Il y a quelques mois, la France a voté une résolution de l’UNESCO effaçant les liens historiques entre le judaïsme et Jérusalem. Puis devant le tollé, elle s’est simplement abstenue sur une seconde mouture du même document négationniste.
Elle vient de voter à nouveau le 23 décembre, au Conseil de Sécurité de l’ONU cette fois, la résolution 2334. Outre une pluie d’accusations infamantes, ce texte rédigé par Ramallah, qui retire à Israël tout droit sur la vieille ville de Jérusalem et même sur le Kotel, n’a pas fait tiquer l’Élysée. C’est que la diplomatie française a pris depuis longtemps la tête d’une guerre diplomatique impitoyable contre Israël, en fait une guerre contre la paix au Moyen-Orient, on le verra.
Dans les jours qui viennent cette guerre va connaitre un nouveau paroxysme. Le 15 janvier, un énorme procès public d’Israël, réunissant nous dit-on 70 pays, va se tenir à Paris, on appelle cela l’ « Initiative française. » Le lendemain, le 16, l’acte d’accusation unanimement approuvé la veille sera vraisemblablement ratifié par le Conseil des Affaires étrangère de l’Union européenne sous la forme d’une Déclaration commune, et le 17 celle-ci pourrait donner matière à une nouvelle résolution, peut-être sous le chapitre 7, adoptée dans la foulée par l’ONU avec la bénédiction d’un Obama à trois jours du départ.
Ce qui frappe, c’est l’ardeur que met l’Élysée à persister dans l’échec. Sa théorie est la suivante: les implantations juives des Territoires sont le véritable obstacle à la paix. Elles brisent la perspective d’une solution à deux États et tout processus de négociation.
Cette théorie est fausse. Depuis Camp David en septembre 2000, les Palestiniens ont refusé toutes les propositions, y compris celle de Ehoud Olmert en 2008, qui agréait pourtant toutes leurs requêtes. Il faut porter des lunettes bien opaques pour ne pas voir que dans l’ère Obama, les Palestiniens ont systématiquement refusé de négocier malgré des prérequis humiliants auxquels les responsables israéliens s’étaient résignés. L’attitude des palestiniens est claire: obtenir un retrait israélien sur les lignes de 67 par la voie diplomatique, sans négociation, sans compromis, sans reconnaissance d’Israël comme État juif, et sans engagement de fin de conflit. Ce serait après Oslo la seconde étape d’un processus prévu par la résolution de l’OLP du 9 juin 1974, devant aboutir à l’effondrement d’Israël. A l’inverse, les implantations israéliennes dans le Sinaï n’ont empêché ni la signature d’un accord de paix avec l’Égypte, ni le retrait israélien convenu, car l’Égypte consentait vraiment à une fin des hostilités. La thèse des implantations coupables ne tient pas.
Le vrai diagnostic du blocage de la paix, c’est que les représentants palestiniens depuis Arafat ne veulent aucunement la paix avec Israël mais sa disparition, et qu’ils ont mis en œuvre une stratégie de grignotage, encouragés par l’Occident à penser qu’ils ont le temps pour eux. Nous sommes aujourd’hui dans une « Zone de paix impossible. » Alors que les chefs palestiniens poursuivent une stratégie de confrontation, les Israéliens sont acculés à une stratégie de survie. Se retirer de Jérusalem et du Jourdain serait l’équivalent d’un suicide, le retrait de Gaza ayant montré que tout territoire remis aux actuels caciques palestiniens se transforme ispso facto en base de guerre djihadiste. Trois guerres en dix ans. Une vraie négociation de paix est aujourd’hui impossible.
Que faudrait-il pour rendre possible demain un compromis, c’est à dire pour passer d’une « Zone de paix impossible » à une « Zone de paix possible »?
1) Il faudrait d’abord endiguer l’expansionnisme iranien qui attise les conflits au sein du monde sunnite et qui a fait de l’élimination d’Israël le levier idéologique de sa pénétration le long du parallèle Téhéran-Beyrouth. Contrairement à la doxa hexagonale, notre ennemi principal n’est pas le djiahdisme sunnite, mais le djihadisme chiite, d’une autre épaisseur, et qui excite l’extrémisme qui nous fait tant de mal au sein de la majorité musulmane sunnite.
2) Il faudrait neutraliser les factions djihadistes palestiniennes qui tiennent le haut du pavé à Gaza comme à Ramallah, ce qui peut être obtenu avec l’aide de l’Égypte et des Arabes sunnites. Des Palestiniens partisans de la coexistence pourraient alors émerger sans risquer de perdre immédiatement la vie.
3) Il faudrait réparer les dégâts de l’incitation, pierre angulaire des politiques palestiniennes de montée aux extrêmes. Il s’agit du culte des héros terroristes, omniprésent, de la propagande antisémite, dantesque, des programmes scolaires, et des prêches. C’est toute une population, plus endoctrinée que les allemands durant le nazisme, qu’il faut « dé formater, » décontaminer, pour envisager un compromis coopératif applicable entre Israéliens et Palestiniens. Il s’agit ici d’un préalable.
4) Il faudrait enfin une transformation radicale des politiques euro-américaines qui ont nourri la plaie bien plus qu’ils ne l’ont soignée.
Face à cette immense pression, Israël n’a pas le choix. Pour survivre, il doit tenir Jérusalem et le Jourdain, il doit neutraliser le djihad palestinien, il doit assurer sa défense en profondeur. C’est cela ou le suicide.
Mais il faut aller plus loin. La France, qui joue le rôle d’une avant garde, et certaines administrations américaines, en particulier celle d’Obama, ont délibérément attisé les flammes de la guerre djihadiste palestinienne, sous toutes ses formes.
– Comment imaginer que les Occidentaux qui ont voté la résolution 2334 ne sont pas pleinement conscients qu’ils ont rendu impossible toute négociation, dans la mesure où les Palestiniens ne pourront demander moins que ce qui leur a été accordé, c’est-à-dire tout?
– Comment peuvent-ils croire de bonne foi que les Israéliens accepteront quelque concession que ce soit quand eux-mêmes laissent adopter 18 résolutions anti israélienne par l’AG de l’ONU et 12 du Conseil des droits de l’homme en 2016, soit plus que la Syrie, la Corée du nord, l’Iran et le Sud-Soudan combinés? Quand ils inspirent une résolution humiliante qui accuse violemment Israël pour ses implantations, (il y a déjà 465 condamnations onusiennes !), sans que soient soulevées une seule fois en 2016, les mêmes questions dans le cas du Cachemire, de Chypre, de Taiwan, du Kurdistan, du Baloutchistan, du Maroc espagnol et de 200 autres cas de territoires contestés?
– Comment imaginer que les Occidentaux ne savent pas que leur énormes subsides aux Palestiniens financent au passage la guerre djihadiste contre Israël, la propagande comme les actions armées-? Qu’ils se transforment en subventions aux familles des terroristes, qu’ils leur assurent capital décès et rente à vie? Le Royaume Uni, l’Australie, la Suède, l’Allemagne s’en sont rendu compte semble-t-il
– Comment imaginer que M. Hollande et ses pairs ne soient pas conscients que leur palestinophilie irréductible est la première cause de l’isolement d’Israël sur la scène mondiale. Qu’elle favorise la pénétration de l’idéologie gaucho-djihadiste du BDS dans les universités et les campus, infectant de plus en plus les cerveaux des élites de demain, jeunes et vulnérables. Que cette idéologie inonde les banlieues et pave la voie du salafisme.
Au lieu de constater qu’eux-mêmes et leurs prédécesseurs ont provoqué l’impasse où se trouve le conflit israélo-palestinien, Hollande, comme Obama, ont promis l’enfer à Israël , c’est-à-dire au projet juif de notre temps.
C’est en fait une vieille tradition, une vieille passion, née dans des fourneaux français, qui aveugle et qui étourdit. Celle de Voltaire, de Proudhon , d’Édouard Drumont, celle des accusateurs du capitaine Dreyfus, de Brasillach, et de tant d’autres.
Tous ont promis l’enfer aux Juifs. Hollande promet un grand tribunal mondial et des sanctions délétères à Israël. Mais les chefs occidentaux compromis comme lui dans cette très mauvaise querelle, doivent bien avoir en mémoire les leçons de l’histoire. Ceux qui ont promis l’enfer aux Juifs ont subi un destin ravageur.
Jean-Pierre Bensimon
le 7 janvier 2017