités-royaumes cananéens indépendants.

Durant ces trois mille années environs, jamais ce territoire n’a été un Etat souverain sauf lors de l’avènement du Royaume d’Israel. La seule présence continue depuis l’antiquité fut la présence Juive. Il est facile d’en tracer la présence à travers les récits de massacres et de persécutions dont les Juifs ont fait l’objet à travers les âges.

En 1948, l’ONU par une résolution historique décide de la refondation de l’Etat d’Israel sur ce bout de désert du Proche-Orient appelé Palestine. Elle prévoit deux états, l’un pour les autochtones Arabes pour l’essentiel d’origine jordanienne, syrienne et égyptienne et l’autre pour le nouvel état Juif. Toutes les puissances Arabes locales refusant la création de cet état attaqueront, provoquant l’exode de dizaines de milliers d’autochtones Arabes qui ne reviendront jamais sur cette terre. S’en suivront plusieurs guerres apportant chacune leur lot de souffrances pour aboutir à la situation actuelle. Il ne s’agit pas pour moi de nier l’existence de ces hommes, et ces femmes, le fait que certains aient vécut sur cette terre ni même leur souffrance, il ne s’agit pas non plus de refuser la nécessité d’une solution pacifique à ce conflit avec peut-être a la clé des concessions de la part d’Israel. Il s’agit juste de dire qu’aucune cause aussi juste soit-elle ne justifie de réécrire l’histoire en inventant une souveraineté, un état, un peuple qui n’a jamais existé en tant que tel. Aucune cause aussi légitime puisse-t-elle paraitre ne peut durablement se baser sur la désinformation et le révisionnisme pour se faire valoir. Si l’on pousse même ce raisonnement, pourquoi une cause légitime aurait-elle besoin d’être défendue par l’usage du mensonge.

Si Etat Palestinien il y a un jour, ce sera une création de toute pièce et comble de l’histoire, cet état ne devra son existence qu’à la création de l’Etat d’Israel moderne en 1948. Israel n’est donc pas celui qui a détruit un quelconque état palestinien ou porté atteinte au peuple du même nom mais bien au contraire celui qui lui aura permis de prendre corps et peut-être demain d’exister en tant que tel. Le seul et véritable ennemi du peuple palestinien c’est l’instrumentalisation dont il fait l’objet. Par les pays occidentaux d’une part qui s’achètent ainsi une bonne conscience postcoloniale à pas cher et les pays Arabo-Musulmans d’autre-part pour lesquels la haine d’Israel est un bien pratique chiffon rouge. Un voile qui sert à masquer des décennies de corruption et d’incurie politique.

Et si, comme nous sommes beaucoup à le souhaiter, un Etat palestinien vivant en paix avec son voisin israélien voit le jour, L’ONU aura alors à gérer un autre souci, celui de la Jurisprudence dont pourraient se prévaloir Tibétains, Kurdes, Kabyles et Rohyngias, tous ces peuples apatrides et opprimés qui n’ont pas la chance d’avoir Israel comme ennemi.

Par Fabrice Haccoun – JSSNews
L’auteur est Auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (50eme AED)