Erdogan menace l’Europe!
Musclées, les menaces du président turc Recep Tayyip Erdogan face aux responsables européens que sont Jean-Claude Juncker et Donald Tusk! On se croirait à Munich en 1938 quand Adolf Hitler avait « exposé ses vues » à Daladier et Chamberlain…
C’était à Antalya, la station balnéaire du Sud de la Turquie, le 16 novembre 2015, après le sommet du G20. Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker et le président du Conseil, Donald Tusk se sont fait traiter brutalement par Erdogan qui les a menacés « d’inonder l’Europe de migrants si l’Union européenne n’aidait pas mieux Ankara à affronter la crise migratoire »!
C’est le site d’informations financières grec, euro2day.gr qui l’a révélé en donnant des extraits des minutes confidentielles de la réunion. Le black-out de l’équipe de communication de la CE sur le sujet avait été total lors des conférences de presse.
L’arrogance d’Erdogan vis-à-vis de l’Europe est sans limites : « nous pouvons à tout moment ouvrir nos portes vers la Grèce et la Bulgarie et mettre les réfugiés dans des cars (…) Que ferez-vous alors de ces réfugiés s’il n’y a pas d’accord? Vous allez les tuer? », a lancé, aux responsables européens, le président turc en réclamant six milliards d’euros sur deux ans au lieu des 3 annoncés.
Quand Jean-Claude Juncker répond que l’UE ne peut proposer que trois milliards d’€, Erdogan lui renvoie, cinglant : « de toute façon, la Turquie n’a pas besoin de cet argent. » Juncker et Tusk se font interrompre, accuser de chercher à tromper la Turquie et de lui manquer de respect.
« Le Luxembourg, ça correspond à peine à une petite ville de Turquie », lance-t-il à l’ancien Premier ministre luxembourgeois, affaibli par ses casseroles fiscales (la non-taxation des multinationales par le Luxembourg). Il est vrai que la Turquie compte 80 millions d’habitants, autant que l’Allemagne, premier pays d’Europe en nombre d’habitants. Erdogan avait aussi jeté que la Grèce avait obtenu 400 milliards des autres états membres de l’union et que l’Europe pouvait payer.
Dans un communiqué, l’eurodéputé grec Miltos Kyrkos, du parti centriste To Potami (la rivière), a réclamé que la Commission européenne confirme ou infirme les propos rapportés par la presse.
« Si ce dialogue entre des dirigeants de l’UE et le président turc est vrai, on nous cache des choses sur l’accord conclu entre Ankara et l’UE », écrit-il. On peut avoir des craintes dans la mesure où l’on sait maintenant que la Commission a volontairement retardé la publication du Rapport (peu glorieux) sur les progrès de la Turquie après les élections. C’était une demande expresse d’Erdogan. Voilà comment on manipule les opinions…
La crainte est que les fonds européens soient simplement versés à la Turquie, sans certitude que cela aboutira à la construction de camps de réfugiés, d’écoles et en aide matérielle aux réfugiés syriens (en ce compris les réfugiés kurdes). On chuchote à la Commission que les fonds pourraient être attribués aux entreprises de construction liées à la famille Erdogan.
Lors de cette « conversation », Erdogan avait aussi directement lié la question des réfugiés syriens et du passage des migrants à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Il exigeait l’ouverture des fonds européens prévus pour accompagner l’adhésion et pas de vagues promesses.
En se laissant injurier par Erdogan, Juncker ajoute au discrédit complet de « sa » Commission et de l’Europe sur le plan international. Par contre, la mainmise et le prestige d’Erdogan dans la Région s’en voient renforcés. Il n’y a que l’Ours russe qui ose s’opposer fermement au nouveau sultan.
L’UE et Ankara ont finalement conclu, le 29 novembre, un accord mais samedi dernier le commissaire européen à l’Elargissement, l’autrichien Johannes Hahn, a jugé que la Turquie devait au plus vite démontrer qu’elle est capable de réduire fortement le nombre de migrants qui arrivent en Grèce, sans quoi les pressions en faveur du rétablissement des frontières européennes ne vont cesser de croître.
Cette déclaration de la Commission est soutenue par les Pays-Bas qui assument la présidence de l’Union. Mark Rutte, le Premier néerlandais a proposé, dès son entrée en fonction, de renvoyer immédiatement en Turquie les migrants qui débarquent en Grèce.
Jusqu’à quand l’Europe de Merkel et de Juncker va-t-elle laisser Erdogan dicter la politique européenne en matière de migration et faire son chantage à l’entrée de la Turquie dans l’UE? Dès octobre, les Turcs auront libre accès en Europe, sans visas…
L.R.
Le chantage d’Erdogan sur l’EU
http://www.euro2day.gr/news/economy/article/1397081/hontro-paihnidi-sth-plath-ths-elladas.html
