Ahmad Massoud : « L’Afghanistan n’a pas perdu la guerre »
16 août 2021
Le fils du légendaire Commandant Massoud, qui fut assassiné par Al-Qaida deux jours avant le 11 Septembre, reprend le combat de son père en Afghanistan. Dans une déclaration adressée, ce 16 août, à La Regle du Jeu, il prend, depuis la région du Panjshir, la tête de la résistance contre les Talibans.
Peuple afghan, chers Moudjahidines, amis de la liberté partout dans le monde!
La tyrannie triomphe en Afghanistan.
La servitude s’installe dans le bruit et la fureur.
La vengeance hideuse va s’abattre sur notre pays martyr.
Kaboul déjà gémit.
Notre patrie est dans les fers.
Tout est-il perdu ?
Non.
J’ai reçu en héritage de mon père, le héros national et Commandant Massoud, son combat pour la liberté des Afghans.
Ce combat est désormais le mien, sans retour.
Mes compagnons d’armes et moi allons donner notre sang, avec tous les Afghans libres qui refusent la servitude et que j’appelle à me rejoindre dans notre bastion du Panjshir, qui est la dernière région libre de notre pays à l’agonie.
Je m’adresse à vous, Afghans de toutes régions et de toutes tribus et vous invite à nous rejoindre.
Je m’adresse à vous, Afghans d’au-delà nos frontières qui avez l’Afghanistan au cœur, et je veux vous dire que avez des compatriotes, ici, dans le Panjshir, qui n’ont pas perdu espoir.
Je m’adresse à vous tous, en France, en Europe, en Amérique, dans le monde arabe, ailleurs, qui nous avez tant aidés dans notre combat pour la liberté, contre les Soviétiques jadis, contre les Talibans il y a vingt ans : Allez-vous, chers frères amis de la liberté, nous aider une nouvelle fois comme par le passé ? Notre confiance en vous est immense.
Nous sommes, Afghans, dans la situation de l’Europe en 1940.
Sauf dans le Panjshir, la débâcle est totale et l’esprit de collaboration avec les Talibans commence à faire école chez les vaincus qui ont perdu cette guerre de leur faute.
Nous restons seuls debout.
Nous ne céderons jamais.
Je citais à un ami écrivain français, la veille de la chute de Kaboul, la phrase de Winston Churchill promettant du sang et des larmes.
Je pense aujourd’hui à la phrase du Général de Gaulle lançant, après la déroute de son armée, que la France avait perdu une bataille mais pas la guerre.
Nous, Afghans, n’avons pas perdu de bataille, car Kaboul ne s’est pas battue.
Nos combattants, vieux et jeunes Moudjahidines, ont, ici, repris les armes.
Rejoignez-nous en esprit ou par un soutien direct.
Soyez, amis de la Liberté, le plus nombreux possible à nos côtés.
Nous allons écrire ensemble une nouvelle page de l’éternelle résistance des opprimés contre la tyrannie.
Et, avec l’aide de Dieu, nous vaincrons.
In english
Ahmad Massoud, son of the legendary Commandant Massoud and commander in chief of the afghan resistance in Panjshir, transmitted this text to La Règle du Jeu.
People of Afghanistan, Mujahideen brothers, friends of freedom throughout the world,
Tyranny is triumphant in Afghanistan.
Subjugation is closing in with sound and fury.
Vengeance is unfurling across our wounded land.
Kabul is groaning.
Our homeland is in irons.
Is all lost?
No.
My father, Commander Massoud, our national hero, bequeathed to me a legacy : and that legacy is to fight for Afghans’ freedom.
That fight is now irreversibly mine.
My companions in arms and I are ready to give our blood.
We call on all free Afghans, all those who reject servitude, to join our bastion of Panjshir, the last free region in our tormented land.
To Afghans of all regions and tribes, I say: do fight with us!
To Afghans living outside our borders but holding Afghanistan close to your hearts, i say: know that you have fellow countrymen, here in Panjshir, who have not given up.
To the many others—in France, Europe, America, the Arab world, elsewhere—who have helped us in our struggle for freedom, first against the Soviets and then against the Taliban 20 years ago, I ask: Will you, dear friends in freedom, assist us once more, as in the past? Despite the betrayal of some, we still have confidence in you.
We Afghans find ourselves in the situation of Europe in 1940.
Except in Panjshir, the debacle is near total, and the spirit of collaboration with the Taliban is spreading among the vanquished, who lost this war by their own failings.
Only we remain standing.
And we will never yield.
To a French writer friend, on the eve of the fall of Kabul, I was quoting Winston Churchill’s phrase promising blood, toil, tears, and sweat.
Today I think of what General de Gaulle said after the rout of french army: France has lost a battle but not the war.
We Afghans have not even lost a battle, since Kabul did not fight.
Here in Panjshir, Mujahideen young and old have taken up arms.
Join us in spirit or through direct support.
Friends of freedom, gather in the greatest possible numbers by our side.
Together we will write a new page in the story of Afghanistan.
It will be a new chapter in the eternal resistance of the oppressed against tyranny.
With God’s help, we will prevail.
Quel courage, reprendre le flambeau de son père en plein centre de l’Afghanistan qui est aux mains des talibans le condamne à la victoire ou à la mort !
Effectivement prions pour que cette vallée soit un refuge pour les chrétiens.
Prions pour nos frères et sœurs là-bas !
Non ce n’est pas du courage, c’est de la noblesse de caractère, la même noblesse que celle de son père. Une leçon de dignité pour certaines médiocrités ambiantes, même en nos milieux….
Souhaitons que tous ceux qui sont en danger, tyrannisés, persécutés, puissent rejoindre le Panjshir. Je prie pour cela et pour que Ahmad Massoud puisse tenir bon dans cette tourmente.
Cet homme reprend le flambeau et le combat que son père a mené. Il est courageux et je prie que beaucoup le rejoignent. Malheureusement, parmi le peuple, l’esprit de collaboration avec les talibans commence déjà à avoir des effets, et cela va entrainer des dénonciations par ceux qui sont lâches ; la haine et le malheur vont augmenter. Que le Seigneur garde ceux qui veulent rester droits ,et que le message du salut puisse se répandre dans ce pays par nos frères et sœurs sur place. Qu’ils soient bénis, fortifiés et encouragés dans leur foi.