L’acte premier, l’envoi de cette gloire depuis le ciel, l’envoi venant de cette gloire, par la volonté du Père, l’envoi du Fils, est le cœur de ce qui est apostolique. Tous les actes qui vont suivre doivent tirer d’une certaine façon leur caractère de ce premier envoi et être de la même nature. Nourrissez-vous une jalousie qui vous amènera à attendre au lieu d’initier quoi que ce soit d’opportun, de nécessaire humainement et religieusement, si cela ne vous est pas donné d’en haut – parce que tout don excellent et parfait descend d’en haut, du Père des lumières ? C’est là une jalousie sacerdotale et une insistance sacerdotale. Il est intéressant de voir que Jésus, dans Hébreux 3 : 1, est appelé l’Apôtre et le Souverain Sacrificateur de la foi que nous professons. Il ne pourrait pas être l’Apôtre de la foi que nous professons s’Il n’avait pas ce haut respect sacerdotal pour le ciel, pour le Père, pour la gloire, pour ce qui est avec Dieu dans sa pureté ; et s’Il n’avait pas ensuite été envoyé du ciel afin de communiquer sur la terre quelque chose de cette réalité. Nous avons cette jalousie dans la mesure même où nous possédons une appréciation sacerdotale, ce qui signifie que nous savons attendre ce qui est donné, au lieu de devenir adulé par les autres, et encore moins de se représenter faussement ou de contrefaire humainement quelque chose que seul Dieu peut donner. Ceci explique pourquoi notre christianisme est en si grande partie faux. Ceci explique pourquoi une si grande partie de notre adoration se réduit à de la pure musicalité, mais ne tire pas son origine d’en haut.
L’origine de tout acte véritable est Dieu Lui-même, y compris la session de cette matinée [ce texte a été retranscrit depuis une message enregistré lors d’une réunion]. Ce que l’homme se contente tout simplement d’accomplir pensant que son acte est approprié, n’est que « du bruit n’ayant aucun sens ». Pouvons-nous être fils sans être sacrificateurs ? Peut-il y avoir une filiation, une adoption de la même nature que celle que Jésus a placée devant nous, par son propre exemple, en étant à la fois sacrificateur et apôtre, si nous-mêmes nous n’avons pas la disposition sacerdotale à attendre ce qui descend d’en haut ? Attendre et non initier. Il est nécessaire que nous examinions cette énergie humaine qui ressemble au feu étranger qui a été allumé par les deux fils d’Aaron suivant les propres impulsions de leur cœur, et qui se substitue à l’attente.
Au chapitre six d’Esaïe, dans la vision qu’Esaïe eut, voyant le Seigneur assis sur un trône élevé, le Père dit au Fils : « Qui enverrai-Je ? Qui marchera pour nous ? ». Où que vous regardiez dans les Ecritures, prenez la concordance de Strong et vérifiez les mots « envoyer » et « envoyé ». Vous allez découvrir un remarquable catalogue des actes de Dieu qui se repose dans l’acte d’envoyer – ce qui est la racine du terme apostolos. Qui ira pour nous ? Qui enverrons-nous ? Que dit Esaïe ? « Envoie-moi. »
Il est présomptueux de croire que la vraie adoration et qu’une vraie réunion peuvent provenir de nous-mêmes, de façon indépendante de cette source. Le miracle de l’incarnation est le miracle d’une envoi venant du ciel et d’une ascension, celui qui consiste dans le fait que ce qui est descendu est monté : le Fils obéissant jusqu’à la mort. Et le Père a agréé cette offrande. Nous avons ici tout le thème principal du christianisme. C’est le grand thème qui se déploie portant au fond de lui toute l’essence de ce qui doit descendre du ciel, envoyé du Père. L’essence plénière de la réalité de l’Eglise, de ce qui est apostolique et de ce qui est prophétique se ramène à l’exécution par le Père de l’acte d’envoyer le Fils. C’est là le grand thème autour duquel toutes les autres choses gravitent.
Un sujet est développé concernant Esaïe et l’envoi : cela ressemble presque à une réitération de l’alliance existant au sein de la Divinité elle-même. Oh, qu’il nous soit accordé de contempler ce que signifie le véritable coût de l’envoi ! – Et ici, nous trouvons en Esaïe la figure même d’un prince de Dieu qui a été bouleversé, anéanti, abattu par cette présence divine. Pour parler de l’envoi, il est nécessaire de comprendre que l’envoi appartient à un tout autre domaine que celui de cette envie impulsive d’être envoyé qui est si naturelle, car tout le monde veut être envoyé : « Me voici, envoie-moi » est la liberté qui se trouve dans la Divinité même. Il est nécessaire pour cela de posséder Dieu, tout comme Dieu doit être l’initiateur si nous voulons aimer Dieu ; il est nécessaire d’avoir cette disposition dans sa nature ; il est même nécessaire d’être capable de prononcer ces paroles : « Me voici, envoie-moi » au regard de la révélation de ce que cela coûterait. Le fait de considérer le coût équivaut à amener quelque chose d’authentique dans la réponse.
Le coût, à la fois pour Jésus et pour Esaïe, fut ultime. Jésus a été crucifié et la tradition religieuse dit qu’Esaïe a été scié en deux. Quelle avait été la chose à accomplir pour laquelle Esaïe fut envoyé ? Il avait été envoyé pour prononcer une parole de jugement sur Israël, une parole à laquelle le peuple est encore lié jusqu’à ce jour – vous trouverez cette parole de jugement dans la dernière partie du chapitre six d’Esaïe. « Va, et dis à ce peuple : vous entendrez, et vous ne comprendrez point ; vous verrez, et vous ne saisirez point. Rends insensible le cœur de ce peuple, endurcis ses oreilles, et bouche-lui les yeux, pour qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses oreilles, ne comprenne point de son cœur, ne se convertisse point et ne soit point guéri. » (Esaïe 6 : 9-10).
Sa parole était une parole de jugement. Israël languit encore sous ce jugement, prononcé par l’homme qui fut envoyé. C’est pourquoi, sans doute, nous préférons initier notre propre activité, parce que la conséquence pour nous dans cette dernière serait moindre que pour l’activité qui serait enfantée par ceux qui sont envoyés. Si vous voulez être envoyé, soyez courageux et tenez bon ! Car il y aura à supporter une charge, une responsabilité et des conséquences qui ne seront certes pas agréables mais qui seront glorieuses.
Répétons : Esaïe venait tout juste d’être anéanti, complètement moralement dévasté devant la révélation du vrai caractère de Dieu. C’était un homme qui connaissait déjà Dieu et qui apprit à ce moment-là combien peu il saisissait et connaissait réellement Dieu. Dans cette dévastation, se produit une transformation de sa nature, il y a quelque chose qui s’ajoute à lui ou qui vient à lui. Lorsqu’il dit, à la lumière de cette révélation : « Me voici, envoie-moi », il se trouvait une révélation d’une exigence absolue jusqu’à la mort. Il sut que seul Dieu pouvait le rendre capable d’aller en Son nom. A moins que Dieu n’ait été formé dans l’être intérieur d’Esaïe, à moins qu’il ne fût lui-même un phénomène d’incarnation, il n’aurait pas pu dire, dans cette sorte d’état d’esprit et face à cette sorte de révélation : « Me voici, envoie-moi. » La raison pour laquelle nous en voyons tant aujourd’hui qui sont prêts à initier leur propre envoi est que cette initiative leur procure un bénéfice, mais le coût associé à un véritable envoi est quelque chose que l’homme ne pourrait jamais assumer lui-même. Il s’agit bien plus que d’une braise qui touche nos lèvres pour expier nos péchés. Il y avait une communication de la part de Dieu, dans cette révélation, dans cette dévastation, qui était aussi une transmission de vie, une résurrection. En même temps que s’opérait un processus de mort, se déployait également un processus de vie.
Il est raisonnable de supposer que si une personne est envoyée par Dieu, elle reçoit la capacité qui lui est communiquée d’accomplir la tâche associée à son envoi, cette capacité étant le caractère et la vie de Dieu. Seul Dieu peut nous rendre capables d’aimer Dieu ; et seul Dieu peut nous rendre capables d’aller pour Lui. Seul Dieu peut nous rendre capables de Le servir. Lorsque Dieu envoie, c’est sa propre nature qui agit et intervient. Etre envoyé par Dieu signifie être envoyé avec Dieu.
Songez à l’envoi de l’enfant Samuel. Dieu l’appelle par son nom trois fois, et Samuel pense que c’est le vieil Eli qui le réclame, et à chaque fois il accourt vers ce dernier. Finalement, Eli lui dit : « Si tu entends encore quelqu’un t’appeler, ce n’est pas moi, c’est Dieu. » Samuel a entendu la voix une fois de plus et il a répondu : « Me voici, ton serviteur écoute. » C’est alors que Dieu lui communique une parole de jugement qui doit venir sur Israël, qui doit venir sur Eli lui-même et sur sa maison. Lorsque le vieil homme se réveille, sachant que Samuel a eu une visitation de Dieu, il demande : « Qu’est-ce que l’Eternel t’a dit ? ». La toute première expression de l’appel prophétique de Samuel est de prononcer des paroles de jugement. Il est écrit que, parce que Samuel n’avait laissé tomber aucune parole de l’Eternel, Dieu ne permit pas que ses paroles tombent. Ainsi, un prophète était venu en Israël armé de l’obéissance qui l’amena à dire la chose envoyée de Dieu bien que ce fût une parole de jugement. Cet envoi n’est pas une chose à prendre à la légère. Il coûte, il requiert Dieu. Mais il est au cœur de la réalité elle-même, dont Jésus est la première expression.
Quelle profondeur dans ce message! Ce serviteur, avec beaucoup d’humilité et de crainte de Dieu, démontre combien il y a un prix à payer (de don total de sa vie, de renoncement, et de souffrance) lorsque Dieu envoie quelqu’un. Cela n’a rien à voir avec des personnes auto-proclamées (tellement nombreuses aujourd’hui) qui, pensant servir le Seigneur, ne servent qu’eux-mêmes et recherchent le succès plus que de faire la volonté de Dieu. Etre envoyé par Dieu demande du courage, de l’humilité et la crainte de Dieu. Ce message est une excellente exhortation.