- Le cheikh Abdallah Tamimi et ses collègues ne croient pas aux boycotts et désinvestissement. Ils sont convaincus qu’on peut parvenir à une véritable paix grâce à un dialogue entre les Palestiniens et tous les Israéliens, pas simplement ceux qui sont associés à la gauche. La gauche israélienne, affirment-ils, n’a pas de monopole pour établir la paix.
- Pour Abdallah Tamimi, une véritable paix commence entre les peuples, grâce à une coopération économique ainsi qu’une amélioration des conditions de vie des Palestiniens. Ce qui, explique-t-il, est plus important que de parler de l’établissement d’un État palestinien ; une option pas très réaliste dans les circonstances actuelles, estime-t-il. Une notion qui va à l’encontre de ceux qui prônent une « anti-normalisation » et d’autres, en Occident, qui, de toute évidence, agissent contre les véritables intérêts des Palestiniens en promouvant boycott et désinvestissement contre Israël.
- Un leadership vénal a toujours été la tragédie majeure des Palestiniens. Mais cela a créé un vide qui donne l’occasion à des Palestiniens comme Abdallah Tamimi de chercher d’autres alternatives. Ce qui est bien sûr, une mauvaise nouvelle pour ceux qui ont la haine d’Israël et continuent à espérer pouvoir détruire cet État. La question étant maintenant de savoir qui va l’emporter : les Palestiniens et leurs voisins juifs de Cisjordanie qui veulent vivre en paix ou les militants anti-palestiniens, anti-israéliens, « anti-normalisation », qui cherchent à tout prix à faire dérailler une paix véritable ?
De toute évidence, le cheikh Abdallah Tamimi, qui appartient à un clan influent de Hébron, est un Palestinien extraordinairement courageux et exceptionnel. Sa bravoure ne vient pas du fait qu’il a sauvé un enfant d’une maison en feu et sa singularité ne vient pas du fait qu’il fait don de son salaire à un orphelinat.
Le courage et le caractère exceptionnel d’Ahmed Tamimi se sont manifestés dans un autre domaine : il a récemment pris la parole lors d’un séminaire organisé par des habitants juifs de l’implantation d’Efrat, dans le Gush Etzion ( au sud de Jérusalem). Le séminaire avait cet intitulé : « Relations entre Juifs et Arabes dans le Gush Etzion ». À cet événement assistait un autre Palestinien courageux, Khaled Abu Awwad, Directeur général du Forum Israélo-Palestinien des Familles Endeuillées, une organisation de base, qui encourage la réconciliation comme alternative à la haine et la vengeance.
En raison de cette position courageuse, Abdallah Tamimi a été « renié » par son clan. Ce qui est la forme de punition la plus humiliante dans un système tribal : l’individu perd le soutien et la protection du clan et est boycotté socialement : les mariages et les enterrements deviennent alors bien solitaires. De plus, Abdallah Tamimi est catalogué comme « traître » et « collabo » pour Israël.
Abdallah Tamimi a bien participé au séminaire. Mais ce n’est pas tout. Il y a amené avec lui des Palestiniens de la ville de Yatta dans la région de Hébron et du camp de réfugiés de Jelazoun près de Ramallah.
Des rencontres entre des habitants juifs des implantations et des Palestiniens ne sont pas sans précédent. Des milliers de Palestiniens travaillent dans la plupart des implantations et beaucoup d’autres ont des relations suivies avec les habitants d’implantations et font du commerce avec eux au quotidien. Ces Palestiniens se moquent complètement du mouvement de boycott anti-israélien ou des groupes « anti-normalisation » qui opèrent en Cisjordanie.
En ce qui les concerne, la nécessité de gagner leur pain pour leur famille l’emporte de loin sur les voix qui appellent à des boycotts et désinvestissements. Ces Palestiniens ordinaires s’efforcent de mener leur vie sans redouter les menaces des militants en faveur du boycott.
Abdallah Tamimi et ses collègues ne croient pas aux boycotts et désinvestissements. Ils sont convaincus qu’on peut parvenir à une véritable paix grâce à un dialogue entre les Palestiniens et tous les Israéliens, pas simplement ceux qui sont associés à la gauche. La gauche israélienne, affirment-ils, n’a pas de monopole pour établir la paix.
En ce qui concerne Abdallah Tamimi, une véritable paix commence entre les peuples, grâce à une coopération économique ainsi qu’une amélioration des conditions de vie des Palestiniens. Ce qui, explique-t-il, est plus important que de parler de l’établissement d’un État palestinien, une option pas très réaliste dans les circonstances actuelles, estime-t-il.
Dans son discours lors du séminaire, Abdallah Tamimi a souligné que la paix et le calme ne viennent pas toujours des « pacifistes » et des gauchistes.
« Dans le cadre de notre travail nous recherchons la droite en Israël, les durs de la société israélienne et les habitants d’implantations pour nous asseoir avec eux et parler, » dit-il. « Il y a beaucoup de choses qu’ils doivent savoir sur l’islam et le Coran. Ce dialogue devrait être la base pour toute future solution. »
Insistant sur le fait que le conflit israélo-palestinien est politique et non pas religieux, Abdallah Tamimi a dit à son public juif que de nombreux groupes palestiniens qui prétendent représenter l’islam n’en sont pas des représentants authentiques. « Ils utilisent l’islam comme passerelle pour arriver à leurs fins mais en réalité ils ne représentent pas l’islam, » souligna t-il. Abdallah Tamimi faisait clairement référence au Hamas et à d’autres groupes islamistes radicaux palestiniens, bien qu’il n’en donna pas le nom.
Abdallah Tamimi a révélé qu’il est actuellement en contact avec treize dirigeants religieux islamiques importants en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, pour répondre aux besoins humanitaires quotidiens de la population palestinienne et attirer l’attention du public. « Les besoins humanitaires des gens figurent tout en haut de notre liste de priorités, » dit-il. « Nous ne voulons pas de bain de sang. Nous avons des besoins et nous exigeons qu’il y soit répondu par tous les moyens disponibles. » Il croit que les Israéliens, comme les Palestiniens, devraient s’investir dans le dialogue, notamment entre les dirigeants religieux des deux côtés, pour parler des intérêts qu’ils partagent. « Nous devons nous asseoir ensemble et nous comprendre », a-t-il ajouté. « Cela aidera les dirigeants à prendre des décisions. Nous voulons que les deux peuples mènent une vie digne. »
Abdallah Tamimi n’est pas une voix solitaire qui crie dans le désert. Il représente un nombre croissant de Palestiniens qui ont perdu toute confiance dans la capacité qu’ont leurs dirigeants à améliorer leurs conditions de vie et à parvenir à la paix et la stabilité dans la région. Ces Palestiniens soutiennent l’idée d’une « paix économique » entre les deux peuple, une notion qui va à l’encontre de ceux qui prônent une « anti-normalisation » et d’autres, en Occident, qui, de toute évidence, agissent contre les véritables intérêts des Palestiniens en promouvant boycott et désinvestissement contre Israël.
De manière ironique, alors que ceux qui espèrent détruire Israël font campagne pour des boycotts et autres façons de lui nuire, un nombre croissant de Palestiniens progressent dans la direction opposée.
Abdallah Tamimi n’est pas qu’un simple Palestinien ordinaire. En plus d’être un dignitaire islamique, il appartient à l’un des clans les plus importants d’Hébron. Alors que l’on assiste à une incitation à la haine et un endoctrinement acharnés de la part du Hamas et de l’Autorité palestinienne, il est encourageant de voir et d’entendre un religieux islamique se dresser pour exprimer un discours de véritable paix. Les seuls religieux islamiques que nous avons vu ces dernières années sont ceux qui prêchent la haine contre Israël, les Juifs et les « infidèles ».
Mais, bien sûr, il y a un prix à payer pour la position audacieuse que prend Abdallah Tamimi. Peu après que la tenue du séminaire et la teneur de ses remarques ont été rapportés par la chaîne Channel 10 de la télévision israélienne, un homme se présentant comme le chef (mukhtar) du clan Tamimi a publié une déclaration condamnant vigoureusement le religieux « corrompu » pour avoir rencontré des habitants juifs d’implantations.
Cet homme, Hijazi Tamimi, a écrit sur Facebook qu’en tant que chef du clan d’Hébron il n’autorisait aucun membre de sa famille à rencontrer des habitants des implantations :
«Tant que je vivrai, je ne permettrai à aucun membre de mon clan de rencontrer des colons, quelles que soient les circonstances, En mon propre nom et celui du clan Tamimi, nous annonçons notre décision de renier la personne mentionnée ci-dessus [Abdallah Tamimi], de condamner ce qui a été dit dans le rapport télévisé et de remettre en question sa crédibilité. Quiconque veut discuter de questions politiques doit s’adresser au président élu du peuple palestinien, Mahmoud Abbas. »
Ce que le chef du clan a négligé de noter est que le président ‘élu’ est aujourd’hui dans la onzième année de son mandat de quatre ans. Il oublie aussi de mentionner que tous les Palestiniens ne sont pas d’accord avec la politique de Mahmoud Abbas et de son Autorité palestinienne et considèrent que les boycotts et le désinvestissement portent tort aux intérêts de leur peuple. Le rejet répété par Abbas de retourner à la table des négociations ou d’accepter, sans préconditions, la tenue d’un sommet avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n’étaient pas notés non plus.
D’autres membres du clan se sont joints à l’attaque contre Abdallah Tamimi et ont demandé qu’il soit puni pour avoir rencontré des habitants d’implantations. « Qui est ce type qui prétend être un cheikh ? » a demandé Qassem Tamimi. « C’est le rabbin Abdallah. Il n’est pas des nôtres et n’a aucun lien avec notre clan. »
Abdallah Tamimi est une rare voix de bon sens parmi les responsables religieux palestiniens qui, pour la plupart, s’emploient à cracher leur haine contre Israël et les Juifs dans les mosquées et les organes de presse.
Mais le message d’Abdallah Tamimi reflète un mécontentement croissant concernant la manière dont les dirigeants palestiniens gèrent les affaires de leur peuple. La semaine dernière les Palestiniens ont reçu un nouveau rappel des méfaits des gouvernements de l’Autorité palestinienne et du Hamas lorsque la décision de suspendre les élections locales prévues pour le 8 octobre a été annoncée. La décision, prise par la Cour Suprême palestinienne, n’a pas surpris beaucoup de Palestiniens. Elle est intervenue après des semaines d’accusations mutuelles et de tensions entre les deux partis rivaux, chaque parti s’en prenant aux candidats de l’autre bord en les arrêtant, les harcelant ou en disqualifiant leur liste.
Un article publié ici en juillet dernier mettait en doute la capacité des Palestiniens de tenir des élections justes et libres, surtout à la lumière des tensions permanentes entre la faction du Fatah d’Abbas et le Hamas, et les querelles internes au sein du Fatah. Cet article notait aussi que Mahmoud Abbas s’embarquait dans un énorme pari en autorisant des élections locales.
Une fois de plus, l’Autorité palestinienne et le Hamas ont déçu leur peuple ; ils ne sont même pas capables d’assurer que se tiennent des élections justes et libres. Un leadership vénal a toujours été la tragédie majeure des Palestiniens. Mais cela a créé un vide qui donne l’occasion à des Palestiniens comme Abdallah Tamimi de chercher d’autres alternatives. Ce qui est bien sûr, une mauvaise nouvelle pour ceux qui ont la haine d’Israël et continuent à espérer pouvoir détruire cet État à coups de boycotts, d’attaques au couteau, d’attaques avec des voitures bélier, entre autres. La question étant maintenant de savoir qui va l’emporter : les Palestiniens et leurs voisins juifs de Cisjordanie qui veulent vivre en paix ou les militants anti-palestiniens, anti-israéliens, « anti-normalisation », qui cherchent à tout prix à faire dérailler une paix véritable?