Tsahal emploie le pouvoir de persuasion pour dissuader le prochain terroriste solitaire
Tsahal emploie le pouvoir de persuasion pour dissuader le prochain terroriste solitaire
Ron Ben-Yishai accompagne le commandant de la Brigade Etzion en visite à Beit Ummar près Hebron, durant laquelle il utilise la persuasion sur une famille palestinienne pour empêche les jeunes de se décider à mener une attaque.
Tsahal est très préoccupé par ce qui se passe au carrefour et il y a ceux qui exigent une totale séparation entre les Palestiniens et les Juifs à cet endroit. Mais le Commandement Central ne veut pas porter atteinte à la façon de vivre des Palestiniens et des résidents Juifs au-delà de ce qui lui semble nécessaire.
La grande majorité de ceux qui résident dans le Goush Etzion voudraient vivre en bonne coexistence avec les Palestiniens et, avec le soutien du gouvernement, ils ont bien l’intention de rester au sein de leur communauté, dans tout accord sur le conflit, qu’il soit négocié ou unilatéral.
Tsahal a Beit Ummar durant la nuit (Photo: IDF spokesperson)
Une séparation complète entre eux et leurs voisins est, par conséquent, l’aveu d’un échec et infligerait un grave revers au moral et au sentiment de sécurité des résidents juifs du Goush Etzion. De l’autre côté, les attaques au couteau et et à la voiture-bélier se poursuivent. Tsahal a, par conséquent, décidé comme en dernier recours, de stationner des forces spéciales d’élite disposant de capacités extraordinaires à ce carrefour : le Maglan. Ils travaillent dans le but d’identifier les assaillants avant qu’ils n’atteignent la proximité du leiu de vie de leurs victimes.
Le Colonel Gofman affirme « qu’il est possible de localiser le terroriste solitaire avant qu’il n’ait pris la décision finale de poignarder quelqu’un ou de l’écraser et de le stopper. Cela requiert deux choses : localiser l’attaquant potentiel et ensuite mettre la pression sur lui ou le persuader de ne pas mener son attaque. Dès qu’il a décidé de passer à l’attaque, il est très difficile de le stopper ».
C’est une nouvelle approche créative et presque révolutionnaire. Après un remue-méninges intensif au Commandement Central, ils affirment maintenant qu’on peut détecter par avance un terroriste solitaire potentiel. Il y a suffisamment d’indicateurs- il n’y a plus qu’à aller les chercher dans des endroits où nous n’allions pas jusqu’à présent.
Une tentative d’exercer un levier de pression
Il y a une faible distance en voiture depuis le carrefour du Goush Etzion jusqu’à la ville palestinienne de Beit Ummar. Alors que nous approchons de la ville, il est environ 3h 30 du matin et les travailleurs qui travaillent en Israël boivent déjà le café dans un bar de nuit. Deux minutes de plus et nous sommes à l’entrée de la ville qui est bien connue parmi les forces de sécurité – un homme qui a commis une attaque à la voiture-bélier, vendredi dernier, Omar Arafat al-Zaaqiq, vivait là.
Les forces de Tsahal conversant avec une famille de Beit Ummar (Photo: Ron Ben-Yishai)
Une grande casemate sert de poste de sécurité à l’entrée de la ville. Les soldats inspectent tous les véhicules avant qu’ils ne rejoignent la route 60,la principale route menant à l’extérieur de la ville. C’est la même chose dans les autres villages de la zone. Le but est d’empêcher des attaques contre des voitures israéliennes qui partagent cette route avec les Palestiniens.
Le Colonel Gofman a, sans doute, décidé de me montrer Beit Ummar à cette heure inhabituelle, puisque c’est à ce moment-là que Tsahal emploie sa méthode pour mettre la pression sur les assaillants solitaires potentiels afin de les empêcher de prendre la décision fatale. Gofman l’appelle « le verrouillage de la cible ».
Ceci est mis en oeuvre par le Bataillon Shimshon de la Brigade Kfir, dont les combattants font chemin vers les adresses d’un peu moins de 20 terroristes solitaires potentiels identifiés dans le village. Les soldats vont d’une adresse à l’autre, frappent à la porte – si possible sans crier et en rangeant leurs armes – et entrent. Puis, le levier de pression et de conviction commence.
La plupart des jeunes qui lancent des pierres et des cocktails-Molotov sont arrêtés. Ils ne restent pas en prison longtemps,mais le but est de les dissuader de recommencer.Même au cours des enquêtes, on fait un effort pour les persuader de ne pas commettre d’autres attaques similaires.
Soldat de Tsahal au carrefour de Gush Etzion (Photo: Reuters)
L’expérience démontre que ces discussions, avant qu’un terroriste potentiel ne réalise son plan, ont beaucoup d’influence. Dans le cas de ceux qui n’ont pas encore agi et qui n’ont pas de casier judiciaire, les discussions de Tsahal avec les parents et la famille, en leur expliquant les conséquences potentiellement graves de telles actions.
J’ai été témoin de ce genre de discussions dans la maison de la famille Mar’i, qui sont riches et influents dans le village. Un soldat en uniforme portant un masque de ski demande en arabe courant : « Combien d’enfants avez-vous? Que font-ils? ».
‘Nous voulons voir l’enfant revenir de l’école à la maison‘
Les membres de la famille, réveillés à 4 h du matin, disent ce que vous vous attendiez à les entendre dire : « Tous les agitateurs et les agresseurs sont déjà en prison, nos enfants n’ont rien à voir avec eux ». Les femmes et les jeunes enfants sont envoyés dans une autre pièce et alors commence la conversation directe entre hommes. « Soyez prudents, On a vu vos enfants. Ils sont impliqué&s dans des activités qui vous mettent en danger et qui les mettent eux-mêmes en danger. Assurez-vous vraiment qu’ils ne se jettent pas dans les embrouilles ».
Lorsque nous sommes partis, le Colonel Gofman m’a dit : « Les familles palestiniennes, même celles qui distribuent des bonbons après les attentats, ne veulent pas que leurs enfants commettent un suicide. La plupart d’entre elles sont comme ça. La plupart veulent revoir leur enfant rentrer à la maison après l’école, ou le jeune fils retrer à la maison du travail, aussi ils ont par conséquent beaucoup d’influence grâce à laquelle nous essayons d’agir ».
« Vous mettez la pression, en les menaçant de démolir la maison? » Ai-je demandé. Gofman n’a pas été trop rapide à répondre. « Comment localisez-vous les attaquants potentiels », lui ai-je demandé à la place.
Il a répliqué : « Tout agresseur laisse des soignes, longtemps avant de décider de devenir un martyr. Il nous suffit de relever ces signaux à partir de toutes les sources possibles : le Shin Bet, les réseaux sociaux et bien d’autres choses qui puissent pointer dans la direction d’une jeune personne âgée de 16 à 25 ans comme étant un agresseur terroriste potentiel ».
Gofman a réfléchi un bon moment avant d’ajouter : « Dans les périodes antérieures les terroristes voulaient tuer des Juifs et certains voulaient devenir des martyrs à travers leur geste. Actuellement, ils veulent devenir des martyrs et s’ils y parviennent, tuer un couple de Juifs en accomplissant cela, alors c’est encore mieux. D’une façon ou d’une autre, ils seront acclamés et obtiendront un statut au sein de la société palestinienne. Ils sont la cible d’une incitation qui vient de toutes les directions à la fois. Les attaques solitaires sont le résultat d’un cercle vicieux dont l’essence est l’imitation et l’inspiration ».
Cette analyse est probablement juste. La question est de savoir si Tsahal saura comment briser ce cercle vicieux et restaurer le calme, aumoins durant un moment, jusqu’à la prochaine vague terroriste. S’occuper des terroristes individuels est, actuellement, le principal défi de Tsahal en Judée-Samarie.
Publié le : | 08.12.15, 18:17 |
Ron Ben-Yishai