Autres témoignages
Voici bien des années déjà, je fus amené à vivre une de mes aventures les plus spectaculaires et dangereuses sur un terrain qui nous interpelle beaucoup aujourd’hui : l’Islam.
Cela commença juste après un repas fraternel avec notre assemblée évangélique belge des Ardennes en 1990. Une petite assemblée d’une vingtaine de membres mais une assemblée vivante et placée quotidiennement sur un terrain de témoignage vivant. Je m’étais préoccupé pendant trois années à enseigner de simples gens issus d’un ex-terreau traditionaliste catholique quant aux racines juives de leur foi. Nous vivions une vie de prière importante et très disposés à laisser D.ieu manifester sa puissance à travers les dons spirituels strictement bibliques. Je tenais beaucoup aussi à ce que la séparation entre le temporel et le spirituel trop souvent constatée dans le monde chrétien soit gommée parmi nous.
Il en résultait bien des bénédictions et une tendance à l’Unité cependant quelquefois combattue par de faux frères, de fausses sœurs pour être plus précis. Ce refus de séparer trop souvent temporel et spirituel nous avaient amenés, mon épouse et moi, à recevoir toute la communauté pour le repas de midi du dimanche après le culte. Au terme d’un de ces repas, fatigué par une semaine rude (nous étions également en charge d’une annexe dans une ville distante de quelques dizaines de kilomètres, ce qui multipliait les prestations et dans le même temps je travaillais encore à l’époque huit heures par jour pour subvenir à nos besoins et le plus souvent aux paiements de l’une ou l’autre facture d’église en souffrance) je m’apprêtai pour un bon repos. C’est à ce moment que l’Esprit me donna cet ordre : « va avec tous dans ton salon et priez ! ». Nous nous exécutâmes et curieusement nous reçûmes dans une lecture biblique inspirée le seul mot suivant : « KEDAR ». Etait-ce dans le passage de l’écriture d’Esaïe 42 v.11 : « Que le désert et ses villes élèvent la voix ! Que les villages occupés par Kédar élèvent la voix ! Que les habitants des rochers tressaillent d’allégresse ! Que du sommet des montagnes retentissent des cris de joie ! » ? Je ne le sais plus au juste. Mais ce fut bien le mot « Kédar » qui nous fut donné et rien que ce mot.
Que fallait-il penser de cela ? Nous priâmes le Seigneur de nous éclairer. Fallait-il prier en rapport avec « Kédar » et comment et pourquoi ? Que voulait nous dire le Seigneur ? Il y eut plusieurs séances de prière et la conviction extrêmement claire vint dans mon cœur et mon esprit : Il me fallait aller à Kédar. Fort bien, mais où trouver Kédar ? C’était clairement le lieu d’un peuple. Quel était ce lieu ? Existait-il toujours tel qu’en Esaïe 42 ? Je fis bien des recherches, mais elles n’aboutirent guère.
C’est alors que l’Esprit de D.ieu vint à mon secours : « Prends un billet d’avion pour Israël et va ! ». L’ordre était clair, très clair, autant que la voix de D.ieu. Israël, d’accord mais après, me hasardai-je dans la prière. Silence, point de réponse ! Je conclus que l’Éternel, une fois arrivé sur place, continuerait à me parler et ressentant une paix profonde me décidai aux préparatifs, billet d’avion, etc .
Peu de temps après, j’étais sur le sol israélien à Jérusalem. Au bout de deux ou trois jours de prière et de promenade dans ce cadre où je me réjouissais tant de venir régulièrement, le Seigneur me donna la conviction de descendre vers Eilat, la station balnéaire voisine d’Akaba la Jordanienne, sur la Mer Rouge. Sur place, je n’eus pas d’autre conviction que de flâner, jouir du cadre superbe (ah, les montagnes rouges d’Akaba ! L’invite au désert en direction de la mémoire de l’exode, le Sinaï, etc). Depuis Eilat je passais de longues heures à scruter les montagnes en direction de la Jordanie. J’étais comme profondément attiré par ce site majestueux qui m’appelait avec force. D.ieu me parlait déjà mais je n’en avais pas conscience et il fallut une visite à la librairie Steimatsky d’Eilat pour comprendre le message.
J’aime les librairies et ma femme n’est absolument pas une adepte du shopping, mais nous savons tous les deux combien j’aime les librairies pour y bouquiner. C’est plus souvent moi qui l’y entraîne que le contraire. Nous sommes un couple atypique de ce point de vue. Je ne pouvais pas visiter Eilat et ne pas voir sa librairie, sans doute l’unique à l’époque.
J’entrai et parcourus les rayons, ouvrant ici et là un livre au hasard, me régalant de la si belle graphie des caractères hébraïques que je n’arrivais pas encore à l’époque à lire. Soudain mon regard fut attiré par une grande reproduction de carte géographique épinglée au mur. La reproduction montrait une carte géographique ancienne de toute la région. Je n’eus pas de peine à situer l’actuelle Eilat, ni Akaba et poussai le regard plus haut en Jordanie. Et là ce fut le choc : sur toute une portion de carte un nom était écrit : KEDAR. La localité principale concernée par cette zone était……… (à partir de ce point du récit, je remplacerai le nom du lieu par des pointillés pour des raisons de sécurité concernant les protagonistes de l’histoire).
C’est alors que j’eus la conviction que D.ieu m’avait conduit ici Lui-même non loin de …….. et en me faisant découvrir quasi in-situ où se trouvait Kédar. Si les atlas et les connaissances géographiques de l’homme sont défaillantes, les moyens de D.ieu sont simples, directs.
Temps de prière à l’auberge de jeunesse chrétienne dirigée par John Pex. La décision sera vite prise. Ayant débattu avec John de la meilleure façon d’aller à …….. depuis Eilat, il me faudrait entrer me semblait-il en Jordanie par l’Égypte en prenant un bateau à Nouweba en direction d’Akaba en Jordanie. Il n’y avait heureusement aucun cachet israélien sur mon passeport belge. Automatiquement à l’époque lorsque vous arriviez à l’aéroport Ben Gourion (Israël) comme touriste on vous plaçait le cachet d’entrée sur un papier libre que vous deviez montrer en ressortant. Cela permettait aux touristes qui le désiraient d’aller ensuite vers un pays arabe sans trop de difficulté par la suite.
Passage à pieds de la frontière israélo-égyptienne (l’Égypte était en paix avec Israël à l’époque déjà. La Jordanie, non.). Arrêt de bus, sans bus, mais taximan très entreprenant. Arrivée en fin d’après-midi à Nouweba. Ensuite, direction le port et achat de mon billet de transport par bateau Nouweba /Akaba (photo).
Beaucoup de regards de côté dirigés vers moi. Je suis probablement le seul occidental à prendre ce bateau. Je découvrirai quand même deux vieilles originales hollandaises en sac à dos à l’arrivée. Nous sommes à l’époque où vient juste de cesser la première guerre du golfe qui amena Américains et alliés en Irak et j’ignore encore que je vais dans peu de temps m’embarquer sur un navire qui conduit mille, deux mille musulmans (chauffés à blanc, vu les circonstances) faire leur pèlerinage à La Mecque via Akaba et la route vers l’Arabie saoudite quasi contiguë. Avant de quitter la Belgique, le Seigneur m’avait attiré dans mon bureau pour un temps de prière. Ce faisant, j’entendis la douce voix de D.ieu me poser une question : « Es-tu prêt à mourir durant ce voyage ? » Je fus étonné de ce qui sortit comme réponse simple de mon cœur et de ma bouche. Ce fut un oui paisible mais j’ajoutai : « Seigneur en aucune manière je ne mentirai à qui que ce soit. Il faut donc que toutes choses soient conduites par Toi- même si c’est périlleux »
Ticket en main, face plus rouge que bronzée, tee-shirt et short kaki comme vêtements (juste un rien couleur armée américaine, quoi !) et sac en main dans lequel la parole de D.ieu reposait entre autres choses, je me présente à l’embarquement. Devant moi, après la passerelle, des tables de douaniers et divers contrôles de passeport. Mais devant tout cela un immense policier jordanien habillé tout de noir me dévisage très, très suspicieux et alors que je lui tends mon passeport belge (sans cachet israélien) il me lâche tout de go : « Toi, tu viens d’Israël ! » rappelez-vous, j’avais promis à D .ieu : « pas de mensonge pour m’en tirer en cas de pépin ». Avec aplomb, je regardai le bel athlète (plus grand que moi et vraiment très costaud) droit dans les yeux et lui répondis : « oui, je viens d’Israël et après ? ». L’homme blémit. Tout son amour propre d’oriental offusqué s’exprima. Il étouffait de rage contenue et D.ieu créait dans le même temps en moi un calme désarçonnant. Tout à son indignation il me dit : « Sais-tu à qui tu parles ? Je suis officier de police jordanienne et nous sommes toujours officiellement en guerre avec Israël et tu m’annonces froidement que tu viens de là ! » « Mais vous me l’avez demandé et je vous ai dit la vérité. Voyez-vous je crois en D.ieu et ma relation avec lui ne m’autorise pas le mensonge, dès lors… » lui rétorquai-je. Il me regarda longuement, pétrifié par ce qu’il devait prendre pour le comportement d’un fou. Effectivement ! « Mais tu ne devais pas me dire cela…C’est impossible que tu t’exprimes ainsi. Tu es fou ! Tu ne te rends pas compte… » Lassé, comme lessivé par l’incident qui l’avait bien plus ému que moi, il me saisit le poignet et me fait passer devant la douane avec ces mots : « C’est un fou, laissez-le » continue-t-il à dire en anglais, mi-rigolard, mi-découragé, à ses collègues douaniers. Je n’aurai pas droit à l’ouverture de mon sac ni à la découverte de ma bible, ce qui n’aurait pas manqué de provoquer des questions du style « vous êtes missionnaire ? » Je vous rappelle que je m’embarquais sur un navire conduisant des centaines de gens en route pour le rituel du Hadj vers La Mecque juste à la fin de la première guerre du Golfe.
En Mer Rouge !
Je rejoins le premier ou le deuxième pont noyé dans une foule bruyante qui me bouscule sans que je comprenne le moindre mot le plus souvent. Je choisis de ne jamais stationner trop longtemps au même endroit pour éviter un contact trop appuyé car je ressens beaucoup d’hostilité. Je finis par acheter une bouteille d’eau au « bar » du bateau qui ne vend bien sûr que de l’eau, mais fraîche et vais échouer au bastingage pour admirer la mer si bleue. Un homme m’y accoste aussitôt et me demande à boire. Je lui tends ma bouteille et il y boit goulûment tout en y recrachant tout ce qu’il peut finalement. Il me rend la bouteille finement rigolard. Provocation bien sûr. J’attends qu’il parte et achète une nouvelle bouteille et le scénario se reproduit avec un copain du premier qui reste lui à mes côtés ensuite.
Tout à trac il me dit : « Toi, tu es anglais ? » « Non » fais-je. Il reprend : « je ne te crois pas, tu es anglais ! ». Et ainsi de suite pendant de longues minutes fatigantes. Je finis par me laisser atteindre par l’idée que si cela lui fait plaisir…
« Non ! » hurle en moi une voix. Je me ressaisis, prends autorité sur le bonhomme et la situation et lui exhibe mon passeport belge en guise de preuve. « Tu as de la chance » dit-il alors. « J’étais en Palestine du temps des Anglais et j’ai un compte à régler avec eux. Si tu avais été anglais… » et il termine sa phrase par un geste éloquent de l’index caressant toute la largeur de la gorge et un couic sonore et tout aussi éloquent !
Quel témoignage puissant, moi, je veux garder dans ma mémoire que Dieu a tout orchestré, chacune des paroles que vous avez prononcées à l’embarquement du bateau,….
Même l’audace face à cet officier était calculée de la part du Seigneur.
Combien D.ieu peut orchestrer les chose dans des situations particulières.
Merci
Ceci fait grandir ma foi.
Et moi je rêve de revivre de telles aventures bénies au travers de dangers de mort réels. Tout cela me faisait baigner dans une présence permanente et éblouissante de D.ieu et d’anges. Ô D.ieu que ces bibles soient lues et jettent un saint trouble encore aujourd’hui…Ô D.ieu permets-moi d’y retourner un jour.