Dans un récent article, je posais la question : le FBI ayant constaté qu’Hillary Clinton a fait preuve d’une« extrême imprudence dans sa gestion d’informations confidentielles et top secrètes », peut-elle encore recevoir les autorisations nécessaires pour consulter les secrets d’Etat et les informations top secret ?
Si Clinton devient présidente, elle devient commandante en chef des Armées, et à ce titre, elle doit posséder le niveau le plus élevé d’accréditation. Mais ce genre d’autorisations n’est pas donné à la légère. De minutieuses enquêtes sont menées. Et le directeur du FBI a été clair : les personnes coupables d’extrême imprudence reçoivent des sanctions administratives et leurs accréditations révoquées, a-t-il expliqué.
Lors de son audition devant la Chambre des représentants du Congrès, que j’ai suivi en direct, James Comey a précisé qu’il ne recruterait jamais sous ses ordres une personne qui s’est rendue coupable de telles fautes, et il a été amené à reconnaître que Hillary Clinton a même fait pire que tout ce qu’on savait jusqu’à présent, et qu’il a omis de détailler lors de sa conférence de presse : elle a transmis des informations confidentielles à des personnes qui n’avaient aucune accréditation du Secrétariat d’État pour les recevoir, à savoir ses avocats qui ont lu ses emails pour les trier.
La réaction ne s’est pas fait longtemps attendre.
Deux sénateurs, John Cornyn (républicain du Texas) et Cory Gardner (républicain du Colorado) ont introduit un projet de loi, jeudi dernier, destiné à faire retirer à Hillary Clinton ses accréditations de sécurité, et ils ont été rapidement rejoints par des députés qui considèrent qu’elle est inapte à traiter des informations classifiées top secret.
« Quand des individus commettent une faute dans le traitement des informations les plus sensibles du pays, et mettent en danger la sécurité nationale, on ne doit pas leur confier d’aussi importantes responsabilités, » a déclaré Cornyn dans un communiqué de presse.
On pourra indéfiniment accuser la droite américaine de monter en épingle cette affaire pour lui donner une dimension politique et faire échouer Clinton en novembre. Bien malhonnête celui qui soutiendrait que l’idée n’est pas dans la tête de chaque républicain.
Mais bien malhonnête aussi celui qui refuse d’entendre ces mots du chef du FBI :
« Hillary Clinton avait l’habitude d’envoyer et de recevoir des emails alors qu’elle voyageait dans des pays étrangers équipés de moyens technologiques de surveillance sophistiqués, et il est possible que des acteurs hostiles aient eu accès au compte email personnel d’Hillary Clinton », étant donné qu’il n’était pas sécurisé.
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John Cornyn fait donc écho aux déclarations du directeur du FBI.
Et le projet de loi ne vise pas que Clinton, mais aussi tous ses proches collaborateurs.
« Si compte tenu de ses découvertes, le FBI ne recommande aucune action, le Congrès le fera. A minima, la Secrétaire d’Etat Clinton ne devrait plus avoir accès à des informations confidentielles, et notre projet de loi va s’en assurer, » a déclaré Gardner.
Le chef du Parti républicain à la Chambre des représentants Paul Ryan a écrit une demande officielle en ce sens au directeur des services du renseignement James Clapper.
Le projet de loi Gardner-Cornyn s’intitule « Taking Responsibility Using Secured Technologies Act », ou « TRUSTA » (confiance).
Le département d’État a rouvert son enquête
Le département d’État a décidé de rouvrir l’enquête qu’il avait entamée sur le scandale des emails d’Hillary CLinton, afin d’envisager des sanctions administratives, rapporte Associated Press.
Le porte-parole du Département, John Kirby, a déclaré : les anciens officiels peuvent encore recevoir des « sanctions administratives » concernant l’enquête sur les emails de Clinton, la plus sérieuse sanction étant la révocation des autorisations à recevoir des informations secrètes et confidentielles.
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