Marc 2 : 5
« Enfant, tes péchés sont pardonnés (aphièntaï) ».
Mais « aphièntaï » veut aussi dire « renvoyer, envoyer au loin, faire partir ». Il est donc normal que la guérison du paralytique soit précédée du pardon de ses péchés, car les Juifs pensaient à raison que beaucoup de maladies étaient la conséquence du péché. Sa culpabilité était donc ôtée par le Seigneur avant toute chose.
Lisons en relation le Psaume 103 : 12 : « … autant Il éloigne de nous nos transgressions », Jérémie 31 : 34 : « … et aurai effacé jusqu’au souvenir de leur péché », ainsi que Michée 7 : 19 : « Tu jetteras au fond de la mer tous leurs péchés ».
Ecclésiaste 12 : 13
« Crains D.ieu et observe Ses commandements, car c’est là tout l’homme (ki zè kol haadam) ».
Voilà ce que dit l’hébreu ! Et non : « C’est là ce que doit faire tout homme ».
En effet, pour être un homme complet, dans le sens d’accompli (adam shalem), il faut d’une part craindre D.ieu et éviter de faire ce que la Torah interdit et, d’autre part, garder Ses commandements (accomplir tous les commandements positifs, qui nous engagent à aimer notre prochain plus que nous-mêmes).
Deutéronome 11 : 1
« Tu aimeras HaShem ton D.ieu. Tu garderas Sa garde (veshamrta mishmarto), Ses décrets (‘houkotaïv), Ses ordonnances (oumishpataïv) et Ses commandements (oumitzvotaïv) tous les jours (kol hayamim).
« Tu garderas Sa garde » paraît bizarre et les chrétiens traduisent : « Tu observeras Ses préceptes » (N.E. de Genève, Segond, etc.). Ostervald va traduire ainsi quant à lui : « Garde toujours ce qu’Il veut que tu gardes ».
Mais reprenons le texte. Moshé commence la phrase par : « Tu aimeras YHWH ton D.ieu (Elo’hé’ha)». Il a déjà évoqué précédemment le commandement d’aimer Elohim, qui est primordial, mais il le répète à plusieurs reprises car l’amour et la crainte de D.ieu sont les fondements de la relation entre D.ieu et Ses enfants et constituent la base pour pouvoir respecter Ses commandements.
C’est pourquoi la suite du verset s’éclaire à cette lumière : « Et tu garderas Sa garde ». Qu’est-ce que D.ieu garde ? Dans Son amour, Il protège l’étranger, l’orphelin et la veuve et Il nous recommande de garder ce qui Lui est cher, de protéger comme Lui les plus faibles. Il se montre bienveillant et miséricordieux. Soyons-le aussi !
La fin du verset insiste sur la permanence de ce respect des lois de l’Eternel en disant : « tous les jours ». Que cela devienne quelque chose de quotidien, qui fasse partie intégrante de notre vécu. La traduction habituelle en français (« toujours ») ne tient pas vraiment compte de cette notion répétitive, même si elle n’est pas fausse. En effet, on peut très vite se relâcher dans l’amour dû à D.ieu et à Son prochain. Voyez Deutéronome 10 : 12 à 20. Au verset 16, le Seigneur recommande au peuple de circoncire son cœur (une petite parenthèse ici : on a coutume de dire dans le monde chrétien, pour opposer l’esprit de la loi et celui de la grâce – qui pour la plupart des chrétiens est censé être absent de ce qu’ils appellent l’Ancien Testament et du monde de la Torah -, que les Israélites sont circoncis dans la chair mais que les chrétiens le sont du coeur. Or Paul lui-même insiste sur le fait que «… le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de D.ieu ». Il nous faut donc considérer que si D.ieu a pris la peine d’exhorter les Israélites selon la chair, déjà à l’époque de la Torah donnée au Sinaï comme nous venons de le lire en Deutéronome 10 : 16, de circoncire leur cœur, c’est pour marquer à quel point cela importe à Ses yeux, et cela implique que ceux qui l’aimaient parmi le peuple hébreu ont obéi à cette injonction. Pas besoin d’être chrétien né de nouveau pour cela ! D’ailleurs, soyons honnêtes, on peut compter sur les doigts de la main autour de nous les chrétiens vraiment circoncis de cœur, avec ce que cela implique. Mais c’est un sujet qui nous entraînerait un peu loin s’il fallait le développer ici.).
Pour revenir à ce que nous disions plus haut, le cœur représente le siège du désir et des émotions. Le ‘Houmash nous dit : « La Torah décrit de façon figurée celui qui s’habitue à pécher et perd tout désir de sainteté comme un être dont le cœur est recouvert d’une membrane estompant toutes ses perceptions spirituelles ». (Il y a donc selon les auteurs du ‘Houmash une relation imagée entre le prépuce coupé chez le circoncis et cette « membrane spirituelle » qui, si elle demeure, empêche l’homme de persévérer dans la sainteté).
Deutéronome 11 nous parle à plusieurs reprises d’aimer D.ieu et d’obéir à Ses commandements. Cela me fait penser à certains croyants qui disent : « Je sais, et pourtant, je n’arrive pas à mettre en pratique. »
En hébreu, le verbe « lishmoa » veut dire « écouter », comme on le voit traduit dans la version du ‘Houmash, et comme on l’utilise quotidiennement en hébreu moderne.
Mais il veut aussi dire « obéir » (comme on le trouve traduit dans beaucoup de bibles chrétiennes – verset 13 par exemple : « Il arrivera donc que si vous obéissez à Mes commandements que Je vous donne aujourd’hui d’aimer l’Eternel votre D.ieu et de Le servir de tout votre cœur et de toute votre âme ».)
Le fait que ce verbe veuille dire tout d’abord « écouter » me fait dire qu’il est bien d’écouter et d’ailleurs l’hébreu nous dit dans ce verset « im shama tishmou » : « si écouter vous écoutez », curieuse façon de dire les choses ! En réalité, celui qui écoute ce qu’il a déjà appris et s’attache à le réviser et à le comprendre, sera capable de recevoir des enseignements nouveaux et plus profonds. Mais celui-là sera automatiquement capable d’obéir (c’est donc le même verbe qui est utilisé, comme nous venons de le dire plus haut).
Mais tout cela est surtout lié au cœur, comme le précise la suite du verset ! Fonctionner avec notre cœur et non d’une manière religieuse nous rend aptes à accomplir la volonté de YHWH !
Elishéva Goël
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