Une très forte explosion s’est produite ce mardi 6 mai en fin de journée à Qazvin, dans le nord de l’Iran.
Selon l’agence d’information d’état Fars, une forte explosion a secoué la ville de Qazvin, laissant craindre un nombre de victimes important.
Cependant, le gouverneur local Saeed Mirbaha a publié un communiqué disant qu’il n’y a eu aucun mort, et que des équipes de pompiers sont en train de maitriser l’incendie dont la fumée a couvert une grande partie de la ville.
Selon les informations des services de secours de la ville, deux pompiers seraient gravement blessés après avoir inhalé de la fumée.
L’explosion s’est produite, selon la version officielle, dans un entrepôt de stockage de bois et de pétrole de Qazvin, une ville qui compte un grand nombre d’entreprises commerciales.
Fars a également indiqué que la police a fermé les accès aux rues du quartier.
Voilà pour la version officielle.
Examinons maintenant l’autre version :
• Selon le Los Angeles Times la ville accueillerait un centre nucléaire secret, mais les officiels iraniens auraient dans le passé rejeté cette idée comme inventée par une secte d’exilés iraniens du nom d’Organisation des Mujahedin Khalq, ou MKO, qui avaient soutenu qu’une usine d’enrichissement atomique se trouvait dans un lieu secret d’Abyek, à Qazvin.
• En 2009, l’agence Fars avait publié une dépêche indiquant qu’un groupe de l’agence internationale à l’énergie atomique avait inspecté une mine d’uranium située au centre de l’Iran – une référence possible à Qazvin.
• Au mois de septembre 2010, GlobalSecurity.org divulguait l’existence d’un site d’enrichissement d’uranium secret révélée par le principal parti d’opposition iranien, l’organisation du peuple Mojahedin d’Iran (PMOI/MEK).
L’usine, indiquait GlobalSecurity.org, était un site d’enrichissement nucléaire majeur, stratégique et top secret situé à 90 km au nord ouest de Téhéran, et 40 km au sud est de Qazvin, dans la ville d’Abyek. Le site nucléaire Behjatabad-Abyek porterait le nom de code 311.
Immédiatement après, DigitalGlobe publiait une série d’images prises par trois différents satellites sur une période de deux ans, et montrant que les lieux faisaient l’objet de forages et d’excavations.
Des fuites d’information dont certaines confirmées par l’imagerie satellite indiquèrent que les lieux comportent :
– trois larges halls de 16 à 20 mètres de large et 200 mètres de long.
– un puits de sortie et un puits vertical.
– des bureaux et des salles protégées contre les bombes anti-bunker par 100 mètres de terre et des portes anti-explosions renforcées.
– un tunnel d’entrée de 8 mètres de large sur 200 mètres de long.
– quatre entrées et sorties.
– deux accès principaux dans l’entrepôt central, un pour entrer, un pour sortir.
– une sortie de secours par le puits vertical.
L’usine située en sous sol doit accueillir des turbines pour enrichir l’uranium destiné à la fabrication de bombes nucléaires.
Selon le PMOI, le régime aurait dépensé plus de 100 millions de dollars (en 2010) pour la construction du site, qui a duré plus de 2 ans.
Selon d’autres sources, « ce site est bien plus important que celui de Fardow près de la ville sainte de Qom, ce qui explique pourquoi l’Iran a pris d’extraordinaire précautions pour éviter sa détection, et pourquoi il aurait refusé de signer les protocoles additionnels [de l’AIEA].”
Le 9 septembre 2010, une conférence géostratégique était organisée au National Press Club à Washington, et les révélations et confirmations suivantes furent apportées par Soona Samsami* et Alireza Jafarzadeh* :
• La construction du site d’enrichissement nucléaire Behjatabad-Abyek près de Qazvin, dont le nom de code est 311, a commencé en février ou mars 2005, et 85% de sa construction est achevée [en 2010, date de la conférence].
• Le site est construit profondément dans la montagne pour résister aux bombardements aériens et prouve que le régime est fortement engagé dans la poursuite de son programme nucléaire et n’a aucune intention de l’abandonner.
• Le centre des forces armées commandé par le Major Général Hassan Firouz-Abadi, et le ministère de la défense, dirigé par le Brigadier Général Ahmad Vahidi, ont entamé la construction de ce nouveau site secret, situé entre les villes de Abyek et Qazvin. Le projet a commencé sous les ordres de Mostafa Mohammad Najjar, ministre de la défense d’alors et qui sert actuellement au poste de ministre de l’intérieur.
• Le budget initial, entièrement dépensé, a été de 100 millions de dollars, mais les experts impliqués dans le projet affirment que le budget est « illimité ». Par exemple, une des sociétés qui construit plusieurs des bâtiments du site a reçu à elle toute seule 25 millions de dollars en trois ans seulement.
• Selon des directives confidentielles diffusées par le quartier général des forces armées auprès des ingénieurs et techniciens ainsi qu’aux autres personnels engagés dans sa construction, « dévoiler l’existence du site causerait des dommages irréparables à l’image internationale du régime et aurait des répercutions inimaginables ».
• Toutes les personnes sans exception qui sont impliquées dans la construction du projet vivent sous contrôle rapproché du département de contre espionnage.
• Pour conserver le secret du site et tromper la population locale, le site a été baptisé Javad-nia 2. Javad-nia est le lieu d’entrainement du ministère de la défense situé environ à trois km.
• Des experts nucléaires du centre atomique de Mojdeh ont été stationnés sur place.
• La localisation précise de l’usine d’enrichissement se situe à 20 km d’Abyek, entre les villages de Behjatabad et Todaran, et l’on y accède par l’autoroute Téhéran Qazvin. Puis, au km 15, après la ville d’Abyek, il y a une sortie vers le village de Behjat-Abad. A peu près 7 km près avoir traversé le village, on arrive à une barrière qui marque le périmètre du site, d’environ 30 km carrés.
Mesures de sécurité :
• Le site est protégé par des batteries anti-aériennes, et par la base militaire Ansar Al-Mehdi, qui appartient au ministère de la défense, situé près du village de Vandar.
• Les allers et venues, du et vers le site, de chaque individu sont contrôlées par le service de contre espionnage des forces armées à Téhéran. Les officiers du ministère de la défense ne sont pas autorisés à entrer dans le périmètre.
• Toutes les cartes, tous les plans de constructions, tous les plans des lieux ont été supprimés des ordinateurs des ingénieurs qui ont été impliqués dans sa préparation et sa construction. Les services de renseignements les conservent dans des archives top secrètes.
• En raison de la sensibilité du projet, toutes les personnes impliquées dans la construction sont laissées sans information précise sur la destination des lieux.
*Soona Samsami était la représentante du Conseil nationale de la résistance iranienne auprès des Etats Unis jusqu’en août 2003. C’est elle qui a pour la première fois révélé l’existence du site nucléaire Kala Electric situé près de Téhéran en février 2003.
Alireza Jafarzadeh, auteur du livre The Iran Threat, était le porte parole en charge des médias pour le Conseil national de la résistance d’Iran jusqu’en août 2003. Jafarzadeh est celui qui a dévoilé l’existence du centre d’enrichissement d’uranium de Natanz et de l’usine d’eau lourde d’Arak en août 2002, déclenchant le cycle d’inspection de l’AIEA depuis 2003.
© Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
http://www.globalsecurity.org/wmd/library/news/iran/2010/iran-100909-spc01.htm