Vol Malysia Airlines: des fichiers effacés de l’ordinateur du pilote Zaharie Ahmad Shah
Pourquoi des fichiers essentiels ont-ils été effacés du disque dur du pilote de l’avion avant qu’il prenne les commandes du vol MH370 de Malaysia Airlines ?
Selon le ministre des transport malais Hishammuddin Hussein, les enquêteurs qui ont fouillé sa maison ont découvert que le Capitaine Zaharie Ahmad Shah, pilote du vol MH370 de Malaysia Airlines disparu, s’est longuement entrainé sur son flight simulator à faire atterrir un Boeing 777 sur une distance de 1000 mètres au lieu des 1500 mètres nécessaires, et que des fichiers de plan de vol ont été effacés du disque dur de son ordinateur.
• Les enquêteurs ont également découvert que Shah, avec son Flight Simulator, s’entrainait sur cinq aérodromes situés dans l’Océan indien, en Inde, au Sri Lanka, dans les Maldives et sur l’île de Diego Garcia. Et il se trouve que les derniers relevés satellites indiquent que l’un des deux corridors que l’avion pourrait avoir suivi mène vers l’Océan indien…
• Le plan de vol du Boeing a maintenant été fortement resserré par l’utilisation de données affinées des signaux satellites à deux couloirs aériens précis :
• Une photo de Shah a commencé à apparaître, et qui pourrait – je dis bien pourrait au conditionnel – constituer la clef du mystère de la disparition du vol Malaysia Airlines : Zaharie Ahmad Shah portant un T-shirt avec imprimé le slogan « la démocratie est morte » (Democracy is Dead), après que l’on ait appris que Shah était un militant anti-gouvernemental. Il était un fanatique supporter du leader de l’opposition Anwar Ibrahim, fondateur d’un mouvement réformiste islamique anti-corruption, qui a été emprisonné pour homosexualité et sodomie quelques heures avant la disparition de l’avion, un enfermement que beaucoup considèrent comme politique.
• Quelques heures avant le vol qui a disparu avec ses 238 passagers et l’équipage, Shah était dans la salle d’audience, à Kuala Lumpur, du procès controversé où Ibrahim a été emprisonné pour cinq ans. « Ses collègues ont clairement affirmé qu’il était politiquement très engagé, et qu’il était un fervent supporter d’Anwar Ibrahim », a déclaré un enquêteur, »Un de ses collègues nous a même dit qu’il était ‘obsédé’ par la politique ».
Anwar Ibrahim
• La veille le vol, sa femme dont il était divorcé mais qui vivait encore sous le même toit avec ses trois enfants, ont quitté le domicile familial, situé dans la banlieue chic de Kuala Lumpur à Shah Alam, selon le FBI.
• La police malaise a maintenant demandé l’aide du FBI afin de faire des recherches dans le passé politique et religieux de Shah et de son co-pilote Fariq Abdul Hamid, car deux ordinateurs portables ont été discrètement emportés du domicile d’Ahmad Shah par des policiers, bien que les officiels aient constamment nié que sa maison ait été précédemment fouillée ou même visitée.
• Lors d’une conférence de presse ce mercredi 19 mars, l’enquête a révélé que de fichiers vitaux du programme Flight Simulator du pilote ont été effacés avant le décollage. « Des fichiers ont été effacés du Simulator. Les inspecteurs sont en train de rechercher les fichiers, » a déclaré Hussein. “Pour l’instant, aucun information d’importance significative a été fournie au sujet des passagers,” a-t-il ajouté, insistant sur le fait que « les passagers et les membres d’équipage restent innocents tant que leur culpabilité n’est pas établie.” Selon le New York Times, les fichiers pourraient avoir été effacés il y a un mois. Khalid Abu Bakar, l’inspecteur général de la police malaise a déclaré que « les experts sont en train de regarder les logs » sans faire plus de commentaires. Il est vrai que les autorités malaises n’ont pas démontré de grandes capacités à communiquer, le pays étant peu habitué à la liberté de la presse et à une exposition internationale aussi intense.
• Les autorités locales ont enquêté sur un passager de 29 ans, Mohamad Khairul Amri Selamat, qui est ingénieur aviation, et qui travaillait pour la société privée de charter Execujet Aviation Group, selon Reuters. « Oui, nous enquêtons autour de Mohd Khairul ainsi que pour d’autres passagers et membres de l’équipage, toute personne qui pourrait avoir de l’expérience avec cet avion, » a déclaré un policier à Reuters.
• Hishammuddin, le ministre des transports, a déclaré que les fiches de tous les passagers étrangers ont été reçues d’agences étrangères à l’exception de ceux de Russie et d’Ukraine, qui concernent trois passagers. Et aucune des recherches n’a été fructueuse, et aucune demande de rançon n’est parvenue au gouvernement. « Cela rend les choses difficiles pour vérifier s’il s’agit d’un détournement ou d’un acte terroriste, » a-t-il déclaré, ajoutant que les deux pilotes n’ont pas fait la demander de voler ensemble.
• On savait depuis quelques jours déjà que les systèmes de communications de l’appareil ont été coupés par une personne à l’intérieur du cockpit. Le fait nouveau est que les appareils de communication ont été coupés à un moment extrêmement précis : les nouvelles données satellites montrent « avec un haut degré de certitude » que l’un des appareils de communication – l’ACARS a été débranché juste avant d’atteindre la cote est de Malaisie. ACARS est un service qui permet aux ordinateurs de bord de relayer vers le sol les informations de vol concernant la bonne santé de l’avion. Et peu de temps après, près de la ligne qui sépare les contrôleurs aériens vietnamiens et malais, le transpondeur de l’avion, qui émet des signaux d’identification, a été déconnecté. Les systèmes de communication ont donc été débranchés dans une no radar zone, ce qui rendit l’avion impossible à détecter des instruments commerciaux.
• Ceci, plus la façon dont l’avion a volé de mains d’expert au dessus de l’Océan indien en utilisant les points de navigation, indique que seul un pilote très expérimenté pouvait avoir pris le contrôle de l’avion, et démontrait qu’une « action délibérée » a été prise depuis l’intérieur de l’avion. Et aucun membre d’une organisation terroriste de la région, selon le FBI, ne possède le savoir faire suffisant pour faire ainsi voler un Boeing 777.
• Les groupes terroristes de l’Asie du sud est tels que Jemaah Islamiah (JI), responsables des attentats terroristes de Bali en 2002, sont inactifs depuis plusieurs années après qu’un certain nombre d’entre eux ont été arrêtés ou abattus par les forces de sécurité. Les experts doutent que les terroristes restant ont le savoir faire ou la capacité de préparer un détournement d’avion complexe. « JI n’a pas été impliqué dans des actions violentes dans la région depuis 2007, » a déclaré Sidney Jones, directeur d’un institut d’analyse des conflits basé à Jakarta. « Les autres groupes actifs en Indonésie qui tentent de commettre des attentats terroristes ne sont pas très compétents. Je serais très surpris si un groupe indonésien, philippin ou malaysien était directement mêlé à ce détournement. »
• Ce qui n’a pas empêché Israël de relever sa sécurité de crainte que l’avion a pu être capturé pour être ensuite utilisé comme une arme par les islamistes, et Tuvia Livneh, l’ancien chef de la sécurité d’El Al, la compagnie aérienne israélienne, a déclaré que selon lui, l’hypothèse la plus plausible est que l’avion a été détourné. D’autres sources israélienne craignent que l’Iran puisse être derrière la disparition de l’avion, notamment en raison de la présence de deux passagers iraniens porteurs de passeports volés.
• Ci dessous, la carte des 634 pistes d’atterrissage réparties sur 26 pays que l’avion peut avoir utilisé pour atterrir. Cependant, selon un pilote de 777-200, cet avion peut également atterrir sur une route. Pour cet avion, “une piste n’a même pas forcément besoin d’être pavée, et une terre très compacte serait suffisante.”
• D’autres théories – qui ne peuvent être écartées, laissent penser que l’avion a connu des problèmes techniques, ou une attaque du style du 11 septembre où les passagers de l’avion se sont révoltés et ont poussé les terroristes à renoncer à leur projet et l’ont percuté en mer. Pourtant, aucun débris d’avion n’a été repéré.
• Cependant, les enquêteurs ont maintenant acquis la certitude que les transpondeurs de l’avion ont été éteints exactement 14 minutes après que les pilotes ont échangé avec la terre un “All right, good night,” (d’accord, bonne nuit), et donc 12 minutes avant que l’avion ne change de destination et fasse demi tour.
• Selon l’avocat spécialisé dans le droit aérien et l’aviation James Healy–Pratt, et qui conseille certaines familles des passagers disparus, Malaysia Airlines a renoncé à acheter les systèmes de surveillance des avions de Boeing qui écoutent les systèmes de navigation en temps réel, et auraient pu alerter de tout problème potentiel, au lieu d’attendre de retrouve les boites noires (qui sont d’ailleurs oranges). « Si les transpondeurs ont été manuellement débranchés, espérons que les boites noires n’ont pas elles aussi été débranchées manuellement, sinon, nous ne saurons jamais ce qu’il s’est vraiment passé ».
Le British Sunday Telegraph a révélé que Saajid Muhammad Badat, un informateur d’al-Qaida, a indiqué aux autorités britanniques lors du procès qui se déroule dans le Connecticut qu’il était au courant d’un projet terroriste assez ancien d’un groupe de Malaysiens — l’un d’entre eux étant un pilote, de détourner un avion de ligne. Et selon les experts en sécurité, le témoignage est crédible. Badat, qui vit caché, a déclaré qu’il a rencontré les jihadistes malais – dont l’un deux était pilote – en Afghanistan, et qu’il leur a remis une chaussure équipée d’une bombe dans le talon afin de prendre le contrôle d’un avion. “Ces actes terroristes prennent beaucoup de temps à être planifiées,” a déclaré un expert britannique. Témoignant au procès de Sulaiman Abu Ghaith, le gendre d’Osama bin Laden, Badat a déclaré : “J’ai donné une de mes chaussures aux Malaysiens. Je pense que c’était pour accéder au cockpit.”
Concernant la disparition de l’avion, la réalité est que, d’après les analystes, la plus grosse partie de l’espace aérien au dessus des océans, et dans bien des cas au dessus des territoires, n’a pas de couverture radar sophistiquée ou correctement contrôlée. Les lacunes de la défense aérienne du sud est asiatique sont identiques à d’autres partie du monde développé, et sont encore plus grandes dans les zones avec des tensions géopolitiques faibles. « Plusieurs nations seraient embarrassées d’apprendre combien il est facile de traverser leur espace aérien, » a expliqué le Vice Marshal Michael Harwood, un pilote et ex-conseillé à la défense à Washington, en retraite de la British Royal Air Force. « Beaucoup de films de drone font penser que nous savons tout et que nous voyons tout. La réalité est que vous en avez toujours pour votre argent. Et le monde, en majorité, ne veut pas dépenser son argent. »
« Il est difficile de dire exactement pourquoi les radars militaires n’ont rien remarqué, » explique Elizabeth Quintana, chercheur à l’institut du Royal United Services de Londres. « C’est peut être parce que l’avion volait bas, ou que les opérateurs militaires cherchaient d’autres formes de menaces comme par exemple des avions de combat rapides, et qu’ils ont considéré que l’avion de ligne n’était pas leur problème. »
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.