EN IMAGES – Arpenter aujourd’hui les routes et les chemins de la petite république caucasienne grande comme la Bretagne, c’est plonger, au cœur d’une nature grandiose, dans la géographie et l’histoire d’une nation qui fut la première à se convertir au christianisme. Et qui a fait de sa foi un élément structurant de son identité.
Première nation convertie au christianisme avant sa voisine géorgienne et l’Ethiopie, le pays a toujours considéré son identité religieuse (et sa langue, si particulière) comme une arme de défense face aux envahisseurs mongols, perses, arabes ou turcs. Aujourd’hui encore, entouré de pays comme l’Azerbaïdjan, la Turquie ou l’Iran, qui ne brillent pas exactement pour leur tolérance vis-à-vis des non-musulmans, l’Arménie, qui revendique parmi ses enfants, pêle-mêle, la reine Néfertiti, Andre Agassi, Edmond Rostand, Gregory Peck ou Cher (sans parler de nos nationaux Charles Aznavour, André Manoukian, Patrick Devedjian, Youri Djorkaeff, Alain Manoukian, Daniel Bilalian et autres frères Petrossian), porte sa foi en bandoulière, de la vallée verdoyante de Goris aux contreforts du mont Aragats en passant par les ruelles ombragées de la paisible Dilidjan, les rives accueillantes du lac Sevan et le plateau pierreux du Shirak, sans oublier les montagnes pelées ou boisées qui entourent (et protègent) le Haut-Karabakh.
Le chiffre est impressionnant: plus de 90 % des Arméniens se disent chrétiens. Découvrir les splendeurs géographiques, topographiques et humaines de ce pays grand comme la Bretagne implique donc d’accepter dans son horizon proche et lointain la vue quasi permanente de croix. Il y a pire vision. C’est peut-être à Erevan, la capitale, cité plus de deux fois millénaire mais défigurée par les invasions perses et turques, puis par les architectes soviétiques (entre 1920 et 1991), que l’empreinte chrétienne est la moins visible.
Ici, on déambule moins volontiers sous la fresque peinte d’un Christ pantocrator que dans les rues commerçantes du centre-ville ou entre les statues de Botero qui bornent la Cascade, grand escalier de pierre blanche qui dégringole jusqu’à l’une des artères nord-sud les plus animées de la ville. A l’heure des tierces ou des nones, on va moins s’agenouiller à l’église que s’en aller visiter quelque musée – le Matènadaran, qui abrite des manuscrits fabuleux, le musée d’Histoire, le Mémorial et le musée du génocide, le musée Paradjanov, reconstitution de la maison et de l’univers poético-onirique du réalisateur pourchassé toute sa vie par les autorités communistes.
Et, le dimanche, après avoir traversé le «pont ivre» (de son vrai nom pont de la Victoire, situé entre deux grandes distilleries de brandy local), on va moins écouter le sermon dominical que se lancer dans de joyeuses palabres (en anglais, en russe, en arménien, en français…) avec les marchands aux puces du Vernissaj proposant bibelots de porcelaine, kilims, bijoux, statuettes et tableaux kitsch sortis des coffres de méritantes Lada ou de poussiéreuses Volga. Le salut est donc à l’extérieur de la Babylone arménienne. Tout proche. A Etchmiadzine.
Sur la route qui conduit à cette petite ville à 20 kilomètres d’Erevan se succèdent d’abord des casinos (interdits en centre-ville) mais bien vite aussi des ateliers de meubles dont les enseignes sont fréquemment encadrées d’une photo du président Serge Sarkissian ou du pape François, venu en visite officielle l’été dernier. Soudain émergent, parmi un champ d’abricotiers, caressées par les doigts d’or d’un soleil encore timide, les ruines de Zvartnots. A l’époque où l’islam s’ébrouait à peine (VIIe siècle) était érigé ici un complexe catholicossal qui, par son influence et la beauté de son audacieuse architecture, rayonnait jusqu’aux rives du Bosphore.
Sur un des reliefs du monastère qui jouxtait la cathédrale, une figure rare: un ouvrier avec son outil à la main. «C’était un monastère socialiste!» s’esclaffe le gardien des lieux, qui souligne en outre que ne figure nulle part la trace d’un donateur ou d’un prince ayant parrainé la construction des bâtiments que mit à bas un séisme au Xe siècle. Encore plus ancienne, voici la cathédrale, bien dressée, elle, d’Etchmiadzine. En ce dimanche paisible, une grande agitation règne à l’entrée du saint-siège de l’Eglise arménienne: on attend le catholicos (le pape arménien), Sa Sainteté Garéguine II, pour célébrer la liturgie.
Une haie d’honneur d’enfants fraîchement baptisés a été constituée entre le monastère voisin, par où il doit arriver, et la cathédrale. Ils sont les élèves d’un établissement dont la construction a été assurée par un businessman argentin, Eduardo Eurnekian – comme d’autres milliardaires de la diaspora arménienne (7 millions recensés, soit deux fois plus que d’habitants en Arménie!), il a mis une partie de sa fortune, acquise dans les médias, au service de la nation de ses ancêtres.
Précédé par deux colonnes de prêtres encapuchonnés de noir et portant des étendards dédiés à la Vierge, avance d’un pas lent le Saint-Père. A son passage, chacun se signe: front, poitrine, épaule gauche, épaule droite… et cœur. Sur le parvis, un groupe de yézidis observe la scène ; ils sont plus de 40 000 à vivre dans le pays, dont un quart ont fui l’Irak pour échapper à la mort (ou la conversion) que leur promettaient les djihadistes de l’Etat islamique. Durant l’office religieux, Garéguine II ne manquera pas de les mentionner en appelant ses ouailles à prier pour «ceux qui, comme notre peuple jadis, sont persécutés pour leur foi» (fût-elle non chrétienne).
Car oui, les Arméniens, par la faute d’un pays situé sur un lieu de passage idéal pour les peuples venant du sud (Perses, Mèdes, Turcs et Arabes) ou de l’est (Mongols) ayant pour objectif le nord et l’ouest (plus riches, plus attirants), ont souvent été conquis, envahis, massacrés, déportés depuis vingt siècles. Leur foi étant indissolublement liée à leur «nationalité», leurs ennemis savaient qu’en s’attaquant aux symboles de celle-là, ils pourraient détruire celle-ci.
Raison pour laquelle églises et monastères arméniens ont, pour la plupart, été conçus comme des enceintes protégées. Soit par une architecture faisant la part belle aux fortifications ; soit dans un espace naturel difficile d’accès où les populations pourraient se réfugier en cas de danger. Conséquence heureuse: ce «pays de pierre» comprimé entre montagnes (la chaîne Pontique et la chaîne du Caucase) et fleuves grandioses (la Koura et l’Euphrate), hérissé de cônes volcaniques, est un éblouissement pour les yeux de qui veut aller à la découverte de l’Arménie chrétienne.
Au sud-est d’Erevan et du pays, en direction du Haut-Karabakh, défilent des paysages majestueux et sauvages où les montagnes ont des formes de jupes plissées ou de visages sévères et où il n’est pas rare de croiser un groupe de renards fouinant aux abords d’un vignoble verdoyant. Dans des décors aussi variés que ceux d’un studio de cinéma hollywoodien des années 60, on passe de vallées encaissées où virevoltent des rivières zigzagantes à des steppes semi-désertiques au bout desquelles se dressent des forêts de chênes ou de noisetiers.
On quitte une zone de sources d’eau chaude revigorante pour s’arrêter devant une succession de mamelons rocheux serrés les uns contre les autres comme pour se chuchoter des secrets. Et toujours, toujours, une église, un monastère, une chapelle, une croix: lieux de mémoire autant que de culte. Dans la plaine d’Erevan, dont les bas-côtés des routes sont occupés par des vendeurs de pastèques d’une fraîcheur divine, voici Khor Virap, à l’ombre du mont Ararat, symbole religieux si cher aux chrétiens – c’est sur ses pentes que se serait échoué Noé avant de fonder une nouvelle humanité: la nôtre – et dont les Arméniens pleurent le rattachement à la Turquie par les aléas tragiques de l’Histoire (seules consolations: ce sommet culminant à plus de 5 000 mètres est visible en de nombreux points du territoire… et figure sur les armoiries du pays, tandis que son nom et sa silhouette se retrouvent aussi bien sur des enseignes de magasins que sur des bouteilles de boissons alcoolisées, des paquets de cigarettes ou des maillots de sport).
Dans un cachot de ce monastère fut enfermé pendant treize ans Grégoire l’Illuminateur avant d’être appelé au chevet du roi païen Tiridate III pour le guérir et le convertir, devenant lui-même ensuite le premier catholicos de l’Eglise arménienne apostolique. Plus au sud, sur le flanc d’une montagne où gambadent des chamois, dans un lieu inaccessible l’hiver quand il est recouvert d’un manteau de neige, le monastère millénaire de Noravank se distingue par son bizarre et étroit escalier en trapèze menant à l’intérieur de l’église Surb Astvatsatsine.
Facile à monter, beaucoup moins à descendre. «Un bon moyen pour rappeler que, si la voie vers Dieu est difficile, renoncer à Lui l’est encore plus», sourit le père Sepouh avant que cet architecte devenu prêtre à 33 ans n’ajoute, en nous tendant une poignée de jujubes fruités, qu’il s’agissait aussi, plus prosaïquement, d’empêcher les Mongols de pénétrer dans l’église avec les chevaux en construisant une porte d’entrée à 4 mètres de hauteur…
Une astuce qui renvoie à d’autres ailleurs, comme peindre le Christ avec des yeux bridés – la garantie que les Mongols respecteraient le lieu -, ou, comme sur un pilier de l’église Sainte-Mère-de-Dieu d’Odzoun, rédiger une inscription en arabe stipulant: «Ici, c’est la maison de Dieu, on ne la détruit pas.» Encore plus spectaculaire: le monastère de Tatèv, qu’on rejoint après avoir franchi le «pont du Diable» au fond de la gorge de Vorotan et grimpé une route digne de nos sinueuses alpines (mais il est possible aussi d’y accéder par le plus long téléphérique à va-et-vient du monde: 5 750 mètres!).
Ici vivaient au Moyen Age plus de 1 000 personnes. Plongé dans un silence seulement troublé par les bêlements de moutons et le bourdonnement d’abeilles voletant autour d’une vingtaine de ruches, le lieu a des allures de château fort. Entouré d’épais remparts piquetés de meurtrières, il servait de refuge pour les paysans de toute la région quand approchaient hordes perses et mongoles. Au milieu de la cour principale trône encore la «cloche tremblante» qui prévenait de l’arrivée des ennemis: la vibration de leurs pas (ou ceux de leurs éléphants!) au pied de la montagne se répercutait sur la cloche, laissant le temps à tous de venir se mettre à l’abri.
Et plus au nord? Sur les bords du poumon bleu de l’Arménie, le lac Sevan, qui survécut miraculeusement à son assèchement façon mer d’Aral ordonné par Staline pour irriguer les plantations alentour, voici le monastère d’Ayrivank qu’entourent affectueusement pins et arbousiers ; l’impressionnant cimetière de khatchkars de Noratous, où chacune des stèles à croix de pierre ornant les 700 tombes et sépultures du lieu raconte une histoire familiale ; les deux églises survivantes du monastère de Sevanavank (IXe siècle), où les étudiants viennent prier avant leurs examens.
Et aussi, surgissant au milieu d’une forêt sombre, tel un château de Bavière de Louis II, l’ensemble de Haghartsine ; recelant une antique bibliothèque (restaurée dès l’époque soviétique), des salles d’études scientifiques datant d’il y a neuf siècles et un khatchkar extraordinaire sur lequel se lit, sous forme d’un svastika, l’alphabet arménien dans son intégralité, le complexe monastique de Sanahin. Sans oublier l’église Sainte-Mère-de-Dieu, posée au cœur de la vertigineuse forteresse d’Akhtala, avec ses murs et ses plafonds entièrement peints, racontant mille scènes de la Bible sous le regard… disparu d’une Vierge Marie dont la tête a été arrachée par le boulet d’un canon.
Trop de religion tue la religion? Il est certes possible d’arpenter les routes d’Arménie sans visiter les vestiges patrimoniaux d’un christianisme oriental originel. Par exemple en s’intéressant à la perdurante influence russe dont témoignent la présence de quelques détachements militaires protecteurs dans la région de Gyumri, des noms de villages commeLermontov ou Kharkov qu’on rejoint après avoir enjambé la passe Pouchkine, le fier cinéma Moscou d’Erevan, etc. De même, les amateurs d’Antiquité s’émerveilleront-ils à Garni, après avoir longé un torrent que surplombent d’extraordinaires orgues basaltiques de 100 mètres de haut («la symphonie de pierres»), en découvrant, flanqué de ses 24 colonnes, le temple hellénistique de Mithra: l’occasion de se souvenir qu’il fut un monde – païen – avant le christianisme.
Mais, quelques kilomètres plus loin, vous voilà rattrapé parle bon Dieu qui guida un jour la main de l’homme pour bâtirle monastère de Geghard, ses coupoles en forme de capuchede moine, sa chapelle rupestre creusée dans la montagne. Avec de la chance, dans ce lieu magique où l’on touche du doigt l’essence de l’Eglise primitive, vous y verrez et y entendrez un ensemble choral féminin entonnant des chants religieux. Ce qui balaiera vos derniers doutes sur l’existence de Dieu. En tout cas en Arménie.
Carnet de voyage
Uile
Pas besoin de visa pour les détenteurs d’un passeport français pour un séjour inférieur à 90 jours. Aucune réglementation sanitaire particulière.
Monnaie: le dram arménien (1 € = environ 550 AMD).
Les meilleures périodes pour se rendre au «pays de pierre»: mai-juin et septembre-octobre, avant et après les grandes chaleurs estivales. Les soirées peuvent être fraîches en montagne.
Y aller
Avec Air France (36.54) : 3 vols directs Paris-Erevan par semaine entre mai et fin septembre (lundi, jeudi et samedi, à partir de 499 € A/R en classe Economique).
Organiser son voyage
Avec Asia (0.825.897.602 ; info@asia.fr). Ce spécialiste du voyage sur mesure dans toute l’Asie propose un circuit privé individuel baptisé «Sainte Arménie», en voiture avec chauffeur anglophone (supplément pour guide accompagnateur francophone). Le circuit de 9 jours/8 nuits part de la capitale, Erevan, et rayonne du sud-est (Goris, Tatèv) à l’ouest (Garni, Geghard), en passant par le lac Sevan, la pittoresque petite ville de Dilidjan et les plus beaux sites religieux du nord du pays (Dzoraguet, Sanahin, Haghbat): à partir de 2461 €, vols compris, demi-pension, chambre double. Départ le samedi, ce qui permet d’assister le dimanche matin à la liturgie dans la cathédrale du «Vatican arménien », à Etchmiadzine. Circuit similaire en groupe (maximum 18 personnes): «Une Arménie intimiste», à partir de 1690 €.
Notre sélection d’hôtels
● A Erevan, Tufenkian Historic Yerevan (00.374.60.501.030). Situé devant le Vernissaj et son marché aux puces, cet hôtel calme et de bon standing est doté de 85 chambres impeccables (à partir de 120 € la nuit).
● A deux pas de la place centrale de la République, le Royal Tulip (00.374.10.591.600) a été récemment rénové et cela se voit et se sent. Avec son lobby vivant jour et nuit, son ascenseur à ciel ouvert et sa terrasse extérieure, ce 5 étoiles vous a des airs de palace stambouliote de la Belle Epoque. Deux piscines dont une intérieure, un spa (bains de vapeur turcs mémorables), un restaurant (le Rossini, d’excellente facture). Entre 99 et 199 € la nuit en chambre double standard.
● A Dzoraguet, le délicieux Tufenkian Avan Dzoraguet (00.374.41.110.007) s’étend au pied des montagnes et au bord d’un torrent aussi sauvage que l’environnement. Chambres traditionnelles décorées avec goût. Terrasses extérieures appréciables. Belles promenades à proximité. A partir de 95 € la nuit.
Nos bonnes tables
A Erevan, les restaurants de cuisine locale – grillades, salades avec herbes aromatiques, riz, fromage, pain traditionnel (lavash) et fruits frais – sont légion et abordables (en moyenne, 8 à 10 € l’entrée, 15 à 20 € le plat principal, copieux).
Nos deux favoris: le Dalan Art Gallery Restaurant (12, rue Abovian), adossé à une galerie d’art située dans une rue pittoresque et animée de la ville près de la place de la République, et le Dolmama (10, rue Pouchkine), dont la cuisine raffinée et très travaillée (compter plutôt 40 € par personne) a déjà attiré les plus grands de ce monde (artistes, chefs d’Etat, sportifs célèbres, etc.).
Dans tout le pays, on trouve des tables plus modestes mais bigrement accueillantes: la jolie maison de la famille Hakhverdian à Dilidjan, la maison-restaurant Garni Tour surplombant les gorges de Garni avec son temple grec à l’horizon, ou, plus chic (écrevisses et truites au menu), le Ashot Erkat sur la pointe d’une péninsule du lac Sevan, avec vue imprenable.
À ne pas manquer
● A Erevan, le Matènadaran abrite plus de 20 000 manuscrits dont plusieurs dizaines exceptionnels, comme cette feuille d’un Coran du VIIIe siècle, ces parchemins perses rédigés avec des pinceaux en poils d’écureuil ou ce Nouveau Testament du VIe siècle avec sa couverture en ivoire.
● Sur les hauteurs de la capitale, le Mémorial et le musée-institut du Génocide permettent de mieux comprendre la tragédie vécue par le peuple arménien (et sa rancœur vis-à-vis des Turcs) et ce, même avant 1915.
● Une visite de la Yerevan Brandy Company (propriété de Pernod Ricard) n’est pas inutile pour qui veut comprendre pourquoi Churchill et Eltsine (sans parler de Kusturica) appréciaient le cognac arménien (notre top 3: Akhtamar 10 ans ; Nairi 20 ans ; Dvin 10 ans).
● Aux portes d’un parc national et de la «Suisse arménienne», la petite ville de Dilidjan a su préserver en partie son habitat rural traditionnel avec ses maisons aux toits d’ardoise pentus flanquées de balcons ouvragés.
● Dans le vieux Dilidjan, on peut s’arrêter dans les boutiques de produits traditionnels, dormir à l’Ananov Guesthouse (entre 50 et 100 € la nuit) et déjeuner au restaurant Haykanouch.
● Près du complexe monastique de Sanahin, le musée Mikoyan, du nom des deux frères à l’origine des célèbres et redoutables avions de chasse MiG, vaut le détour.
À lire
L’Arménie à l’épreuve des siècles, d’Annie et Jean-Pierre Mahé (Découvertes Gallimard) ; L’Etrangère, de Valérie Toranian (J’ai Lu) ; Les Evadés, de Daniel Bilalian (Presses de la Cité) ; Exils arméniens. Du Caucase à Paris, 1920-1945, d’Anouche Kunth (Belin).