Les animaux malades de …
Jean de La Fontaine résumait, en ces termes, l’ordre ancien, celui auquel la grande révolution française prétendait définitivement tordre le cou : « selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous ferons blancs ou noirs ».
Ces temps sombres seraient-ils revenus ?
J’appartiens à cette génération d’enfants d’ouvriers qui reçurent, en classe de 6ème, 5ème, 4ème, un enseignement destiné à instruire le petit peuple, le peuple des futurs ouvriers et boutiquiers, le peuple des paysans travaillant dur et sans outillage mécanisé.
On apprenait alors les classiques par cœur. On apprenait Jean de La Fontaine, mais aussi Molière et Racine, Corneille et Boileau, et d’autres auteurs…
Pour revenir à la fable, l’actualité matinale,- que je reçois chaque jour et dont je prends connaissance en me levant (grandeurs et servitudes du « connecté »)- m’y a replongé ; elle m’y a replongé, en me faisant regarder quelques photographies d’une manifestation qui a eu lieu cette semaine en Israël, celle des Bédouins du village de Bet Zarzir dans le nord d’Israël.
Ces autochtones d’Israël, -dont certains seraient (selon leurs propres traditions) des hébreux, des Juifs contraints à la conversion musulmane- sont venus manifester pacifiquement, avec leurs enfants.
Ces « Palestiniens », ou ces « arabes » israéliens, -pour employer le langage convenu utilisé par les médias- ont dit simplement ceci : Non ! Non à la violence ! Non aux assassinats au poignard et à la voiture bélier ! Paix ! Oui, oui à la Paix entre Arabes et Juifs ! Paix entre nous, tous les habitants d’Israël !
Elle aurait dû plaire aux défenseurs de la paix, cette manifestation pacifique. Mais ça n’a visiblement pas été le cas.
Elle n’a pas été couverte par les centaines et centaines de correspondants de presse et de chaînes télévisées toujours à l’affût du moindre évènement israélien.
Des participants, à une manifestation non violente, peuh !!! ça n’intéressaient visiblement pas nos correspondants de presse ; et pour cause : les manifestants Bédouins ne disaient pas : les Juifs sont des méchants ! Ils ne scandaient pas : « à mort les Juifs ! Dehors les Juifs, qui « tuent » nos enfants et volent notre terre, «qui polluent de leurs pieds sales et de leur souffle satanique notre lieu saint le plus sacré après la Mecque*».
Ils n’envoyaient, ni pierres ni roches acérées assassines, ni projectiles incendiaires ; ils étaient là, pacifiquement, simplement et paisiblement rassemblés avec de jeunes enfants ; ils brandissaient le drapeau bleu et blanc marqué de l’étoile de David. Ce drapeau étaient déjà celui du pays, auprès de la société des nations, lorsque le pays s’appelait « Palestine mandataire » et représentait, -de la mer au fleuve Jourdain-, une petite moitié de toute l’ancienne Judée appelée Palestine (Foyer national du peuple juif par la SDN, partagé par l’autorité mandataire britannique afin de constituer le royaume Hachémite destiné à compenser la perte de la Mecque par l’Emir des lieux, le futur Roi Abdallah qui avait lancé la révolte arabe contre les Ottomans).
Cette manifestation de Bédouins paisibles appelait à la vie commune ; elle défendait ce « vivre ensemble » ; ce vivre ensemble qui est devenu un des dogmes obligatoires en Europe, même lorsqu’il s’agit de « vivre ensemble » avec des personnages inquiétants venant en Europe, à vos frais, avec la volonté, même pas cachée, d’y importer l’ordre de Daesh/Al Nosra (comme tant d’éléments matériels et de témoignages en attestent).
Mais, en Israël, scander dans la rue, « vivre ensemble », ce n’est pas bien…
Vivre ensemble, il ne faut pas le dire, surtout si l’on est Druze ou Bédouin.
Cela ne plaît pas à l’Agence France Presse, et irrite souverainement ses relais médiatiques et politiques (tel l’ancien premier ministre François Fillon).
Paradoxalement, cette manifestation hautement symbolique, révélatrice des pensées profondes de beaucoup, sinon de la majorité en Israël, ne devait pas avoir existé : AFP et tutti quanti ne l’ont pas relayée ; France 2 et autres n’en ont pas eu connaissance.
Nous revenons sous cet ordre ancien, sous lequel l’arbitraire était trop souvent la norme.
Et l’on en revient à Monsieur le fabuliste et à son réquisitoire, ce qui nous autorise à dire : selon que vous êtes un Palestinien ou un arabe, un jeteur de blocs de pierre ou de bouteilles incendiaires, un tueur au poignard ou à la batte de Base ball, un écraseur de piéton à la voiture bélier ou un Druze, un Bédouin refusant la déchainement des tueries et affirmant clairement vouloir vivre en paix avec les Juifs vos plus ou moins proches voisins, les jugements de cour, -ici les reportages des agences de presse et leurs relais dans les médias et chez trop de politiques-, vous feront blancs ou noirs.
Si vous tuez, vous êtes une victime qui s’est rebellée, d’elle-même, vigoureusement, contre l’injustice sioniste, vous êtes même un révolutionnaire admirable
Si vous condamnez les meurtres, qui ne sont qu’un outil d’importation de l’ordre fanatique et totalitaire du Hamas (Hamas concurrencé en cela par Daesh/Al Nosra), si vous revendiquez le vivre ensemble – devenu le dogme obligatoire ici pour faire accepter de vivre autrement que nos devanciers- vous n’existez pas ; si on reconnaît votre existence c’est pour dire que vous êtes probablement un infiltré du Mossad, donc un méchant et louche personnage, un mauvais, un être perverse, un malfaisant cherchant à duper le bon peuple de France et d’ailleurs, en venant porteur d’enfants, de pancartes écrites avec des slogans pacifiques et des petits drapeaux israéliens.
Avec nos médias, « les animaux malades de la peste » sont revenus
En 2015, deux cent vingt années après la mort du merveilleux et si vrai Jean de La Fontaine, Les boucs émissaires sont de retours. Avec nos médias, « les animaux malades de la peste » sont revenus, avec le système d’ancien régime de comptabilité double applaudissant ici des vertus ou des non-fautes, dénonçant là des fautes voire des crimes, pour les mêmes actes ou pour pas d’actes du tout (des actes criminels inventés).
Alon Gilad, le 16 octobre 2015
* La pollution du « troisième lieu saint de l’islam par les pieds sales des Juifs est une trouvaille intellectuelle et politique de Mahmoud Abbas.
C’est ce curieux pacifiste qui a donné cela en pâture aux assassins, en tant que mobile pour aller casser et tuer du Juif, en s’exprimant publiquement.
Cet ancien doctorant à Moscou, pour une thèse prétendant à l’inexistence de la shoah*2, est champion du vivre ensemble en France et partout dans le monde, sauf sur la terre d’Israël et de la future « Palestine ».
Cela n’empêchera pas la ville de Paris de l’inviter il y a quelques jours, et deux de ses élus tomber en pâmoison en lui remettant une médaille d’honneur d’homme de paix (on le voit, chez lui le mot paix veut dire : guerre de chaque instant, assassinat de passants de tout sexe et tout âge).
« Défendre les lieux saints de l’islam » : un ami le relevait : les autorités saoudiennes ont dévasté la Mecque ; elles l’ont bouleversé en la traitant comme Ceausescu a traité Bucarest. Leurs travaux pharaonesques ont provoqué nombre de morts d’hommes et de femmes, et peut-être d’enfants. Elles ont fait disparaître ce qu’il restait de la bourgade chamelière.
Vous en avez vu et entendu, vous, des manifestations pour la « défense du Premier lieu saint de l’islam » et contre la mise en péril de la vie des pèlerins ?
Ici, en Israël, dans la ville où le recensement fiscal ottoman de 1844 attestait déjà une majorité de Juifs habitant la vieille ville, selon un rapport de 1 à 2 par rapport à l’élément « arabe » musulman et où, 99 ans plus tard il était de 1 à 6 (42000 Juifs pour 7200 musulmans), le troisième lieu saint consistera à laisser crouler les deux édifices religieux édifiés par le conquérant arabe au 7ème siècle de l’ère actuelle (un lieu saint réduit à dix rues et à quelques ruelles et venelles, selon le décompte de Chateaubriand en 1806).
En 1695, le rapport était de 10 pour un en faveur de l’élément juif. Et lorsque MHMD parlera d’une « mosquée lointaine » (les ruines du Temple de Salomon), les Juifs et les Samaritains formaient une partie notable de la population de Jérusalem, puisqu’ils pourront y organiser une révolte contre l’autorité gréco-romaine byzantine. Le troisième lieu saint, -dont la prétendue pollution par les pieds sales des Juifs a produit l’appel au meurtre de Mahmoud Abbas et les assassinats en série-, n’était pas encore lieu saint ; enfin il l’était, mais seulement pour les Juifs et pour les pèlerins chrétiens.
Les Juifs osent y mettre les pieds, sur l’esplanade du Temple de Salomon requalifié en esplanade des Mosquées ; ils osent parfois y murmurer une prière interdite, dire un mot ou faire une observation, haro ! de ce fait ils deviennent de sauvages colons, des « judaïsateurs », des criminels qu’il faut tuer, traquer sans relâche ni remord. Tel est le fait déclencheur de la vague d’assassinats de Juifs d’Israël. Ce fait, cette cause fanatique, il faut, dans les médias sans conscience, la camoufler en révolte, en assassinats en réaction aux check-point. Cette semaine, les autorités ont montré tout ce avec quoi voyagent les jeunes gens humiliés… ce n’étaient pas des fleurs qu’ils avaient dans leurs poches et leurs sacs à dos, c’est le moins qu’on puisse dire.
.*2 Il fallait une certaine impudence, couplée peut-être à une ignorance crasse, pour s’en venir en URSS écrire une thèse de doctorat niant le génocide des Juifs entre 1941 et 1945 et l’ampleur des tueries méthodiques dont ils furent victimes, sachant que sur le territoire de l’ex URSS, ceux de la Roumanie et de la Pologne orientales : ce sont pas loin de 1,8 millions de Juifs qui seront emmenés au bord de fosses, pour y être fusillés à bout portant, les hommes, les femmes, les vieillards, les enfants, et les bébés dans les bras des mères.
Voici qui est le doctorant de l’ère brejnévienne que notre bonne ville de Paris a tenu à honorer, et qui invite régulièrement à tuer du Juif, rivalisant sur ce plan avec le Hamas, Daesh et Al Nosra…
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