Seuls les riches peuvent faire leur alya. Binyamin Lachkar
Seuls les riches peuvent faire leur alya. Les appartements coutent trop chers. La nourriture coute trop chère. Tout coute trop cher. Les salaires sont trop bas. Les diplômes ne sont pas reconnus. La mentalité est trop dure. L’Etat ne donne pas assez d’aides.
Et j’en passe.
Oui c’est dur de faire son alya. Très dur. Surtout à 40 ans avec une famille au milieu de sa carrière. C’est toujours dur d’immigrer dans un autre pays, y compris un pays qui vous encourage à le faire et vous aide à vous intégrer. Encore plus dans un pays culturellement si différent.
Quelques soient les aides et les accompagnements, quelques soient les mesures que nous, olim déjà installés, essayons de faire adopter par les pouvoirs publics pour faciliter la transition, cela demande de vrais sacrifices et de vrais efforts et souvent, une forte baisse de son niveau de vie, au moins au début.
Mais il est temps de dire la vérité aux Juifs de France: les choses ne vont pas s’arranger toutes seules pendant que vous boudez dans votre coin. En fait, plus vous attendrez, plus ce sera difficile.
Combien se disent « ah, si j’avais acheté un appartement en Israel il y a 10 ans quand l’euro était à 5,50 et l’immobilier valait le tiers d’aujourd’hui ». Et bien imaginez-vous dire la même chose dans 10 ans, quand vous regretterez l’euro à 3,90, voire même l’euro tout court qui n’existera probablement plus et que vos francs dévalués ne vaudront rien.
La situation économique et politique en France, sauf miracle, ne va pas s’améliorer. Même si dans quelques jours le pire est évité et aucun des deux extrémistes n’est élu, cela ne sera probablement que reculer pour mieux sauter (surtout si Macron passe).
Plus vous attendrez, plus le moment venu, et il viendra, votre situation se sera dégradée.
Seuls les riches peuvent faire leur alya ? Mais la masse des olim de France vient des classes moyennes et inférieures. Et les Russes, ils sont arrivés millionnaires ? Non, ils ont débarqué sans le sou dans un Israel beaucoup plus pauvre et en crise, ils ont retroussé les manches, ils ont accepté tous les jobs qu’on leur proposait, ils ont aussi su s’organiser en force politique pour défendre leurs intérêts, et ils sont aujourd’hui parfaitement intégrés.
Juifs de France, vous avez le choix – venir maintenant avec toutes les sacrifices et tous les efforts que cela implique, ou bien plus tard quand vous n’aurez plus d’autre alternative, une main devant une main derrière. Vous ne pourrez vous plaindre qu’à vous mêmes (et oui vous adorez vous plaindre c’est à ça qu’on reconnait les Français en Israel).
Quand à la communauté juive organisée en France, il est temps qu’elle prenne ses responsabilités et cesse de se laver les mains des olim. Plutôt que de construire de couteux et inutiles nouveaux centres communautaires, il faudrait au contraire commencer à vendre les biens de la communauté à mesure que les gens partent et créer un grand fonds d’aide pour les olim. Tous les dons, à Israel ou à la communauté, du FSJU, du KKL, du Keren Hayesod et autres seraient redirigés vers ce fonds qui sera vital le jour inéluctable où les retraites cesseront d’être versées ou ne vaudront plus rien. Que les donateurs commencent par faire le ménage chez eux. Quand on sait que la majorité des dons des Juifs de France va à des yeshivot harediot improductives et non-sionistes, du pur gaspillage pire, cela nuit à Israel et son économie, c’est à se tirer les cheveux et devenir fou.
Je suis certain qu’une bonne partie des gens qui vont lire ce post vont penser que j’exagère, que je décris une France apocalyptique sans rapport avec la réalité, que tout va s’arranger au final, que rien ne changera. A ceux ci je réponds: continuez donc à vous enfoncer la tête dans le sable, mais c’est vous qui subirez les conséquences de votre aveuglement, pas moi. Et malgré tout, ne vous inquiétez pas, nous serons là pour vous le moment venu.
Dans quelques jours peut-être, dans 5 ans surement il sera trop tard. Réveillez-vous maintenant et agissez quand vous le pouvez encore !
Binyamin Lachkar