L’acteur syrien, victime du canular extrême, donne, sans se douter de ce qui va suivre, une interview décontractée sur un yacht au large de la station balnéaire égyptienne de Sharm El Sheikh dans le Sinaï.
Il est détendu face à la jolie journaliste égyptienne qui l’interroge, entourée de l’équipe de tournage. Il fait beau.
Un hélicoptère militaire survole soudain le bateau, quelqu’un crie « les israéliens », dans la confusion, une – fausse- vedette de la Navy israélienne s’approche du yacht, aborde, un -faux- commando israélien armé, envahi le pont et procède à un arraisonnement musclé. Rien n’est ressemblant, ni les uniformes, ni les comportements, ni les accents en hébreu déformé.
Pour autant la mystification grossière fonctionne sous l’effet de la surprise, et l’acteur syrien est enlevé vers la terre, les yeux bandés. Il se débat, proteste, crie au kidnapping, se justifie, jure que le yacht se trouvait dans les eaux égyptiennes. Sur la plage, une fausse base israélienne a été reconstituée, étoiles de david, pittbulls, femmes soldats, fausses blondes bien roulées à lunettes de soleil, soldats aux crânes rasés, ou hirsutes aux cheveux longs, écriteaux fantaisistes en hébreu, baraquements militaires.
L’équipe de tournage égyptienne organisatrice du canular a concentré tous les clichés anti-israéliens avec la complicité des autorités égyptiennes. L’acteur syrien paniqué, est conduit dans une salle d’interrogatoire. Il pousse des hurlements, tente désespérément de s’expliquer, effondré, mine décomposée, rongé par l’inquiétude.
A l’extérieur, des aboiements sinistres, un commando armé entre violemment dans la pièce, le traîne à l’extérieur, la scène ne dure que quelques secondes, on le fait agenouiller dans le sable, le canon d’une arme se pose sur sa nuque. On dirait Foley avant son exécution. L’acteur syrien est au bord de l’évanouissement, embusquée, toute l’équipe de tournage, exulte, le canular fonctionne. Une rafale. Une énorme bousculade, c’est fini.
L’acteur syrien paniqué ne comprend pas tout de suite, se met à courir vers nulle part, découvre la mystification, puis s’effondre, lessivé, au bord de l’attaque.
Humour arabe hardcore. En comparaison Ulcan fait de l’humour soft. Allô, Libération, Rue 89? Un commentaire?
ROMAN PHOTO
Au large de Sharm El Sheikh, ancienne ville israélienne d’Ofira située à la pointe de la péninsule, dans le Sinaï égyptien. Interview décontractée d’un acteur syrien par une jolie journaliste égyptienne. C’est l’été, la mer est belle, tout est calme, luxe et volupté. Le piège peut se refermer.
Un hélicoptère survole le yacht, quelqu’un crie les israéliens, une vedette marquée d’une étoile de david, se rapproche, fait des cercles dans l’eau, c’est l’abordage. Un commando de faux soldats israéliens monte précipitamment à bord et prend le contrôle du navire (allusion subliminale évidente au Mavi Marmara).
Les israéliens poussent des hurlements en hébreu (arabisé), encerclent l’acteur syrien, maîtrisent l’équipage. Comportement conforme aux stéréotypes anti-israéliens, donc crédible.
L’acteur syrien déstabilisé se laisse envahir par une peur panique. Les faux israéliens ont carte blanche pour impressionner et molester un peu leur proie, ils ne s’en privent pas.
Aux yeux de la victime, l’illusion est parfaite, tout fonctionne à merveille. Les égyptiens prennent plaisir au canular et surjouent leurs rôles.
Les faux israéliens collent au stéréotype: emportés, violents, cruels.
Débarquement musclé sur une plage, à proximité d’une -fausse- base de Tsahal, reconstituée avec la complicité des autorités égyptiennes pour les besoins du canular.
Le drapeau israélien flotte sur les installations. L’effet est total. On se bouscule pour mettre l’acteur syrien en joue. Les mystificateurs sont très excités, la victime est morte de peur.
On fait durer la scène en savourant la torture infligée, pour le plaisir des téléspectateurs.
Vue aérienne de la -fausse- base israélienne reconstituée sur une plage égyptienne du Sinaï, on a mis les moyens nécessaires à la réussite du canular:
Jusque dans les détails. La Zone militaire est entourée de grillages et de gardes armés:
Soldates israéliennes vues par les égyptiens. Des figurantes arabes jouent les H’ayalot. Pin-up blondes, lunettes de soleil, poses martiales:
L’interrogatoire rapide et violent.
En route pour l’exécution sommaire.
Le syrien dépassé par la situation perd toute volonté et n’oppose aucune résistance. Il est traîné à l’extérieur comme un pantin livré à la fantaisie de ses bourreaux. L’équipe de tournage exulte, en embuscade derrière le baraquement.
Pan. C’est une blague. Le syrien détale comme un lapin, dévoré de frayeur.
On le rattrape, c’est une blague. Il ne s’en remet pas. Souffle coupé, son cœur bat à tout rompre, au bord de l’attaque. Tout le monde rigole, c’est si drôle. Sonné, il peine à reprendre ses esprits.
La victime s’effondre sur le sable, on lui apporte un verre d’eau.
Par Mitz – son blog – JSSNews