Le 1er mai, sur Russian TV, Dmitry Kiselyov, un présentateur souvent qualifié de « porte-voix de Poutine », a exhorté le président russe à faire exploser un drone sous-marin de type Poséidon porteur d’une « ogive pouvant atteindre 100 mégatonnes ». La détonation, a ajouté Kiselyov, génèrerait un raz de marée de 500 mètres de haut qui « coulerait la Grande-Bretagne dans les profondeurs de l’océan ». La vague atteindrait la moitié du plus haut sommet d’Angleterre, le Scafell Pike.
« Ce raz-de-marée serait aussi terriblement radioactif » a souligné Kiselyov. « S’il déferlait sur la Grande-Bretagne, le pays serait transformé en désert radioactif, aride et incultivable. Qu’en pensez-vous ? »
La Russie a élaboré une doctrine nucléaire dite de « l’escalade pour la désescalade » ou plus précisément de l’« escalade pour gagner » laquelle consiste à menacer d’utiliser des armes nucléaires au premier jour d’un conflit conventionnel. Ce n’est pas un bon signe que la Russie, la Chine et la Corée du Nord menacent en même temps d’user les armes mes plus destructrices du monde. Photo : des lanceurs mobiles de missiles balistiques intercontinentaux lors d’un défilé militaire à Moscou, en Russie, le 24 juin 2020. (Photo de Sergey Pyatakov – Host Photo Agency via Getty Images) |
Le 1er mai, sur Russian TV, Dmitry Kiselyov, un présentateur souvent qualifié de « porte-voix de Poutine », a exhorté le président russe à faire exploser un drone sous-marin de type Poséidon porteur d’une « ogive pouvant atteindre 100 mégatonnes ». La détonation, a ajouté Kiselyov, génèrerait un raz de marée de 500 mètres de haut qui « coulerait la Grande-Bretagne dans les profondeurs de l’océan ». La vague atteindrait la moitié du plus haut sommet d’Angleterre, le Scafell Pike.
« Ce raz-de-marée serait aussi terriblement radioactif » a souligné Kiselyov. « S’il déferlait sur la Grande-Bretagne, le pays serait transformé en désert radioactif, aride et incultivable. Qu’en pensez-vous ? »
« Un seul lancement, Boris, et l’Angleterre cessera d’exister », a déclaré Kiselyov, au Premier ministre britannique.
Cette menace n’a rien eu d’isolé. Le 28 avril, dans « 60 Minutes », émission diffusée sur Channel One de Russian TV, Aleksey Zhuravlyov, président de Rodina, un parti russe pro-Kremlin, a exhorté Poutine à lancer un Sarmat, le plus gros et plus puissant missile au monde, sur la Grande-Bretagne.
Dans cette émission, on apprenait qu’un missile lancé depuis l’enclave russe de Kaliningrad atteindrait Berlin en 106 secondes, Paris en 200 secondes et Londres en 202 secondes.
L’OTAN a surnommé le Sarmat, « Satan II ».
Poutine s’est lui-même livré à quelques facéties. Juste avant d’envoyer ses troupes franchir la frontière ukrainienne, il a mis en garde contre « des conséquences sans précédent dans votre histoire ». Le 27 février, ses forces nucléaires ont été placées en alerte maximale. Le 1er mars, le dirigeant russe a sorti ses sous-marins lanceurs de missiles balistiques et ses lanceurs de missiles mobiles basés à terre à l’occasion de « manœuvres militaires ». Le 4 mai, le ministère russe de la Défense a annoncé qu’auraient lieu à Kaliningrad des « lancements électroniques » de son missile balistique mobile à capacité nucléaire Iskander.
La Russie a élaboré une doctrine nucléaire dite de « l’escalade pour la désescalade » ce qui peut se traduire par une doctrine de l’« escalade pour gagner », laquelle consiste à brandir l’arme nucléaire au premier jour d’un conflit conventionnel.
La Chine, qui a annoncé le 4 février, dans un communiqué conjoint, un partenariat sans limites avec la Russie, a depuis le début du siècle, régulièrement menacé de détruire les villes des États qui l’ont offensée d’une manière ou d’une autre. En juillet de l’année dernière, le régime chinois a menacé le Japon d’une attaque nucléaire en raison de son soutien à Taïwan. En septembre, la Chine a proféré une menace similaire contre l’Australie parce qu’elle avait rallié AUKUS, une alliance stratégique régionale, au côté des États-Unis et du Royaume-Uni. En mars dernier, le ministère chinois de la Défense a promis les « pires conséquences » aux pays qui aideraient Taïwan à se défendre. Une menace qui visait surtout l’Australie.
Ce mois-ci, la Corée du Nord a déclaré que non seulement elle utiliserait des armes nucléaires pour se défendre, mais qu’elle pourrait également les utiliser pour attaquer d’autres pays.
Cela n’est pas un bon signe quand la Russie, la Chine et la Corée du Nord menacent en même temps d’utiliser les armes les plus destructrices du monde.
Pourquoi les régimes les plus dangereux de la planète profèrent-ils de telles menaces ?
Tout d’abord pour intimider ainsi que Poutine l’a montré au monde. Comme Peter Huessy, Senior Fellow du Hudson Institute, me l’a dit en mars, escalader pour gagner part du principe que les menaces nucléaires vont « contraindre un ennemi à se retirer et à refuser le combat ». Les démocraties occidentales se sont ainsi largement retirées et ne se battent pas directement en Ukraine. Pékin et Pyongyang veulent des succès similaires.
Ensuite, Poutine et le président chinois Xi Jinping menacent parce qu’ils n’ont aucun respect pour les nations qu’ils considèrent comme ennemies. « Le retrait bâclé d’Afghanistan et la réticence à soutenir efficacement l’Ukraine malgré notre garantie de 1994 ont conduit les ennemis dotés d’armes nucléaires à multiplier les menaces contre les États-Unis et leurs alliés », a déclaré Huessy, également président de GeoStrategic Analysis à Gatestone au début de ce mois. « Ils pressentent une faiblesse américaine qui va aller croissant. »
« Comme Vladimir Poutine, le Parti communiste chinois n’a plus peur du pouvoir américain », m’a affirmé Richard Fisher de l’International Assessment and Strategy Center (Virginie, Etats Unis) peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Les menaces nucléaires de la Chine sont un signe d’arrogance du Parti face aux Etats Unis qu’ils perçoivent comme une puissance affaiblie ; elles mettent en lumière les risques nés de l’absence d’une dissuasion nucléaire régionale américaine et éclairent également les carences du leadership américain. »
Enfin, ces menaces peuvent également être la conséquence de problèmes internes. Nombre d’experts affirment que depuis la Seconde Guerre mondiale, les moments les plus dangereux ont été l’affrontement de Checkpoint Charlie à Berlin en octobre 1961 et la crise des missiles cubains d’octobre 1962. Kennedy et Khrouchtchev savaient néanmoins qu’en aucun cas, ils ne devaient franchir le seuil nucléaire. Poutine et Xi sont-ils habités de la même certitude ? Rien n’est moins sûr.
Il n’est pas exclu non plus que les dirigeants de ces régimes aient en commun une mentalité de reclus-dans-le-bunker-du-dernier-jour-. Les régimes russe et chinois, chacun à leur façon, sont en état de détresse, ce qui signifie que leurs dirigeants sont en position instable.
Quelle que soit la raison, Poutine et Xi ont proféré leurs menaces à la face du monde entier ; menace que curieusement, les dirigeants occidentaux semblent déterminés à ne pas prendre au sérieux.
Le président Joe Biden a déclaré le 28 février que le peuple américain n’avait pas à s’inquiéter des menaces nucléaires russes. Il pourrait se tromper.
Conformément à la rationalité occidentale, les présidents et premiers ministres ont presque toujours ignoré les menaces nucléaires, histoire de ne pas leur accorder un statut de premier plan. Cette posture a toutefois l’inconvénient de pousser les imprécateurs à la surenchère. Plus la communauté internationale fera mine d’ignorer les belligérants russe, chinois et nord-coréens, plus les confrontations risquent d’être dangereuses.
C’est donc à grande vitesse que le monde s’approche du pire moment de l’Histoire.
« Une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée », a déclaré Biden en juin de l’année dernière. Peut-être. Poutine a prononcé les mêmes mots que le président américain, mais il n’est pas exclu qu’il imagine pouvoir en mener une et même la gagner.
Gordon G. Chang, auteur de The Coming Collapse of China, est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute et membre de son Conseil Consultatif.
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