CHAPITRE 11
Les quatre saisons au rythme de 1 et 2
Restons en pays de musique, de musique baroque, et innovons. Vous a-t-on déjà invité à déposer un livre en cours de lecture pour écouter, savourer un admirable concerto ? Sans doute jamais.
Eh bien, innovons et qui dira désormais qu’être chrétien ou Juif messianique, ou autre chose du domaine, c’est être cire de bénitier, larme de bougeoir ou équerre calviniste, compas janséniste, voire microscope inquisitorial pour cancer spirituel imaginaire, scalpel-scalpélisant très rabbinique ? (que tous me pardonnent ce brin de caricature, car tous ne sont pas concernés. Voilà c’est dit. )
Innovons et écoutons ensemble un des sommets de la musique baroque : les quatre saisons de Vivaldi.
Alors posez ce livre, allez acheter une bonne version des quatre saisons de Vivaldi et interdisez-vous de reprendre la lecture de ce livre avant une écoute intégrale de ce grand moment de musique. Si, si, vous devez…
La chose étant faite, reprenons.
Vous ne pouviez trouver meilleure introduction à ce qui suit que cette musique et c’est une promenade automnale aux couleurs flamboyantes de cet octobre 2008 en compagnie de ma chère Elishéva qui m’en donna la clé. Car N°1 et N°2 sont admirablement engoncés de manière quasi métaphysique dans le concert des quatre saisons en palette et sa consumation. Certains rendez-vous avec les révélations les plus profondes de mon existence eurent souvent quelque chose à voir avec la forêt en son jardin. Je parle ici bien sûr de ce jardin intérieur, ou plutôt de la mémoire de celui-ci, qu’est l’Eden. Et c’est bien entendu la nature majestueuse et son grand silence enrobeur qui forme l’écrin de cette réminiscence édénique.
Un rendez-vous divin était donné pour une révélation reçue au sein de notre véhicule en transhumance si paisible. Inutile de parer d’une vaine description ce qui était donné là. Nous connaissons tous les saveurs de l’automne et je renvoie chacun à ses souvenirs, à ses jardins intérieurs.
Admettons également que l’atmosphère éminemment dilatée, poumon d’espace en plénitude qui nous environnait, appelait silence et retenue.
Il est un fait que la flétrissure du végétal produisant ce que nous avions sous nos yeux et la chatoyance du spectacle avaient un tel pouvoir que nous étions conduits, non à une réflexion sur la profonde contradiction de ce que nous voyions, la chatoyance et la mort, mais bien plus à la reconnaissance en majesté d’un profond mystère.
Mais ces mystères-là sont pénétrables par l’esprit et recèlent un discours de principes divins. Et là, soudain, N°1 et N°2 m’apparurent une fois encore.
Voici comment :
Le printemps, saison du renouveau. Tout revient à la vie, tout est semence, tout est prémice d’un été qui se voudra majestueux, plein, stable et calme dans l’air serein comme une femme enceinte venue à son terme, une femme posée dans la lumière d’un Vermeer van Delft.
Le printemps est donc saison pour établir les principes, l’ordre de départ d’une vie nouvelle. Le printemps est N°1.
Quant à l’été qui, nous l’avons compris, va porter au pinacle tous ces principes de vie nouveaux et les magnifier, il est par essence N°2. Printemps et été sont irréductibles l’un à l’autre, ils sont inséparables, N°1 et N°2.
L’automne et l’hiver forment eux aussi un duo clairement N°1 et N°2. L’automne pose les bases, induit un mouvement de retrait de la création et pose les principes inéluctables de ce retrait, de cette petite mort (mort violente néanmoins au vu du spectacle). L’automne est donc N°1. Quant à l’hiver, c’est évident, il magnifie de façon absolue ce principe de retrait de la vie initié par l’automne. L’hiver est N°2.
Mais il y a une étrangeté, un je ne sais quoi qui dérange dans ce duo-là. Implicitement et jusqu’à présent, nous avions perçu la relation N°1 et N°2 comme ascendante, positive. Or ici nous sommes dans un cas de figure complètement opposé. Qu’est-ce que cela signifie ?
Proposition :
Partageons l’année en deux grandes étapes qui peuvent être conçues comme N°1 et N°2.
J’entends, première étape : le printemps et l’été que nous rangerons dans la catégorie du vif, du vivant.
Deuxième étape : l’automne flamboyant et l’hiver que nous rangerons dans la catégorie de la corruption et de la mort. En ce qui concerne l’automne, notons son caractère coloré et nostalgique (de l’Eden corrompu ?) et quant à l’hiver, notons l’aspect remise à niveau complète avec un caractère d’absolu, de radical (aspect de jugement inéluctable).
Voici nos deux grands groupes posés avec chacun un discours bien différent. Ainsi le printemps et l’été induisent ensemble un ordre de vie du créateur, ils sont donc ensemble N°1, tandis que l’automne et l’hiver, étrange fracture du sens, magnifient en un duo N°2 cet ordre de vie dans la destruction et la mort.
Qu’entendre ici ? Sinon que l’automne en tant que saison, où la nature et ses principes N°1 entrent en un extraordinaire opéra de corruption colorée qui, avec l’hiver, magnifie « à rebours », est posé là pour nous rappeller que la création entière en Eden fut soumise à la vanité, au péché originel et qu’il nous en est fait rappel ici dans cet étrange rapport N°1 et N°2. A la différence que ce n’est pas pour la vie, mais pour le souvenir de la mort comme sanction promise à Adam s’il venait à toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gen. 2 : 17).
Réjouissons-nous car, selon l’Ecriture, Christ a vaincu la mort ( Rom. 6 : 9, 1 Cor. 15 : 54-55, 2 Tim. 1 : 10). Sur la terre restaurée au retour du Seigneur, quel sera le spectacle des saisons ? Et si l’automne doit persister, entendrons-nous la voix du consolateur, le Saint-Esprit, en une mélodie de vie par-dessus et au fond des forêts ?
Wow! Tellement beaux ces principes magnifiés de la vie et de la mort, je ne verrai plus les saisons de la même façon.
Merci Haim.
Merci Haïm pour cette révélation des deux grands cycles de saisons en tant que No 1et No 2. Je me suis toujours demandée pourquoi malgré ses magnifiques couleurs, je n’aimais pas l’automne qui annonce l’hiver, et je préfèrerais le printemps qui annonce l’été et la chaleur,et les journées plus longues. Tu donnes dans ce texte une clé de compréhension spirituelle très profonde qui me parle beaucoup.
Et bien moi c’est l’automne que je préfère, saison métaphysique…Il faut dire que suis né en octobre; et toi, selon ce que je sais tu es née au printemps. Et ceci explique cela, mais portons nos regards plus loin, plus profond, et le texte s’y prête.
Quel magnifique exemple de numéro 1 et numéro 2 avec les saisons! Merci Haïm de nous l’avoir communiqué. J’adhère complètement à ta proposition de partager l’année en deux grandes étapes. Je me suis moi aussi toujours demandée s’ il y aurait encore le rythme des saisons pendant le millénium, peut-être sera-t-il moins marqué? L’avenir nous le dira. J’attends ce moment avec impatiente car je pense que la nature nous dévoilera une beauté encore jamais exprimée!
Hé, oui….