JERUSALEM
Le deuil, des cadres gris,
gris du métal,
partout,
dans l’air atone…
Devant et par-dessus
…là bas
et l’espace enroué
avant nous. Ah !
Cela se veut doux,
presque tendre
et c’est pourtant
meurtrier
Cela démarre
en klaxon,
et s’achève
en mémoire de ghetto.
Séla …
De drôles de moulins
brassent l’air,
à l’envers.
La moitié d’une main
frémie, anonyme,
saisit la vitre entrouverte
d’un autobus,
dans une rue quelconque,
Extravagance plombée,
Paupière de jour envolé.
Puis glissando, la nuit
soudain paralysée,
…la nuit.
Dès lors, soudain et pourquoi
cette main si fine,
d’auriculaire bagué,
dans une rue exsangue
aux abords de la station Eged.
Une main yéménite.
Ne retiens
que cela, rien que cela,
dans ce demi-jour
haché aux yeux de mitraille.
(Haïm Goël – Jérusalem, gare des autobus, 26 et 27 octobre 2000
Owego – New-York U.S.A. mai 2001)