Les chercheurs fouillant le camp d’extermination ont découvert des objets abandonnés par les victimes sur le chemin des chambres à gaz
Une fouille archéologique à Sobibor, camp d’extermination nazi situé en Pologne, dans une région autrefois occupée par l’Allemagne nazie, a permis de découvrir des objets personnels appartenant aux victimes, qui auraient été jetés par leurs propriétaires obligés de se déshabiller avant d’être envoyés dans les chambres à gaz.
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Parmi les objets retrouvés dans les fondations d’un ancien bâtiment se trouve un pendentif portant la date et le lieu de naissance d’une adolescente, a annoncé dimanche Yad Vashem, musée mémorial de l’Holocauste.
Le bijou ressemble fortement à un pendentif qui appartenait à Anne Frank, assassinée par les Allemands au camp de concentration de Bergen-Belsen, en Allemagne, au début de l’année 1945, quand elle avait 15 ans.
Les deux adolescentes sont nées à Francfort, en Allemagne.
La fouille a été menée sur un site où les victimes devaient se déshabiller et où elles étaient rasées avant d’être forcées d’emprunter la « route du paradis », le sinistre nom des chemins qui menaient aux chambres à gaz, où elles étaient assassinées.
Les chercheurs pensent que les objets retrouvés à cet endroit ont glissé entre les lames du parquet pour atteindre les fondations, où ils ont été découverts quelque 70 ans après.
Une étoile de David, une montre de femme et un porte-bonheur en métal recouvert de verre portant la silhouette de Moïse tenant les Dix Commandements ont été retrouvés.
« Sur l’autre face du porte-bonheur se trouve l’inscription de la prière juive essentielle ‘Chema’ », a déclaré Yad Vashem dans un communiqué.
Le pendentif de Francfort porte l’inscription « Mazel Tov » en hébreu, avec la date du 3 juillet 1929 sur une face, et la lettre haï, qui symbolise le nom de Dieu, avec trois étoiles de David sur l’autre.
Anne Frank est née le 12 juin 1929.
Après avoir cherché dans la base de données des victimes de l’Holocauste, les chercheurs en sont venus à la conclusion que le pendentif pouvait avoir appartenu à une jeune fille, Karoline Cohn, née le 3 juillet 1929 à Francfort avant d’être déportée dans le ghetto de Minsk le 11 novembre 1941.
Après sa déportation, on ne sait que peu de choses sur le destin de Cohn. Elle a pu mourir dans le ghetto. Le pendentif aurait atteint Sobibor entre novembre 1941 et septembre 1943, quand le ghetto a été fermé et que ses 2 000 prisonniers juifs ont été envoyés vers le camp d’extermination.
Si elle était toujours vivante et en possession de son pendentif, c’est à ce moment que Cohn, 14 ans, aurait enlevé son bijou.
« Ce pendentif démontre une fois encore l’importance des recherches archéologiques dans les anciens camps d’extermination nazis », a déclaré Yoram Haimi, archéologue de l’Autorité israélienne des antiquités. « L’émouvante histoire de Karoline Cohn symbolise la destinée commune des juifs assassinés dans les camps. Il est important de raconter leur histoire, pour que nous n’oubliions jamais. »
Des fouilles sont en cours à Sobibor depuis dix ans, et les chercheurs ont déjà creusé les fondations des chambres à gaz, le quai du train, et découvert des objets personnels appartenant aux victimes.
Puisque Frank et Cohn sont nées à Francfort, les chercheurs cherchent à présent des membres de la famille des deux adolescentes qui pourraient éclairer une possible connexion entre les deux filles.
« Des membres de la famille de Karoline Cohn, ou toute autre personne qui pourrait donner des informations sur sa famille ou Sophie Kollmann, qui a rempli en avril 1978 les documents de témoignage sur Richard Else Cohn et Karoline Cohn, doivent contacter Yoram Haimi par e-mail yoramhi@israntique.org.il », a déclaré Yad Vashem.
Wojciech Mazurek, archéologue polonaise, Haimi et leur confrère hollandais, Ivar Schute, dirigent les fouilles sur le site du camp d’extermination nazi de Sobibor, où 300 000 personnes, majoritairement juives, ont été assassinées pendant l’Holocauste.