Les responsables à Jérusalem ne le reconnaîtront jamais officiellement, mais ils apprécient vraiment de constater qu’Erdogan et les Turcs commencent à avoir des sueurs froides
Des responsables d’Israël à Erdogan : « Arrêtez de dire des absurdités sur le « Blocus » de Gaza.
Jérusalem a évacué d’un revers de main le clin d’oeil d’Erdogan à des relations plus chaleureuses, en disant : « Nous avons déjà présenté des excuses et payé des indemnités, la balle est dans leur camp ».
« La région aurait beaucoup à gagner de la normalisation des relations turco-israéliennes », a déclaré le Président Tayyip Erdogan, mardi. Selon Debkafile : la Turquie et Israël aurait tranquillement lancé les enchères autour des champs de gaz d’Israël. Erdogan, « tout d’un coup », s’avoue en faveur d’un réchauffement des liens avec Israël, pour tenter de se placer comme intermédiaire dans la circulation de ce gaz israélien. C’est ce qui ressort, en tout cas d’un long article publié le 8 décembre par le quotidien turc Sabah, qui révèle que le nouveau Chef du Mossad Yossi Cohen aurait été profondément engagé dans les négociations avec Ankara, en vue d’un éventuel accord, du temps de son poste de Conseiller à la Sécurité Nationale.
Un tel processus de négociation aussi sensible n’a pas encore été révélé au public israélien, parce que les médias locaux sont dominés par les revendications des politiciens de l’opposition de gauche qui n’ont de cesse de prétendre que les ressources de gaz au large des côtes n’auraient aucun client étranger potentiel.
Israël a, en tout cas, officiellement évité de diffuser une réponse à l’allusion d’Erdogan, le Président turc, à des relations plus chaleureuses entre les deux pays, ce lundi. Les responsables à Jérusalem ne le reconnaîtront jamais officiellement, mais ils apprécient vraiment de constater qu’Erdogan et les Turcs commencent à avoir des sueurs froides (à cause de plusieurs dossiers militaires et énergétiques en cours).
« La balle est dans leur camp. Nous avons présenté des excuses et nous étions prêts à payer des indemnités. Il devrait arrêter de dire des absurdités sur la levée du blocus de Gaza, parce que la Turquie sait pertinemment que ce n’est pas près d’arriver, et nous n’avons pas, non plus, envie de payer encore et toujours plus pour parvenir à une pseudo-normalisation », ont expliqué des responsables à Jérusalem.
Les responsable de la diplomatie disent que, depuis le déclenchement des tensions concernant l’avion russe abattu par les F16 Turcs, il semble qu’Ankara cherche à normaliser ses relations avec Israël et que, d’autre part, les Turcs sont très intéressés par l’accord qui verrait Israël mettre sur pied un pipeline à partir de ses champs gaziers vers la Turquie et d’autres destinations dans le monde.
La Turquie, comme l’envisagent certains responsables en Israël, pense qu’une rare opportunité se présente qui permettrait de mettre un terme au conflit entre les deux pays et d’ouvrir une nouvelle ère entre eux deux. Les Turcs sont complètement isolés : ils ont réussi à s’aliéner Assad, Poutine et le Président égyptien El-Sissi.
(צילום: AP)
Concurremment, les Turcs lisent avec une inquiétude décuplée les reportages étayant les relations croissantes d’Israël avec les Grecs, les Chypriotes et l’Egypte au sujet de cet accord gazier. Il est prévu que le Premier Ministre Binyamin Netanyahu soit l’hôte d’un sommet organisé avec ses homologues grecs et chypriotes le mois prochain, qui tournera autour des questions en suspend de cet accord gazier, et du choix éventuel d’installer un pipeline qui conduira ce gaz d’Israël vers Chypre et la Grèce avant d’aboutir en Europe.
Les Turcs comprennent que s’ils ne réagissent pas très vite, ils vont perdre à la fois la ressource de ce gaz naturel d’Israël et toute possibilité de renouer dans un avenir pas trop éloigné tout lien stratégique, soulignent les responsables à Jérusalem.
Mais comme dans un bazaar turc, les Turcs n’offrent aucun cadeau pour rien et pensent encore qu’ils peuvent tirer sur la corde et pousser Netanyahu dans ses retranchements. Ceci même après avoir reçu une excuse officielle à propos des « incidents » du Mavi Marmara en mars 2013 et un engagement d’indemnités s’élevant à 20 millions de $ pour les familles des « victimes » (NDLR : les agents terroristes de l’IHH, que le Juge Bruguière en France assimile à al Qaïda et qui sont les relais dans le monde des services secrets turcs -le MIT- notamment dans le deal de Captagon). Ils tentent vraiment d’arracher une déclaration officielle de plus de la part d’Israël, qui verrait Jérusalem promettre de « mettre fin au blocus de Gaza [-conjoint avec l’Egypte]. Les responsables de Jérusalem, pour leur part, disent que les Turcs peuvent « faire une croix dessus » (loublier).
Ces derniers jours, les rumeurs ont abondés disant que Netanyahu aurait délégué un envoyé en Turquie dans le but de conduire des négociations visant à normaliser les relations. Ces propos se sont répandus vendredi, prétendant quele directeur-Général du Ministère des Affaires étrangères Dore Gold se serait envolé pour Ankara afin d’y tenir des pourparlers secrets avec le Ministre turc des Affaires étrangères. Mais cette rumeur s’est rapidement évanouie, quand on s’est aperçu qu’au même moment, Gold faisait son shopping pour Shabbat à Jérusalem.
(צילום: דוברות הכנסת)
Autant le bureau du Premier Ministre que le Ministère des Affaires étrangères ont démenti qu’un envoyé soit parti en Turquie,mais Netanyahu lui-même a déclaré au cours d’un débat entourant l’accord de gaz à la Knesset, qu’il avait bien l’intention d’envoyer des représentants en son nom autant en Turquie qu’en Egypte, afin de discuter de cet accord.
Les compagnies israéliennes et turques d’énergie font pression sur les politiques des deux pays pour qu’ils tirent partie de cette opportunité et normalisent les relations. On comprend fort bien des deux côtés qu’une des facettes déterminantes de la rupture des relations entre la Russie et la Turquie concerne d’abord et avant tout le marché de l’énergie. La Russie est le plus grand fournisseur de gaz de la Turquie et a menacé d’interrompre ses livraisons. La Turquie perçoit Israël comme une ressource de gaz fiable et disponible, et cela représente une occasion rare de mettre fin aux tensions une fois pour toutes.
Les hommes d’affaires israéliens qui sont impliqués dans ces tractations affirment que : « Les Turcs se languissent de mettre un terme à ce conflit avec Israël et vont de l’avant en faisant des propositions, au sujet de la question du gaz ». Même le gouvernement américain a bien repéré et souligné ce potentiel (de sortie de crise) et exhorté Netanyahu et Erdogan à se lancer dans une résolution diplomatique et à renforcer leurs relations… .
On a aussi révélé que les Américains ont fait pression sur le Ministre de l’énergie Yuval Steinitz afin qu’il assiste à un sommet sur l’Energie à Istanbul le mois dernier, auquel Erdogan était aussi supposé assister. Ceci dit, Steinitz, qui sur le principe dit n’avoir rien contre l’idée de vendre du gaz à la Turquie, n’a jamais mis les pieds à ce colloque.
Itamar Eichner
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