Israël et les groupes armés palestiniens ont commis de possibles « crimes de guerre » lors du conflit à Gaza en 2014, estime un rapport d’enquête des Nations Unies publié lundi à Genève.
« La Commission indépendante d’enquête des Nations Unies sur le conflit à Gaza en 2014 a réuni des informations substantielles mettant en évidence de possibles crimes de guerre commis par Israël et par les groupes armés palestiniens », indique le rapport demandé par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
Le rapport dénonce « l’impunité qui prévaut à tous les niveaux » en ce qui concerne l’action des forces israéliennes et appelle Israël à « renverser son bilan lamentable » pour poursuivre des responsables. Il déplore également que les autorités palestiniennes aient « toujours échoué » à conduire devant la justice ceux qui violent les lois internationales.
Selon le rapporte, du côté palestinien, 1.462 civils, dont un tiers sont des enfants ont été tués, et côté israélien 6 civils ont été tués et environ 1.600 blessés par les roquettes palestiniennes. Avec les combattants il y a eu au total 2.140 tués chez les Palestiniens et 73 Israéliens.
Il y a eu une « forte augmentation » de la puissance de feu employée durant ce conflit, avec 6.000 frappes aériennes israéliennes et quelque 50.000 obus tirés par l’artillerie et les chars, les groupes palestiniens tirant 4.881 roquettes et 1.753 obus de mortier.
Israël s’est vivement opposé à la décision de demander ce rapport et n’a pas permis à la Commission d’enquête des Nations unies de se rendre sur place.
La commission s’est déclarée « préoccupée par l’usage extensif par Israël d’armes léthales sur un important rayon » autour de l’impact, et a également dénoncé le tir « indiscriminé » de milliers de roquettes par les Palestiniens visant à « répendre la terreur » parmi les civils israéliens.
Israël a rapidement réagi au rapport de l’ONU par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères qui a indiqué qu’il est « bien connu que l’ensemble du processus qui a conduit à la production de ce rapport a été politiquement motivée et moralement vicié dès le départ ».
« Nous prenons note du fait que les auteurs de ce rapport ont admis qu’ils manquaient de la plupart des informations pertinentes », a-t-il expliqué dans un communiqué.
Israël est en train d’étudier ce rapport mais celui-ci « a été commandé par une institution notoirement partiale (et) a reçu un mandat ouvertement partial ».
« Tout le monde sait bien que les motivations politiques et les failles morales ont entaché dès le départ l’intégralité du processus qui a conduit à la production de ce rapport », a ajouté le porte-parole des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon.
Il est regrettable que le rapport ne parvienne pas à reconnaître la profonde différence entre le comportement moral d’Israël lors de l’opération ‘Bordure protectrice’ et celui des organisations terroristes », a-t-il ajouté.
Israël qui a remis en cause l’impartialité de la Commission, a refusé de coopérer les enquêteurs de l’ONU.
Le Conseil des Droits de l’Homme avait annoncé en février qu’il allait poursuivre l’enquête en dépit de la démission du William Schabas.
Le dirigeant de la commission chargée par le Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies d’enquêter sur la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas l’été dernier avait été accusé de partialité après avoir travaillé en 2012 pour l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant que consultant, et avoir été payé 1.300 dollars pour avoir rédigé une note juridique.
L’Etat hébreu avait, au préalable, refusé de coopérer avec le professeur de droit international canadien, compte tenu de ses propos polémiques à l’encontre du pays et de son Premier ministre, Benyamin Netanyahou.
« Après la démission du président de cette commission au parti pris anti-israélien, le rapport en cours, à la demande du Conseil des droits de l’Homme – un organe anti-israëlien dont les décisions n’ont rien à voir avec le droit – doit être ignorer. C’est ce même Conseil qui en 2014 a pris plus de décisions contre d’Israël que l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord confondus », a déclaré Netanyahou après l’annonce de Schabas.
« UNE PERTE DE TEMPS »
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou avait déclaré la semaine dernière que la lecture du rapport de la commission d’enquête de l’ONU sur les « crimes de guerre » lors de l’opération Bordure protectrice à Gaza lors de l’été 2014, était une « perte de temps ».
Le Premier ministre a en revanche remercié le secrétaire du gouvernement, Avishai Mendelblit, pour la préparation du rapport israélien qui « est particulièrement important car Israël est victime d’une attaque sans précédent de délégitimation et nous sommes préparés à y répondre ».
« Ce rapport a été préparé depuis plusieurs mois en coopération avec les ministères de la Justice, des Affaires étrangères, Tsahal, le procureur général et d’autres responsables de l’armée ainsi qu’avec le Conseil national de sécurité. Ce rapport retrace dans quelles circonstances l’opération Bordure protectrice a débuté et quels étaient ses objectifs. Il fait état des crimes de guerre de la part du Hamas et des autres organisations terroristes, des menaces terroristes contre les citoyens israéliens », a déclaré Mendelblit.
« L’Etat d’Israël et Tsahal sont effectivement engagés par la loi internationale, même lorsque nous combattons contre des organisations terroristes qui violent délibérément ces règles. Je dois dire que ces obligations ne découlent pas de tel ou tel rapport ou de cette commission de l’ONU, mais du fait qu’Israël est une démocratie et un pays moral, avec des valeurs, qui opère dans le respect de la loi internationale », a répondu Benyamin Netanyahou.
Source: i24 News