A la dernière minute, l’Iran refuse de remplir ses obligations en vertu du JCPOA. Selon l’accord, c’est désormais au tour de l’Iran de respecter des obligations spécifiques, et une fois que l’AIEA confirmera que cela est chose faite, l’Occident prendra des mesures pour alléger ou suspendre certaines sanctions. [1]
Cependant, l’Iran exige à présent d’opérer un changement essentiel à l’accord : les États-Unis doivent lever d’abord les sanctions et alors seulement, l’Iran respectera ses obligations.
Lors d’une interview du 18 décembre 2015 au New Yorker, le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif a déclaré que certaines questions politiques doivent encore être résolues, allusion aux sanctions, avant que l’Iran ne respecte ses engagements. Il a ajouté que l’Iran « ne démantèle rien, mais désinstalle seulement certaines centrifugeuses et reconstruit le réacteur d’Arak ».
Extraits de l’interview : [2]
Où en est l’accord nucléaire iranien ? Quel est votre calendrier pour achever les étapes annoncées de démantèlement dans le cadre du programme ?
Zarif : Nous ne démantelons rien. Nous désinstallons certaines centrifugeuses et reconstruisons le réacteur d’Arak, le modernisons… [3] Les autres activités que nous devons mener à bien ne prendront pas plus de quelques jours, moins de deux semaines.
Y a-t-il une date prévue pour l’application [de l’accord] ?
Zarif : Eh bien, nous devons encore résoudre quelques problèmes politiques… L’autre partie a des obligations et nous devons nous assurer qu’elles seront respectées avant d’entamer l’étape finale de notre mise en œuvre… Ainsi, une fois celles-ci finalisées, nous entamerons les mesures concrètes à appliquer de notre côté. Donc, je ne parle pas de deux semaines à partir d’aujourd’hui. Je parle de deux semaines à compter du moment où nous résolvons toutes les difficultés.
Quels sont, selon l’Iran, les défis restants avant l’application [de l’accord] ?
Zarif : Je pense que le défi le plus important restant est cette mentalité à Washington selon laquelle les sanctions étaient un atout, et certaines personnes veulent même trouver un prétexte pour les maintenir ou une excuse pour les réintroduire. J’ignore s’ils ont regardé le rapport sur la façon dont les sanctions produisent effectivement exactement l’inverse de leur objectif.
Environ une trentaine de sénateurs ont écrit une lettre au président, l’appelant à ne pas lever les sanctions.
Zarif : Ils ne veulent pas que le président accepte le plan global d’action conjoint en premier lieu. Plus d’une trentaine de membres de notre parlement refusent que nous appliquions le JCPOA. Donc, je pense que nous sommes à égalité.
Notes :
[1] Voir MEMRI en français, L’Occident allègera-t-il les sanctions même si l’Iran ne remplit pas ses obligations découlant du JCPOA ?, 22 décembre 2015.
[2] Newyorker.com, le 18 décembre 2015.
[3] Tous les points de suspension figurent dans l’interview originale.