«Imaginez que ce professeur, qui a rendu de tels services à ce site et à l’Histoire, a été décapité… et que son corps est toujours suspendu […] au milieu d’une place de Palmyre.» Maamoun Abdoulkarim n’en revient pas. Totalement éberlué devant le fait que le groupe radical Etat islamique (EI) ait décapité l’ancien et très respecté directeur du site archéologique de Palmyre, au centre de la Syrie. Le corps de l’octogénaire a en effet été suspendu ensuite à une colonne antique, a déclaré mardi soir le directeur des Antiquités syriennes.
Maamoun Abdoulkarim a exprimé son énorme désarroisur la page Facebook de cet organisme, où l’on ne compte plus les réactions de tristesse et de choc, dont ce commentaire définitif: «Animals, son’s of demon!!!!» Il a aussi précisé à l’agence Reuters tenir l’information de la famille du défunt. Khaled Assaad était âgé de 82 ans.
Mais il ne faut pas être dupe de ce nouveau forfait : l’Etat islamique provoque le monde occidental et veut le choquer jusqu’à l’ulcération. Ce, même si le meurtre de Khaled Assaad, dit un autre twitteur, ne signifie qu’une seule chose: «à quel point l’EI montre désespérément son désir de se montrer «pertinent». Un jour, leur tour viendra…»
Cet universitaire avait dirigé pendant cinquante ans le site des célèbres ruines romaines de Palmyre. Au fil des années, il avait été amené à travailler avec des archéologues français, américains, allemands. Et suisses, comme l’expliquait très bien Swissinfo en 2010 déjà. Il était détenu depuis un mois par le groupe djihadiste qui s’est emparé en mai de la ville du centre de la Syrie. Il aurait été exécuté mardi. «Khaled Assaad a veillé pendant cinquante ans sur Palmyre. Il était le gardien de notre histoire.
Un jour, Daech est venu…»: un observateur du conflit syrien, archéologue et humanitaire, a aussi exprimé son immense tristesse sur son compte Twitter et publié cette image:Le site Dimpenews retrace la carrière du brillant homme, via les informations fournies par le Ministère syrien de la culture. Il avait «commencé sa carrière à la Direction générale des antiquités et des musées en 1963 en tant que directeur des antiquités de Palmyre et a été tout au long de son mandat professionnel une source d’inspiration et de dévotion jusqu’à sa retraite. […] Il est connu pour ses nombreux travaux académiques et publications.» Avec un tel bilan, sur Twitter, des voix se sont également exprimées pour se demander ce que l’homme «avait fait de faux pour mériter la peine de mort»:Depuis le 21 mai, l’Etat islamique (EI) contrôle la totalité de la cité antique de Palmyre.
Les djihadistes y ont notamment détruit deux anciens mausolées islamiques, ainsi que la fameuse statue du Lion d’Athéna, haute de trois mètres. Et l’Unesco s’est déjà alarmée à maintes reprises à propos des dangers qui menacent ces trésors de l’humanité.