Ce jeudi 4 juin, le premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahu a dénoncé la décision « malheureuse » d’Orange de se retirer de son pays.
Depuis mercredi, la polémique n’a cessé d’enfler. Le PDG d’Orange a effectivement annoncé au Caire son « intention » de mettre fin au contrat le liant à Partner, qui exploite sa marque en Israël. « Cela va prendre du temps [mais] nous allons certainement le faire », a-t-il ajouté en anglais lors d’une conférence de presse. « Je suis prêt à abandonner demain matin » les liens avec Partner mais « sans exposer Orange à des risques énormes » sur le plan légal ou financier.
Ce jeudi, Orange a apporté de nouvelles précisions. « Cet accord, qui avait été signé avant l’acquisition d’Orange par France Télécom en 2000, est le seul accord de licence de marque de long-terme du groupe. Dans ce cadre, tout en respectant strictement les accords existants, Orange souhaite mettre fin à terme à cette licence de marque », a conclu l’opérateur.
Mais le mal est fait. Les propos de Stéphane Richard ont été interprétés en Israël comme la volonté de se dissocier des activités dans les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. « Très en colère », Isaac Benbenisti, appelé à prendre la présidence de Partner le 1er juillet, a accusé Stéphane Richard de céder aux « pressions très importantes des (groupes) pro-palestiniens » et de participer à une grande campagne d’isolement d’Israël dans le monde.
Cinq ONG et deux syndicats avaient appelé Orange fin mai à se désengager et à « dénoncer les atteintes aux droits humains commises par Partner ». Selon leur rapport, Partner, en fournissant ses services dans les colonies, contribue à leur maintien.
« La face noire d’Orange », a titré le quotidien populaire Yedioth Ahronoth, à côté de la photo de Stéphane Richard. « Orange n’est déjà plus un partenaire », a renchéri Israel Hayom, soutien indéfectible du Premier ministre de droite Beamin Netanyahu, en jouant sur le nom de l’opérateur israélien.
« Je vous presse de clarifier cette question dès que possible »
Aussitôt, la ministre adjointe des Affaires étrangères, Tzippi Hotovely a écrit au PDG d’Orange pour réclamer sèchement une clarification et le presser de ne pas prendre part « à l’entreprise de mensonges qui vise injustement Israël ».
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« Cher M. Richard,
Je vous écris très préoccupée suite à vos déclarations plus tôt dans la journée sur la possibilité d’un retrait d’Israël de la marque Orange.
Je dois avouer avoir été surprise par ces informations, qui ne me semblent pas raisonnables pour une entreprise de la taille d’Orange. Je suis confiante dans le fait qu’elles ne reflètent pas les intentions de votre compagnie. Je vous presse donc de clarifier cette question dès que possible.
Je vous exhorte à ne pas prendre part à l’entreprise de mensonges qui vise injustement Israël et attends avec impatience votre réponse.
Sincèrement, Tzippi Hotovely »
Ce jeudi 4 juin, l’opérateur a officiellement confirmé son retrait d’Israël. Orange, détenu à 25% par l’Etat français, a assuré que sa décision de cesser « à terme » ses activités en Israël n’avait aucune motivation politique.
D’après le porte-parole des Affaires étrangères d’Israël Emmanuel Nahshon, l’ambassadeur israélien à Paris a demandé des explications à l’Etat français. « Nous attendons des excuses de la part d’Orange », a-t-il précisé.
Orange n’a « en aucun cas vocation à prendre part à un débat politique »
« Orange est un opérateur qui a pour premier objectif de défendre et de valoriser la force de sa marque dans l’ensemble des marchés où il est présent. Il n’a en aucun cas vocation à prendre part, sous une quelconque forme, à un débat politique », a-t-il expliqué dans un communiqué. Il stipule qu’il respectera « strictement les accords existants ».
Orange et Partner sont liés par un contrat de licence permettant à la société israélienne d’utiliser la marque et l’image d’Orange en échange d’une redevance. Le contrat a été signé en 1998, deux ans avant le rachat d’Orange par France Telecom. Début avril, Orange a fait amender le contrat, jusqu’alors illimité, pour qu’il expire en 2025. Il s’agit du seul contrat de marque au monde entre Orange, présent dans 29 pays, et une entreprise qui n’est pas une filiale.
Pour l’instant, Israël attend toujours ses excuses…
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