Le 29 janvier dernier, Vosges matin (1) annonçait que « la société spinalienne Aubriat, petite entreprise familiale de traitement de charpente contre la mérule (surnommé «champignon des maisons»), était contactée pour effectuer un traitement antifongique sur la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
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Édouard Aubriat, le jeune dirigeant, remporta le chantier qui dura deux semaines, en février 2018. Il fut assisté de trois employés. Avant lui, un entrepreneur verdunois avait assuré des travaux sur la toiture de plomb de la cathédrale.
Un gardien pour surveiller tout feu qui se déclarerait dans les combles
Suite aux travaux de traitement du bois, le conservateur des monuments historiques de l’édifice demande à Aubriat un devis pour le traitement de la flèche de l’édifice.
La journaliste de Vosges matin, Sabine Lesur, précise qu’elle est gardée contre tout risque d’incendie.
[La flèche] possède un gardien dédié pour surveiller tout feu qui se déclarerait dans ses combles. Cette même flèche que l’on aperçoit au centre du transept entre les deux tours et qui mesure 125 mètres de haut. Elle cache sous ses habits de zinc, du bois à préserver. »
Témoignage de l’entreprise qui a traité la charpente
Au micro de la radio locale Magnum radio (2), Edouard Aubriat témoigne des conditions de sécurité qui entouraient le chantier.
« J’ai eu le privilège d’entrer dans cette charpente.
On entend beaucoup depuis 24 heures que la sécurité n’était pas optimale, moi ce que j’ai pu constater, c’est une sécurité renforcée et très importante, plus importante que ce que je n’ai jamais vu. Aussi bien en termes d’alarme au feu que de protection des personnes.
Quand j’entends dire que tout n’a pas été fait, moi à l’époque, j’ai constaté une sécurité plus qu’accrue.
Le plomb qui se trouvait au-dessus pouvait amener un départ de feu important, et il y avait une attention plus que particulière là-dessus. »
Une vidéo de la charpente, véritable témoignage historique
Nous avons retrouvé une vidéo de la charpente du toit de Notre-Dame, filmée en janvier 2019, tel qu’elle était avant l’incendie. Cette vidéo est maintenant un morceau d’histoire.
En légende, l’entreprise donne les précisions techniques suivantes :
Notre équipe a traité une charpente du XIIIe siècle dans les combles au niveau du transept de l’édifice. Le traitement a nécessité un mode opératoire sur mesure pour atteindre les poutres qui se situent à plus de 10 mètres de hauteur. Nous avons utilisé un gel par pulvérisation via une lance télescopique qui permet de préserver les bois à très long.
Des incendies fréquents
Sur Twitter, un opticien partage l’analyse de son père, qui semble bien connaître le sujet, dont c’est « la marotte ». Le point de vue est intéressant et solidement argumenté. Il est évoqué par plusieurs médias.
Hypothèse intéressante, mais qui sera démentie par l’architecte des monuments historiques chargé de la restauration de la flèche, dont l’entreprise Europe Echafaudages a installé l’échafaudage.
«Les travaux n’avaient pas encore débuté, seuls les échafaudages étaient en cours de montage», a confirmé l’architecte en chef des monuments historiques chargé de la restauration de la flèche, François Chatillon.
«L’hypothèse du point chaud (provoqué par une soudure) n’est donc pas la bonne», a-t-il précisé. Le feu serait donc bien parti d’un échafaudage.
Quinze personnes entendues en deux heures ont suffi à rejeter la piste criminelle
Dès lundi soir, plusieurs ouvriers … rapidement identifiés par les enquêteurs, ont été interrogés en «audition libre» par les policiers de la brigade criminelle de Paris.
Mardi en fin de matinée, une quinzaine de personnes avaient été entendues.
Le procureur de Paris, Rémy Heitz, avait ouvert lundi en début de soirée une enquête préliminaire et confié les investigations à la direction régionale de la police judiciaire.
Moins de deux heures plus tard, la qualification de «destruction involontaire par incendie» était arrêtée, le parquet écartant a priori la piste d’un incendie d’origine criminelle. «Rien ne va dans le sens d’un acte volontaire», a-t-il confirmé mardi, au cours d’une conférence de presse.
Appel aux dons ? Et l’assurance ?
Le président français a annoncé qu’il lancerait un appel au public. Un milliardaire français a déclaré qu’il offrait 100 millions d’Euros pour la reconstruction. Plusieurs régions de France ont « débloqué » des fonds (le mot est incorrect, ils n’ont pas d’argent « bloqué » non affecté à des besoins spécifiques, en fait ils sont tous surendettés).
Se pose alors une question : si l’incendie n’est pas d’origine criminelle, il est d’origine accidentelle. Ce peut être par négligence, par accident ou par la faute d’une des entreprises. Dans ce cas, leurs assurances sont là pour ça. Et les assurances sont elles-mêmes obligatoirement réassurées pour faire face à des catastrophes extrêmement coûteuses.
Même chose pour l’assurance du bâtiment. Notre-Dame ne serait pas assurée ?
Je ne suis pas un spécialiste des assurances, je ne fais pas dans la conspiration (je déteste les théories conspirationnistes) et ce n’est pas dans un média que se déroule une enquête mais sur le terrain. Hélas, le journalisme est mort. Ce sont des pourvoyeurs de fausses informations, il est impossible de leur faire confiance.
Je m’interdis de tirer la moindre conclusion, mais mon rôle de journaliste honnête consiste à poser les questions que d’autres ne posent pas si elles sont politiquement incorrectes, et à partager mes remarques avec nos lecteurs.
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