Un nouvel antisémitisme a fait son apparition aux États-Unis et se répand en Europe.
Un nouvel antisémitisme a fait son apparition aux États-Unis et se répand en Europe. Bien que nouveau dans ses thématiques, cet antisémitisme utilise les mêmes poncifs que l’antisémitisme «traditionnel» quant aux moyens prétendument employés (complot mondial, domination, vol, etc.). Il est aussi, comme de coutume, le produit d’une pensée irrationnelle et pathologique qui ne craint en rien les pires contradictions.
Les Juifs étaient définis par les antisémites du XXe siècle comme les inventeurs du bolchevisme pour les uns et les créateurs du capitalisme pour les autres (pour le nazisme il étaient les deux à la fois) : aujourd’hui, aux États-Unis particulièrement, les Juifs, depuis quelques années, sont considérés comme des suprémacistes blancs pour les mouvements radicaux noirs, arabo-musulmans et hispaniques et des instigateurs du «génocide des Blancs»(sic) pour les suprémacistes blancs et les néonazis !
Juifs, tueurs de blancs…
Robert Gregory Bowers, le terroriste responsable de l’assassinat de onze fidèles juifs lors de l’attaque de la Synagogue de Pittsburgh (perpétrée le 27 octobre 2018), s’est défini comme un suprémaciste blanc qui voulait tuer des Juifs pour se venger de leur prétendue responsabilité dans l’immigration hispanique de masse aux États-Unis. Bowers avait publié des commentaires sur internet qui soutenaient la nouvelle folle théorie d’un soi-disant complot juif qui viserait à commettre le «génocide des Blancs » (The white genocide conspiracy).
Cette nouvelle théorie du complot s’est répandue en Europe comme le démontre l’attaque dite de Yom Kippour perpétrée à la Halle-sur-Saale, le 9 octobre 2019 en Allemagne, par le terroriste d’ultra-droite Stephan Balliet. Ce dernier n’a pas hésité à déclarer que l’immigration et le féminisme (sic) étaient imputables aux Juifs « source de tous les problèmes ».
Les Juifs, des suprémacistes blancs
À l’autre bord du spectre nous trouvons de très nombreux activistes arabes, noirs et hispaniques qui accusent les Juifs de tout l’opposé ! Les Juifs seraient, cette fois, des suprémacistes blancs qui voudraient dépouiller les peuples pauvres de leurs terres et de leurs biens : ceux que l’ on nomme à tort les Palestiniens en seraient bien évidemment les premières «victimes»…
Ainsi, le mouvement américain radical d’activistes noirs Black Lives Matter qui dénonce le racisme (et qui est paradoxalement né aux USA en 2013, c’est-à -dire pendant la présidence Obama…)a fait sienne le soutien inconditionnel aux «Palestiniens» contre les prétendus «oppresseurs blancs» que seraient les Juifs israéliens…
Le 14 mai 2019,à l’Université de Californie, Los Angeles (UCLA) le professeur Rabab Abdulhadi qui enseigne comme matière ’’ Les Éthnies arabes et musulmanes’’ a déclaré – lors d’un cours d’ anthropologie dont il était l’ invité – que tous les Sionistes (sic) étaient des…«suprémacistes blancs » (qu’en pensent donc les Juifs d’origine éthiopienne ?).
Voilà donc où nous en sommes : un ancestral antisémitisme servant de nouvelles causes contradictoires frappe violemment à nos portes au XXIe siècle.
Décidément, ce maudit antisémitisme (Nietzsche) est en fait le paradigme du métarécit ou «grand récit», au sens où l’entendait Jean-François Lyotard (et dont nous pensions que le postmoderne avait fait table rase). L’ antisémitisme est donc une idéologie qui comme tout métarécit veut expliquer l’histoire universelle à travers son prisme totalisant, il tente ainsi de mener son projet de réalisation de l’universalité (un monde égalitaire) par la destruction des Juifs.
Le terroriste antisémite et négationniste allemand Stephan Balliet ne l’a-t-il pas «expliqué» en déclarant que les Juifs étaient «la source de tous les problèmes» ?
Mais la question demeure : pourquoi les Juifs ?
Les antisémites font porter le chapeau de leurs propres vices (nous parlerions de ‘’projection’’ en psychanalyse) aux Juifs afin de se dédouaner à bon compte de leur mauvaise conscience. «Le Juif » représente aussi pour eux l’explication ultime et particulièrement simpliste de tous les maux de ce monde. Mais la question demeure : pourquoi les Juifs ?