La Brigade spéciale Al Kharsha de Daesh frappe l’Espagne
Cette semaine, l’Espagne a subi le plus important massacre mis sur pied par l’Etat Islamique en Europe depuis les attentats du 12 novembre 2015 à Paris, qui ont pris la vie à 140 personnes, suivis par ceux de Bruxelles du 22 mars 2016, faisant 32 morts (et 3 kamikazes): Zaventem: 14; Maelbeek: 17. L’offensive espagnole a provoqué la mort de 14 civils et supprimé 7 terroristes. Plus de 100 victimes sont encore à l’hôpital, 30 subissant de graves lésions.
Le premier signal est survenu mercredi soir, le 16 août, par deux énormes explosions dans une maison de la ville espagnole d’Alcanar, à 190 km au sud de Barcelone. A l’intérieur, la police a découvert une femme morte, un homme blessé et 20 bonbonnes de gaz butane et de propane. Il s’agissait de toute évidence d’un atelier de fabrication de bombes.
Les journées de jeudi et vendredi, on a assisté à deux attentats en succession rapide : d’abord à Barcelone, où un van a foncé sur des centaines de gens sur le Boulevard de Las Ramblas, tuant 13 personnes et en blessant plus d’une centaine ; puis dans la nuit de vendredi à Cambrils, au sud de Barcelone, où cinq terroristes munis de fausses ceintures d’explosifs dans une Audi A3 sont parvenus à blesser 6 civils dont une femme est morte plus tard et un agent de police,avant d’être tous liquidés dans une fusillade contre la police. C’est alors qu’on s’est aperçu que leurs ceintures d’explosifs étaient fausses et inoffensives.
[Said Aallaa, Mohamed Hychami, Younes Aouyaaqoub, Moussa Oukabir : voici quatre suspects des attentats de Barcelone, selon la presse espagnole qui diffuse leurs portraits.
Mohamed Houli Chemlal (20 ans), né à Melilla a fait exploser le laboratoire de la maison d’Alacanar. Mohamed Houli et Moussa Oukabir (17 ans) se connaissent. Et le fait que le frère de Moussa, Driss (ancien détenu à Gérone en 2012 pour agression sexuelle) a été nommé par des sources policières comme l’auteur présumé du massacre au centre de Barcelone qui a fait 13 morts et 110 blessés a permis de lier les réseaux entre eux.
A partir de là, il devenait évident que les attentats terroristes qui ont ébranlé la Catalogne durant ces trois jours étaient orchestrés par un unique centre de commandement et de contrôle, disposant de dizaines de terroristes armés, soutenus par de nombreux complices. Beaucoup sont toujours en cavale et armés et il se peut donc que la vague de violence soit encore loin d’être maîtrisée.
Les deux suspects capturés par la police catalane à Barcelone sont sous pression maximale pour qu’ils lâchent des informations sur de futures attaques et l’existence de cellules terroristes supplémentaires prêtes à passer à l’action.
Au début du mois, les médias britanniques ont dévoilé l’existence de la Brigade Al Kharsha, mise au point en Syrie par Daesh, afin d’entraîner les terroristes détenant des passeports européens afin de mener es frappes dans les villes du continent. L’information émanait directement de djihadistes et capturés par les milices kurdes et leurs services de renseignements au sein des Forces Démocratiques Syriennes, à l’assaut de Raqqa. Ces révélations étaient apparemment destinées à préparer le public britannique à un nouveau regain de terrorisme.
Les sources anti-terroristes de Debkafile ont révélé que le véritable nom de cette brigade est l’Amniyat Al-Kharji [dont JForum a déjà parlé en août 2016]. Les recrues entreprennent un entraînement exceptionnellement dur. On les traite aussi psychologiquement pour survivre au premier stade d’un attentat sufisamment longtemps pour le prolonger de façon à faire le maximum de victimes, tout en acceptant leur propre mort à moyen terme pour la cause. Peu parmi la centaine de recrues ayant rejoint cette brigade parviennent à achever leur formation comme vraiment aptes à la profession de terroristes. Les autres sont renvoyés dans leurs pays d’origine où on leur demande d’attendre un signal pré-arrangé afin d’entrer en action. Une poignée reste en Syrie pour agir comme agents de liaison entre le centre de commandement central de Daesh et les cellules clandestines implantées dans de nombreux pays. Selon certains experts des renseignements occidentaux [dont Gilles de Kerchove, coordinateur européen de l’antiterrorisme], quelques 50 terroristes de Grande-Bretagne, de France, Allemagne, Espagne et Belgique ont mené jusqu’au bout la formation d’instruction au sein de la Brigade Al Kharsha et sont pleinement qualifiés pour commettre des attentats de masse provoquant une quantité d’atrocités, dans leurs pays d’origine.
On estime également que parmi les 5000 djihadistes européens combattant en Syrie et en Irak jusqu’au début 2017, un tiers, soit environ 1.600 sont déjà revenus dans leurs pays d’origine. Il n’y a pas d’information disponible permettant de savoir combien exactement demeurent engagés à mener jusqu’au bout la voie de la terreur. On pense que les 3.400 hommes restés en Syrie sont impliqués à diverses missions – soit dans le cadre des unités de combat de Daesh, soit dans le développement de programmes d’armements, afin de produire des articles visant à armer l’organisation pour faire face aux offensives. Ces fabriques fabriquent probablement les planeurs explosifs aperçus sur différents théâtres de combat syriens et irakiens.
Les services de renseignement en Israël et dans les pays occidentaux ont encore du mal à accepter l’idée que l’Etat Islamique dirige une véritable « armée régulière », dont les batailles et les opérations terroristes sont orchestrées par un seul et même commandement centralisé, qu’elles se déroulent en Syrie, en Irak, n’importe où ailleurs au Moyen-Orient ou en Europe. Cette posture de déni permet aux autorités de décharger leurs services de renseignement de toute responsabilité, chaque fois qu’ils ne sont pas ne mesure d’empêcher des attaques.
Mais cela signifie aussi qu’ils sous-estiment Daesh en tant que machine de guerre sur le champ de bataille, bien que leurs offensives démontrent un niveau de planification digne d’une armée professionnelle, en ce qui concerne la disposition des forces. Quand elles sont surclassées, les unités armées de l’Etat Islamique battent en retraite de façon disciplinée, comme on l’a observé en Syrie et en Irak.
Daesh revendique bien certaines des opérations terroristes menées par des extrémistes locaux à leur propre initiative, sans ordre provenant de l’extérieur. Mais le déchaînement de trosi jours de violence qui a frappé l’Espagne cette semaine porte toutes les empreintes de la planification et de l’organisation par Daesh.
DEBKAfile Reportage Spécial 18 août 2017, 3:08 PM (IDT)
Adaptation : Marc Brzustowski
Et ce n’est pas fini :
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