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Lanzmann, infatigable, continue d’exhumer le « trésor » amassé pour « Shoah » i24 news

By 21 janvier 2018Le mot du jour

Le réalisateur Claude Lanzmann pose pour la présentation de son film, « Napalm », le 21 mai au Festival de Cannes 
Anne-Christine POUJOULAT (AFP)
Malgré ses 9 heures 30, « Shoah », le documentaire monument, avait dû laisser de côté des témoignages inédits

A 92 ans, le cinéaste Claude Lanzmann continue inlassablement d’exhumer les trésors amassés lors du tournage de son documentaire « Shoah », livrant avec « Les quatre soeurs » un nouvel éclairage sur l’extermination des juifs par les nazis.

Malgré ses 9 heures 30, « Shoah », le documentaire monument, avait dû laisser de côté des témoignages uniques, inédits, recueillis au fil des douze années de travail qu’a demandées le projet, et éparpillés sur 350 heures de pellicule tournées entre 1976 et 1981.

Il y a donc eu « Un vivant qui passe » (1999), « Sobibor » (2001), « Le rapport Karski » (2010), « Le dernier des injustes » (2013) et aujourd’hui ces « quatre soeurs », qui sera diffusé sur Arte les 23 et 30 janvier et disponible fin janvier en DVD.

Pourquoi avoir attendu 35 ans pour faire un film avec leur histoire ?

« Pour beaucoup de raisons. Je ne pouvais pas faire un film de 30 heures (pour « Shoah »). Cela n’avait pas de sens », a expliqué Claude Lanzmann dans un récent entretien à l’AFP lors d’un passage à New York.

Il n’y avait pas, à l’époque, de producteur « assez fou » pour s’engager dans un projet d’une telle ampleur, ou dans une série de films comme ceux qui ont été réalisés par la suite, « et capable de donner l’argent, par dessus le marché », se souvient le metteur en scène.

Malgré cette incertitude quant à l’utilisation finale de ses bandes, Claude Lanzmann a choisi, durant ces années, de filmer, inlassablement, pour documenter des témoignages qui seraient aujourd’hui inaccessibles car les témoins ont disparu.

« Je m’en foutais, cela n’avait pas d’importance pour moi », dit-il. « Finalement, pour moi, faire un film, c’était assez secondaire » « et ça, je ne l’ai pas compris tout de suite. »

JOEL SAGET (AFP/Archives)Le cinéaste et écrivain français Claude Lanzmann, le 11 février 2016 à Paris
JOEL SAGET (AFP/Archives)

Le réalisateur se souvient notamment d’avoir tourné durant une semaine entière, du matin au soir, avec Benjamin Murmelstein, personnage central du « Dernier des injustes ».

« J’étais tellement étonné, au sens fort, sidéré par ce que j’apprenais, que ce qui me paraissait important, capital, c’était d’avoir ce matériel. »

« C’était une garantie contre la perte », fait-il valoir. « Et la perte, dans des cas pareils, je trouve que c’est très grave. »

D’autres films à venir ?

C’est ainsi que se sont imposées, tout droit sorties des années 70, ces « quatre soeurs » qui ne le sont pas vraiment mais que Claude Lanzmann a décidé de réunir.

« Je les ai choisies parce qu’elles me paraissaient remarquablement intéressantes », explique le réalisateur. « Chacune a connu le sommet, le comble, l’acmé de l’horreur et de la souffrance. C’est quelque chose qui les lie. »

Il n’y a pas d’échelle dans l’insoutenable, mais parmi ces quatre femmes, l’image de Ruth Elias reste en tête: toute jeune femme, elle a tué sa propre fille, bébé, à Auschwitz pour ne pas la laisser mourir de faim comme le lui avait ordonné Josef Mengele, le médecin nazi avide d’expérimentations horribles.

Ces témoignages, dont certains éléments sont révélés pour la première fois, sont d’autant plus forts que ces femmes, toutes décédées aujourd’hui, s’expriment sur un ton posé, dans une langue précise, sans aucune effusion ou presque.

Elles ne font pas que témoigner, pourtant, insiste Lanzmann. Elles revivent, en le racontant, le moment le plus douloureux de leur existence.

Alors que beaucoup de documentaires s’appuient sur la musique, des extraits de films d’archives, des dessins ou des parties animées pour étoffer le récit, Claude Lanzmann s’en tient à un montage de plans de ces femmes, voire de leur mari, sans aucun artifice.

Le résultat est plus épuré encore que dans « Shoah » ou la plupart de ses autres films sortis depuis, dans lesquels il s’autorisait des plans extérieurs, voire de la mise en scène avec la célèbre scène du conducteur du train de la mort Henrik Gawkowski dans « Shoah ».

Après un documentaire fleuve et cinq longs métrages, Claude Lanzmann compte-t-il encore tirer d’autres films des bandes accumulées pour « Shoah » ?

« Pourquoi pas ? Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre. Mais peut-être que je vais faire encore 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 films… »

Voir aussi:

« Napalm »: Claude Lanzmann raconte son histoire d’amour nord-coréenne à i24NEWS

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