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1945: le voyage dans l’horreur concentrationnaire d’un photographe à la recherche de sa mère

By 14 janvier 2020Le mot du jour

Des visages émaciés, des regards apeurés, des empilements de cadavres, les portes d’un four crématoire: au printemps 1945, un photographe de l’AFP documente l’horreur des camps d’extermination nazis. Ancien photographe de mode, prisonnier évadé après la débâcle de l’armée française et entré dans la Résistance, Eric Schwab est l’un des premiers photographes travaillant pour l’AFP après la refondation de l’agence, en août 1944…….Détails………


Correspondant de guerre, il suit la progression des troupes alliées, devenant le témoin des horreurs découvertes au fur et à mesure de la libération des camps de la mort en Allemagne.
Avec une quête obsédante: retrouver sa mère Elsbeth, Juive allemande, dont il n’a pas de nouvelles depuis qu’elle a été déportée en 1943.
Une de ses premières photos publiées représente le portail du camp de Buchenwald, frappé d’une terrible inscription « Jedem das Seine » (A chacun ce qu’il mérite).
Quelques jours auparavant, Heinrich Himmler a donné l’ordre de liquider le camp. Les brasiers sont encore fumants et le site est parsemé de prisonniers décharnés exécutés d’une balle dans la tête.
A Dachau, Schwab réalise des portraits qui disent toute la souffrance des déportés.
Un prisonnier tend son bras, montrant le matricule gravé dans sa chair. Un homme en veste rayée parle à travers une palissade trouée avec une femme détenue au bordel du camp.
L’espoir est aussi présent, comme sur les visages de ce groupe de Français assistant au lever du drapeau tricolore, arborant la croix de Lorraine. Ou ces prêtres polonais, allemands et français, détenus dans le camp, qui célèbrent une messe dans la chapelle.
Ce n’est qu’à Theresienstadt (aujourd’hui Terezin, en République tchèque), dans une région en plein chaos où la population s’enfuit devant l’avancée des troupes soviétiques pour passer en zone contrôlée par les Américains, qu’Eric Schwab réalise le rêve fou qu’il poursuivait: il y découvre en mai 1945 une femme frêle, aux cheveux blancs, portant un bonnet d’infirmière.
C’est sa mère, alors âgée de 56 ans, qui a échappé à la mort et s’occupe des enfants survivants.
Des retrouvailles d’une telle émotion que, par pudeur, il ne les a pas photographiées. Ou, s’il l’a fait, les clichés n’ont pas été publiés. Il s’installera avec elle à New York après la guerre.
Les témoignages visuels sur l’horreur concentrationnaire ont été largement diffusés dès 1945.
Mais Eric Schwab n’a pas connu immédiatement la notoriété d’autres photographes qui ont documenté la libération des camps: comme souvent pour un photographe d’agence, ses photos étaient reproduites dans la presse, mais pas signées.
Il faudra attendre plusieurs années pour que soient reconnu son talent, notamment la qualité de ses cadrages, la force de ses portraits.
Ses photos deviennent alors des icônes d’une terrible période de l’humanité. Une grande partie d’entre elles se trouve aux archives de la Bibliothèque Nationale.
Eric Schwab est mort en 1977 à l’âge de 67 ans.

Source Actu Orange

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