Lisons la dernière partie du message d’Arthur Katz sur un thème qui nous tient particulièrement à coeur, et que nous vous conseillons de lire et relire afin d’en percevoir toute la richesse dans sa profondeur.
Nous avons parlé de ce qui descend comme un don, mais comment descend-il ? Et qu’est-ce que le don qui descend d’en haut révèle à propos de Celui qui en est le donateur ?
Lorsque Jésus brisa le pain, inclina la tête et en donna un morceau, non seulement ils reçurent de la main de Jésus, mais quelque chose dans le fonctionnement du don, au moment où il était donné, leur donnait une meilleure appréciation de Celui qui brisait le pais. Il ne s’agit pas simplement de recevoir le don – nous sommes américains, nous voulons le profit – mais c’est ce qui est révélé dans ce que Dieu donne en tant que donateur et c’est la manière dont Il le donne, qui constituent une révélation que nous perdons lorsque nous passons à côté du don en n’attendant pas qu’il soit donné du donateur. Nous perdons aussi bien le don que la nature du donateur par lesquels notre connaissance de Dieu grandirait si nous attendions d’une façon sacerdotale que se manifeste ce phénomène remarquable, parce que nous serions alors absolument déterminés à ce que tout don parfait et excellent descende d’en haut – et d’autant plus que nous pensons que le ciel est le quartier général de la réalité. Le ciel n’est pas un lieu gouvernemental bien que ce soit le gouvernement de la création, mais se résume à la question de la réalité elle-même. Dieu sur son trône, voilà le cœur de toutes choses. Quelle mesure de la réalité avons-nous si nous perdons cette réalité ?
Je ne peux que commencer à toucher mot sur ce qui est en jeu dans notre échec à attendre et à recevoir, car cela représente une vérité très vaste. L’absence de réalité est le ferment de tout désordre psychique, de tout type de désordre physique. Nous avons des assemblées remplies de malades, et de gens malheureux et de mariages brisés et de tous les problèmes qui en résultent, qui attendent qu’un orateur de passage vienne donner un remède magique qui allégera notre maladie et nous guérira. Tout ceci vient du fait que l’atmosphère elle-même ne prédispose pas à la santé spirituelle, il n’y a pas la réalité. C’est un environnement créé de main d’homme qui engendre le type de désordres psychiques, mentaux, physiques et le désordre social que nous observons dans l’Eglise de façon aussi courante que dans le monde. A Dieu, sont attaché la santé, le bon sens et la réalité. Cela vaut la peine de l’attendre. Notre impatience est l’antithèse du caractère sacerdotal. Nous sommes dirigés par nos propres besoins et nous voulons remplir le silence. Nous avons prêché aux gens qu’ils pouvaient vivre dans une attitude désinvolte et indifférente à l’égard de Dieu pendant toute la semaine, et qu’ils pouvaient venir le dimanche matin pour recevoir leur dose de bénédiction spirituelle. Et si vous ne la leur donnez pas, ils partiront et iront la chercher dans une autre église qui, elle, la leur donnera. Ainsi nos églises ont peur de perdre leur argent et leurs dîmes.
Dans l’église où je prêchai ceci pour la première fois, le pauvre pasteur avait envie de rentrer sous terre – et pour cause : à peine avais-je terminé ma prédication qu’il mentionna leur investissement de sept millions et demi de dollars pour les bâtiments. Ils voulaient créer une sorte d’école, et c’était ce qui le préoccupait. Au fond des choses, se trouvait la question des finances – et les gens qui étaient assis sur leurs chaises, pareillement, se souciaient du problème des offrandes. Le but de l’église était de les contenter et de les satisfaire afin qu’ils y restent et qu’ils donnent leur argent, pour que le programme soit exécuté, que les bâtiments continuent à être édifiés au nom de l’homme qui se disait non seulement pasteur mais « apôtre », alors que toute la question de l’apostolicité est contredite et perdue. C’est là la tragédie.
A propos de l’envoi de Jésus, il est écrit : « Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils. » Même le Père a attendu le bon moment dans sa propre sagesse pour accomplir cet envoi. Le Père lui-même a une nature sacerdotale. Le Fils est le Souverain Sacrificateur autant qu’Il est l’Apôtre de la foi que nous professons. Si Dieu peut attendre, pourquoi ne pouvons-nous pas attendre ? Si nous ne voulons pas attendre, nous allons recevoir nous-mêmes la visite de ceux qui se sont envoyés eux-mêmes. Paul nous avertit en 2 Corinthiens 11 : « Ce sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres. » (2 Corinthiens 11 : 15).
Les derniers temps vont être une période remplie de faux prophètes. Un des sujets d’éloge que le Seigneur fait dans le livre de l’Apocalypse à l’une des églises est sa capacité à discerner ces hommes qui se disent apôtres et qui ne le sont pas. Les faux apôtres et les faux prophètes caractériseront les derniers jours dans une époque de séduction, lorsque les chrétiens ne seront pas formés dans une disposition sacerdotale à attendre et à discerner et qu’il y aura des vides à remplir dans lesquels les hommes iront se précipiter. S’ils peuvent créer l’adoration, quoi d’autre n’établiront-ils pas à partir de leur propre fausse religiosité ? Toute l’Eglise a échoué dans sa vocation à être ce qu’elle doit être : le témoignage qu’elle devrait porter aux Juifs attend toujours et c’est une situation tragique venant d’un manque de disposition sacerdotale.
Pour répéter ce que Chambers a dit : « Les temps d’adoration sont entièrement un don de Dieu. Vous ne pouvez pas les produire à votre guise. » Non seulement nous ne le pouvons pas mais nous ne le devrions pas. Nous ne devrions pas choisir de les produire par nous-mêmes. Quand Dieu les accorde, c’est également en son temps tout comme l’était l’envoi du Fils. Son temps est parfait. Nous devrions désirer attendre son temps, et non pas choisir de présenter notre propre alternative. Nous ne devrions pas le choisir et encore moins le produire, ou alors nous allons obtenir une chose erronée ou l’irréalité qui s’est répandue dans l’Eglise et le monde aujourd’hui.
Tout ceci fait partie d’un paradoxe car il y a des moments où nous devons commander à notre âme de « bénir l’Eternel, ô mon âme », et dans ce cas nous n’attendons plus. Là quelque chose doit provenir de notre propre volonté. Cela ne s’oppose pas à Dieu ni à la nature fondamentale et apostolique des choses qui requièrent une attente sacerdotale et une dépendance totale vis-à-vis de ce qui vient d’en haut. Nous avons besoin de discerner quand nous devons exercer notre volonté… Et même dans ces choses, Dieu suscite en nous l’impulsion pour que nous exercions notre volonté dans la louange. Ceci fait partie de la tension qui existe dans le cœur du saint.
Une des choses que nous voyons se répéter dans les Psaumes maintes et maintes fois est le cri du psalmiste : « Combien de temps, oh Seigneur ! ». Les psalmistes crient en faveur de la délivrance qui ne peut venir que de Dieu lorsque Dieu le veut. Mais le simple fait de reconnaître le besoin d’être délivré est en soi une délivrance qui aurait dû avoir lieu bien avant, parce que le psalmiste ou la nation souffre sous le poids du jugement et de la moquerie de ses ennemis et de toutes sortes de choses qui contredisent jusqu’à la réputation de Dieu quant à son pouvoir de délivrer par son bras. Lorsque le psalmiste s’écrie : « Combien de temps encore, Dieu ? », non seulement il crie en faveur de sa propre délivrance, mais il crie également à Dieu pour qu’Il honore son propre nom – et pour qu’il agisse à l’égard de ses fils comme il le devrait. Combien de fois ne voyons-nous pas cette attitude de la part de Dieu, qui indique que nous ne pouvons pas commander du bout des doigts ni le rendre soucieux de notre volonté parce que nous voyons une urgence à laquelle nous pensons qu’Il doit remédier tout de suite ? S’il n’y satisfait pas tout de suite, nous devrions avoir confiance que, dans sa grande souveraineté, dans sa majesté et son amour, Dieu retarde son action pour des motifs bien précis, et nous pouvons tranquillement rester dans l’attente, combien même cette attente pourrait être douloureuse dans ces conditions. C’est là même la condition de fils, et ceci se trouve au cœur de la maturité.
Dieu n’a jamais eu l’intention que nous soyons isolés et que nous luttions contre cette souffrance par nos propres forces. En fait, la question de celui qui sera envoyé pour prêcher la parole à l’écoute de laquelle Israël sera sauvé ne se résume pas à la question pivotant autour d’un individu envoyé mais à celle d’un individu envoyé par un corps qui l’envoie. C’est pourquoi ce message était adressé à une Eglise appelée à la réalité apostolique, de sorte qu’elle est devenue un corps qui envoie et d’où des hommes peuvent être envoyés pour proclamer la Parole. C’était là le schéma du premier envoi en date dans l’histoire de l’Eglise, issu d’Antioche, en Actes 13.
Paul s’adresse à une assemblée et, dans Actes 13, nous voyons combien cette assemblée est multiforme. Noirs et blancs, Juifs et Gentils, Cyrènes, Méditerranéens, on y trouve tout un mélange d’éléments hétéroclites qui composaient cette partie de l’ancien monde. Mais lorsqu’ils se trouvaient ensemble pour adorer, sans rétroprojecteur, dans toutes leurs différences, avec toutes les différences ethniques et raciales du monde autour d’eux préparées pour rentrer en conflit les unes avec les autres, ils se trouvaient à un endroit où ils pouvaient adorer Dieu ensemble. Lorsque le Saint-Esprit a vu cela, il a dit : « Mettez-moi à part… » Et il a nommé les deux hommes qui allaient refléter cette réalité céleste et qui étaient venus à ce mélange du monde, et qui allaient apporter cette divine réalité aux hommes afin qu’ils sachent qu’il existe une solution de paix – afin que ces deux hommes représentent cette réalité qui était venue à Antioche et qui se reflétait dans leur adoration. Leur adoration n’était pas une technique. Leur adoration n’était pas une méthodologie. Leur adoration était l’affirmation d’une réalité à laquelle ils étaient parvenus, une réalité de type céleste qui reflète la réalité de la Divinité elle-même. Père, Fils et Saint-Esprit dans un amour cordial et plein de sollicitude l’un envers l’autre, étaient venus sur la terre vers les hommes, dans toutes leurs différences raciales et ethniques. C’est d’un tel corps que quelqu’un peut être envoyé.
C’est là la première trace historique d’un envoi. En fait, Saul devient Paul dans cet envoi. Saul devient un apôtre qui n’est qu’un enseignant jusqu’à l’envoi. L’envoi est l’introduction d’une nouvelle qualité de la réalité, mais il doit provenir d’un corps auquel Dieu veut parler. « Lorsqu’ils leur eurent imposé les mains, après avoir prié et jeûné…, le Saint-Esprit les envoya. » Aux yeux de Dieu, l’imposition des mains équivaut à un envoi par le Saint-Esprit. Quel type de puissance et d’autorité avaient-ils ? Ils furent de ceux qui bouleversèrent le monde et le mirent sens dessus sens dessous. Dans cet envoi résidait quelque chose de particulier : lorsque Dieu envoie une personne, quelque chose de celui qui envoie est communiqué, rendant l’envoyé apte et capable de remplir sa mission, parce que le but pour lequel vous êtes envoyés est au-delà de vos capacités humaines d’action, que ce soit pour l’adoration ou un service apostolique.
L’envoi par Dieu en soi, parce qu’il a son origine dans le ciel, met en mouvement une nouvelle qualité de la réalité, qui s’appelle l’apostolicité et qui a la puissance de pénétrer et de bouleverser radicalement le monde, parce que le monde dans sa présente configuration est sens dessus sens dessous et a besoin d’être rectifié et redressé. Le monde doit être amené à la prise de conscience de l’existence d’une alternative céleste à un enfer terrestre, par l’intermédiaire des hommes qui sont envoyés et qui portent cette réalité, l’ayant en eux-mêmes. Non seulement portent-ils le message mais ils représentent eux-mêmes sa réalité. Et ils sont parvenus à cet environnement de type apostolique qui est sacerdotal et qui est caractérisé par l’attente. Rien ne nous est dit de l’Eglise d’Antioche sinon que d’Antioche est sorti le premier envoi apostolique – et ceci est d’autant plus remarquable que cette église était caractérisée par la diversité. Si nous arrêtons notre regard sur ce fait, nous pouvons nous représenter combien Dieu s’est investi pour les amener à cette réalité qu’Il attendait. Ce même Dieu attend toujours aujourd’hui… La tragédie est que le terme apostolique est devenu aujourd’hui populaire, et des hommes frauduleux, qui n’ont aucun droit de se revendiquer comme apôtres, et qui se sont autoproclamés comme tels, se transformant en ministres de lumière, sont en circulation et investissent des régions entières sur lesquelles ils établissent d’autres sommités comme ministres de ceci ou ministres de cela : le monde entier est en train d’être segmenté et « partitionné » par des hommes qui pensent être des apôtres – mais ceux-ci ne sont pas envoyés…
Nous sommes en train de récolter un jugement à cause de notre manque de jalousie pour protéger les mots importants dans leur véritable signification, et de notre incapacité à attendre ce qui ne peut venir que d’en haut. Je connais certains de ces hommes personnellement. J’ai prêché sur la plate-forme avec eux. Je sais de quoi ils sont constitués et d’où ils viennent. Ils ne représentent pas la chose vraie.
Chercher une telle Eglise et essayer de la trouver, là n’est ni la question ni le but visé ; ce qui importe c’est d’être une de ces églises, d’être cette réalité. Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, Je suis au milieu d’eux. » Il vous faut commencer avec ce que vous êtes et ce que vous avez à portée de main : un petit noyau que vous formez avec votre épouse et votre petit garçon qui vous suit – faites ensuite confiance à Dieu qu’Il rajoutera des âmes. « Et Dieu ajoutait quotidiennement à l’Eglise ceux qui étaient sauvés. »
Que le Seigneur trouve un noyau vivant l’authenticité et se trouvant dans une attente sacerdotale. Alors faites confiance et laissez-le ajouter à l’Eglise. Ne prenez pas en considération le nombre. Il se peut bien que l’Eglise des derniers jours ne soit rien de plus que des petits rassemblements de saints de ce type qui attendent et qui obéissent. Je ne sais pas combien de membres comptait l’église d’Antioche. En fait, on pourrait même craindre que là où les églises augmentaient en nombre, là justement la réalité ait moins de chance d’être trouvée ou qu’on ne puisse pas s’attendre à la trouver, parce que le nombre lui-même entrave la réalité dont nous parlons. En effet, cette réalité nécessite l’intimité, les relations fraternelles, l’honnêteté, la vérité dite dans l’amour, la confrontation mutuelle, la réprimande et la correction. Comment pouvez-vous vivre cela lorsque vous avez une assemblée de centaines voire de milliers de personnes anonymes, sans identité personnelle ou sans relation les unes avec les autres ? Quel type de communication peuvent-elles avoir lorsqu’elles tiennent une petite coupe en plastique, attendant le signal donné par le pasteur pour boire ensemble ? La communion signifie être ensemble. Pouvez-vous expérimenter cela lorsque vous êtes perdu dans une grande foule ? Les gens préfèrent même cet anonymat.
Paul dit : « Quand vous vous rassemblez, l’un parle en langue, un autre reçoit l’interprétation, un autre une prophétie, une révélation, un hymne. » Paul pouvait quitter les assemblées qu’il avait démarrées à travers son activité d’évangélisation, et revenir deux années plus tard pour s’apercevoir qu’elles étaient toujours là. Et non seulement étaient-elles là mais elles prospéraient et se développaient et avaient connu une croissance parce que chacun avait quelque chose à partager. Il y avait la possibilité d’interagir et de recevoir les bénéfices de l’Esprit de Dieu se mouvant à travers les différentes personnes et les différents dons qui avaient été communiqués. Paul ne reconnaissait que celui sur lequel le manteau d’autorité était tombé, et alors il le présentait à l’assemblée de telle sorte que les saints eux-mêmes reconnaissaient qu’un tel était appelé à être ancien dans une position d’autorité. C’était là le fonctionnement originel. Nous nous sommes tant éloignés de ce schéma et nous devons rebrousser chemin.
Dans le cas où l’existence d’une telle réalité est absente, il est possible que vous deveniez cette réalité. Et conformément aux encouragements que j’adresse aux gens, restez dans l’église de plus grande taille dans laquelle vous vous trouvez. Mais ne la considérez pas comme votre église, elle est votre champ de mission. C’est votre champ de mission, l’endroit où vous pouvez être un témoin. Votre église est le lieu où vous partagez le repas du Seigneur, le lieu où vous recevez des conseils et des réprimandes et une communion intime ; c’est là l’Eglise. Il vous faut distinguer l’Eglise du lieu d’exercice du ministère, qui est le champ de mission, qui est l’assemblée plus grande. C’est là un appel solitaire mais cette réalité doit être trouvée.
Sans ce caractère sacerdotal, il n’y a pas d’apostolicité. Le Fils de Dieu, Jésus, est le Souverain Sacrificateur et l’Apôtre de la foi que nous professons. Son caractère sacerdotal avait son origine avant son ministère terrestre. C’était déjà quelque chose qui relevait de son identité avec le Père dans sa vie pré-incarnée. Son cœur de serviteur en tant que sacrificateur a été rendu manifeste sur la Terre, mais son origine et la réalité étaient avec lui dans son identité éternelle en tant que Fils étant avec le Père avant sa venue sur la Terre. Nous avons besoin de prendre sérieusement en considération cela et de reconnaître ce que cet envoi représentait : c’était la révélation de Dieu dans sa miséricorde et son amour qui lui a coûté un prix si élevé, à lui et au Fils, mais qui nous apporte un si grand bénéfice.
Référence : Enseignement oral d’Arthur Katz donné le 24 août 2005 et transcrit en anglais par Lars Widerberg à partir d’une cassette audio, puis traduit en français.