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Conflit israélo-palestinien: rencontre historique de prière au Vatican entre le pape François, Mahmoud Abbas et Shimon Peres

Le HuffPost avec AFP  |  Publication: 08/06/2014 08h47 CEST  |  Mis à jour: 08/06/2014 08h55 CEST

RELIGION – C’est un geste historique et inédit au Vatican. Même si aucun fruit immédiat n’en est attendu pour relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, la rencontre de Shimon Peres et Mahmoud Abbas avec le pape Françoisdimanche 08 juin revêt un caractère symbolique évident.

Fort d’une popularité croissante, Jorge Bergoglio reçoit dans les somptueux jardins du petit État les présidents d’Israël et de Palestine, accompagnés de délégations non politiques de 15 à 20 personnes, ainsi que le patriarche orthodoxe de Constantinople, Bartholomée, qu’il avait associé à son voyage en Terre Sainte, du 24 au 26 mai.

Lire aussi : BLOG – Le Pape François, Mahmoud Abbas et Shimon Peres réunis en prière : qu’en pensent les Palestiniens?

« On ne prie pas ensemble, on se retrouve pour prier »

Réaliste sur les fortes tensions entre Palestiniens et Israéliens, le pape a prévenu que ce n’était nullement une « médiation », ce qui serait « une folie ». Dans un tweet samedi, le pape a exprimé son vœu: « la prière peut tout. Utilisons-là pour porter la paix au Moyen-Orient et dans le monde entier ».

Le Vatican a défini la rencontre comme une « invocation pour la paix » pour éviter qu’elle soit assimilée à une « prière interreligieuse » qui poserait des problèmes inextricables aux trois religions. « On ne prie pas ensemble, on se retrouve pour prier », a insisté le père franciscain Pierbattista Pizzaballa, custode de Terre Sainte.

Les deux présidents passeront un peu plus de deux heures au Vatican dont une heure de célébration.

Shimon Peres arrivera vers 18h15, suivi un peu plus tard par Mahmoud Abbas, venant d’Égypte où il aura participé à l’investiture du président Abdel Fattah al-Sissi. Ils seront accueillis par François à la résidence Sainte-Marthe (où il habite) et auront chacun un court entretien avec lui.

Puis les trois hommes se rendront ensemble jusqu’à une pelouse triangulaire près des Musées. Dans un ordre respectant la chronologie, les représentants juifs, chrétiens, puis musulmans auront un temps pour prier tour à tour et chacun sur trois thèmes choisis: celui de la « création » qui les rend tous frères, celui de la « demande de pardon », et enfin celui de « l’invocation pour la paix ».

Les prières, prononcées en hébreu, anglais, italien, arabe seront accompagnées d’intermèdes musicaux. Puis le pape et les deux présidents feront chacun leur propre « invocation pour la paix ». Les trois devraient se donner la main et planter un olivier. Enfin, après une rencontre à huis clos à la Casina Pie IV, un pavillon tout proche, les deux présidents quitteront le Vatican.

 

Lire aussi : Les litiges israélo-palestiniens encore à résoudre

« Cette initiative vise à la paix dans une région traversée par des conflits, où politique et diplomatie ne sont pas parvenus à des résultats durables. (…) Nous voulons donner un signal, en Asie et en Europe, qu’avec l’aide de Dieu, nous pouvons arriver à des résultats », a affirmé Bartholomée au quotidien Repubblica.

Le Saint-Siège entend pour sa part proposer « une pause dans la politique ». « Personne n’a l’illusion que dès lundi la paix s’imposera. Cette respiration était souhaitée. Tout ne se fait pas dans les salons de la politique. Il était clair que les politiques seraient dehors », a observé le père Pizzaballa.

« Pas de surprises attendues »

L’événement est sans précédent au Vatican. Au moment du Grand Jubilé de l’an 2000, des juifs et musulmans y avaient prié mais dans des lieux séparés. Plusieurs écueils étaient à éviter, et la lenteur à publier les listes des délégations montrait à quel point leur composition a dû être délicate. La date était aussi complexe: ni un Vendredi, jour férié musulman, ni un samedi, Sabbat pour les juifs. Le dimanche de Pentecôte, grande fête catholique de « l’Esprit saint », a été accepté.

Un lieu neutre devait enfin être trouvé. Toute salle porteuse de fresques chrétiennes était proscrite et il fallait éviter que la prière soit dirigée vers l’Est, direction de La Mecque. Toute surprise ou propos offensant dans les textes prononcés devaient aussi être évitées. « Chaque délégation a choisi ses textes. Il y a une transparence absolue sur les prières, et pas de surprises attendues », ont assuré les organisateurs.

 

Les négociations israélo-palestiniennes depuis 1993

13 sept 1993: Après six mois de négociations à Oslo, Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissent mutuellement et signent à Washington une déclaration de principes sur une autonomie palestinienne transitoire de cinq ans. Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le dirigeant palestinien Yasser Arafat échangent une poignée de mains historique.
4 mai 1994: Accord sur l’autonomie de Gaza et Jéricho (Cisjordanie) entériné au Caire. Israël évacue 70% de la bande de Gaza et l’enclave de Jéricho.
28 sept 1995: A Washington, accord intérimaire (Oslo II) sur l’extension de l’autonomie en Cisjordanie, prévoyant une série de retraits israéliens.
23 oct 1998: A Wye Plantation (Etats-Unis), accord intérimaire sur les modalités d’un retrait israélien de 13% de Cisjordanie.
11-25 juil 2000: Au sommet de Camp David (Etats-Unis), Palestiniens et Israéliens achoppent principalement sur le problème de Jérusalem et des réfugiés de 1948. Deux mois après éclate la deuxième Intifada, le soulèvement palestinien.
jan 2001: Discussions à Taba (Egypte) sur la base du plan de paix du président américain Bill Clinton. Un mois après, le Premier ministre israélien Ehud Barak sera battu aux élections par le chef de la droite Ariel Sharon.
30 30 avr 2003: Publication d’une Feuille de route, élaborée par le Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) qui prévoit la création d’un Etat palestinien d’ici 2005 après la fin des violences palestiniennes et un gel de la colonisation israélienne.avr 2003: Publication d’une Feuille de route, élaborée par le Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) qui prévoit la création d’un Etat palestinien d’ici 2005 après la fin des violences palestiniennes et un gel de la colonisation israélienne.
27 nov 2007: A Annapolis (Etats-Unis), Israël et l’Autorité palestinienne tentent de parvenir à un accord de paix d’ici fin 2008.
déc 2008-jan 2009: Opération militaire israélienne dans la bande de Gaza. L’Autorité palestinienne se retire des négociations en signe de protestation.
2 sept 2010: A Washington, reprise des négociations directes. Le dialogue entre le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’interrompt après la reprise par Israël, le 26 septembre, de la colonisation dans les territoires occupés.
7 déc 2010: Washington renonce à faire du gel de la colonisation en Cisjordanie un préalable aux négociations directes. Les Palestiniens continuent d’exiger un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
19 mai 2011: Le président américain Barack Obama se prononce en faveur d’un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, c’est-à-dire la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est. Netanyahu écarte lui tout « retrait aux lignes de 1967 ».
17 avr 2012: Abbas appelle Israël à reprendre les négociations sur la base des lignes d’avant juin 1967, avec des « échanges de territoire mineurs et mutuellement agréés » et du gel de la colonisation, y compris à Jérusalem-Est annexée, dans une lettre à Netanyahu.
30 avr 2013: La Ligue arabe reformule son initiative de paix de 2002, validant désormais expressément le principe d’un échange de territoires entre Israël et les Palestiniens, sous les auspices des Etats-Unis.
19 juillet 2013 : le secrétaire d’Etat américain John Kerry annonce au terme de son sixième voyage dans la région être parvenu à un accord sur une base pour la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Une délégation des négociateurs des deux parties est attendue la semaine prochaine à Washington.

Lire aussi :
» Minces espoirs pour un processus de paix à l’agonie

 

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