- Dans l’actuallité récente : société contemporaine
Aldo Naouri contre la tyrannie des mères (Extrait d’un article d’Emilie Lanez paru dans Le Point du 8 septembre 2011).
Explosif. Dans un livre (publié chez Odile Jacob), le pédiatre dresse un portrait noir de la famille. La faute aux mères.
Le père ? « Un porte-sperme réduit au statut de colifichet. » Les enfants ? « Hissés au sommet de la pyramide familiale, ils ont été l’objet d’un véritable culte, jalousement préservés de la moindre frustration. » Leur sont « octroyés tous les droits, sans que leur ait été imposé le moindre devoir. » Aldo Naouri, le célèbre pédiatre, broie du gris très très foncé. La famille est foutue. Les mères ont pris le pouvoir. Ivres de leurs enfants, elles se sont débarrassées des empêcheurs d’y goûter pleinement, les pères. Pour parvenir à accomplir totalement cette démission masculine, les femmes ont obtenu le soutien de la société. Autorité parentale conjointe, congé de paternité, partage des tâches, tout ce dispositif législatif moderne serait une aberration nuisible, émasculant plus encore les pères, gonflant d’orgueil ces femmes, « auxquelles la permanente disponibilité sexuelle n’assigne aucune limite. » Résultat, selon l’auteur : « nos sociétés occidentales ont retiré leur soutien à l’instance paternelle pour voir le patriarcat annihilé avec l’installation d’une forme de matriarcat dégoulinant d’amour qui a obéré plus qu’on ne l’imagine la maturation des enfants. » Vous l’aurez compris, le charmant réactionnaire n’a pas choisi de ménager ses lecteurs, ni de s’attacher les bienveillances des critiques. On oublie presque que Naouri promet de nous parler des « belles-mères, beaux-pères, brus et gendres ». Oh, il le fait pourtant, juste assez pour clamer ainsi qu’il est urgent de redonner une place au père.
« Je veux sortir les femmes du gouffre de la maternité »
Le point : On se demande, en lisant votre livre, s’il vous est arrivé de rencontrer de bonnes mères ?
Aldo Naouri : Bien sûr que j’en ai rencontré. Ces mères « bonnes suffisamment » – pour reprendre en la formulant correctement l’expression fameuse de Winnicott – étaient des femmes qui avaient conscience que leur enfant n’était pas leur possession, qu’elles n’en avaient pas la jouissance. Elles avaient conscience de l’avoir fait avec son père et qu’il était destiné à devenir lui-même, à distance de ses parents. J’ajouterai que ces mères étaient elles-mêmes les filles de mères qui avaient su ne pas les envahir pleinement.
A vous lire, « le patriarcat est annihilé, le matriarcat dégoulinant d’amour règne désormais ». Expliquez-vous.
Le patriarcat a instauré le pouvoir du père en lui conférant une place prévalente au sein de la famille. Mais tout institutionnalisé qu’il ait été, ce pouvoir s’est toujours heurté à la puissance intrinsèque, naturelle et individuelle de toute mère. Le conflit qui a résulté de ces dispositions a été le garant de l’homéostasie qui est la condition par excellence de la vie. Or, sous prétexte d’introduire de la démocratie dans la cellule familiale, on a retiré au père tout soutien social. Son pouvoir a disparu et il a été invité à être une mère de substitution.
Où avez-vous vu que le père a été appelé à devenir une mère bis ?
Je l’ai vu tout au long de ma carrière, chez les « nouveaux pères », les « papas poules », et jusque dans la manière dont a évolué le Code de la famille, par exemple. Ses prérogatives de chef de famille ont été rognées les unes après les autres. On lui a supprimé la dernière qui lui restait et qui le laissait être chef pour la résidence de la famille en 1972. On a installé la coparentalité. Qui est une véritable injustice. Car l’ultime et très anodine prérogative qui lui restait compensait l’avantage énorme que la gestation permet à la mère d’avoir dans la relation à ses enfants. On l’a alors invité à « rattraper ses neufs mois de retard dans l’amour » en donnant le biberon, en changeant les couches, et en finissant par lui accorder un « congé de paternité » qui est une aberration totale. Ce n’est pas ainsi que se fabrique un père.
Et comment donc ?
« Si vous voulez être un bon père votre vie entière, faites en sorte que votre vie entière la mère de vos enfants soit amoureuse de vous, ce n’est pas plus difficile que cela. » C’est ce que je réponds aux hommes qui me posent la question. Là on est père. Car le père n’est pas celui qui agit sur l’enfant, mais celui qui agit sur la mère pour lui rappeler qu’elle est femme, pour l’extraire du gouffre de la maternité dans lequel elle risque de longtemps se complaire. En formulant les choses ainsi, je n’attente pas le moins du monde à la dignité des femmes. Je ne suis pas le misogyne pour lequel on me fait passer. Je suis tout le contraire. Je trouve en effet regrettable, pour elles comme pour leurs enfants, que les femmes se laissent prendre au piège de la maternité au point d’en oublier leur féminité.
Vous êtes furieusement réactionnaire…
Quand je parlais aux mères de mes patients, qui me reprochaient de tout leur mettre sur le dos, je leur disais ceci : ce n’est pas ma faute si c’est vous qui conduisez la voiture. Qu’a-t-on fait en vous flattant, en vous donnant toutes ces prérogatives ? On vous a dit de conduire à votre seule guise. Et, au motif de vous faciliter la tâche, on a bâillonné au ruban adhésif le pilote assis à votre côté, le père de vos enfants. Voilà pourquoi vous êtes dans cet état. Faites en sorte qu’au moins le type à côté de vous retrouve l’usage de sa parole.
…En constatant l’absence de père, vous dénoncez la perte de l’autorité, de la verticalité.
Oui. On investit désormais le seul plaisir et, avec lui, l’instant et le court terme. On vit dans les dimensions féminines du temps. Tout dans la famille est mis au même niveau, et il n’y a plus de hiérarchisation, cela est ressenti dramatiquement par les enfants, même devenus grands.
Le malaise contemporain des Hommes-femmes et des Femmes-hommes (article de Aviva Hazan dans le P’tit Hebdo de Jérusalem)
Les hommes auraient-ils besoin de retrouver leur place ? les femmes, que ce soit au sein de leur famille ou de la société, auraient-elles empiété sur le territoire de l’homme ? De tous temps et quel que soit le pays, quand les hommes partent à la guerre (note de H. Goël : et y meurent parfois en très grand nombre comme en 14-18 et 40-45 et que parmi eux se trouvent sans doute les plus masculins, les caractères les plus virils, ce qui aggrave encore la chose), les femmes doivent assumer le double rôle pour maintenir au mieux le fonctionnement de la maisonnée.
C’est un fonctionnement archaïque, pour assurer la survie de l’espèce. Le problème survient quand la guerre est finie.
Ajoutons là-dessus des croyances dont nous nous sommes imprégnés lors du mouvement de libération de la femme, nous obtenons une société où l’homme n’a plus sa place, où les femmes sont à la recherche de l’Homme… qu’elles ont elles-mêmes « castré ».
La femme qui travaille devrait se poser la question du « Pourquoi je travaille ? » en listant les arguments pour l’aider à mettre en conscience les éventuelles « mauvaises » raisons : « Est-ce que j’empiète sur le rôle de mon mari ? ». « Ai-je tendance à le dévaloriser, à le critiquer, à m’en plaindre ? ». Ainsi, elle pourra savoir si son activité professionnelle est bénéfique pour l’harmonie de la famille et de la société.
La Torah nous précise clairement que la femme n’est pas le « sexe faible ». Sa force ne réside pas dans les muscles. Le rôle de la femme est d’aider l’homme à s’accomplir pour révéler le couple. Quand on me consulte pour un problème de « shalom baït » (paix du foyer), la confusion des rôles est souvent à l’origine du conflit. Ainsi, quand l’homme récupère sa place, le couple retrouve son équilibre.
Anders Behring Breivik
Qui n’a entendu parler de l’affreux massacre perpétré le 22 juillet 2011 à Oslo et puis sur l’île d’Utoya au large de la Norvège par Anders Behring Breivik ? Un massacre qui a fait 77 morts et 151 blessés.
Anders Behring Breivik naît à Oslo le 13 février 1979. Peu de temps après sa naissance, sa mère et lui rejoignent à Londres son père, Jens David Breivik, qui y exerce un poste élevé au sein de l’ambassade royale de Norvège. Sa mère, Wenche Behring, est infirmière. Les parents divorcent en 1980 : Anders Behring Breivik est alors âgé d’un an. Sa mère retourne vivre à Oslo et emmène son fils avec elle.
Le père se remarie et s’installe à Paris, où il est en poste à l’ambassade de Norvège en France. Dès lors, les contacts et liens père-fils s’espacent peu à peu, puis cessent définitivement à partir de 1995.
En 2006, alors qu’Anders Breivik cherche à revoir son père, ce dernier lui fait savoir « qu’il n’est pas mentalement prêt pour une rencontre. » Brevick demeura célibataire et vivra chez sa mère.
Au-delà de tout ce qui fut dit par des experts en psychiatrie au moment du procès de Anders Brivik, notons l’épisode du père qui déclare ne pas être mentalement prêt pour une rencontre et le fait qu’Anders Breivick grandit sous l’influence probablement exclusive de sa mère. Le shéma « père démissionnaire et mère dominatrice » semble être bien présent. Ses attirances pour l’occulte sont avérées et il fut franc-maçon. Et s’il est de tradition protestante il est connu que sa dévotion est superficielle.