Initialement publié le 9 novembre 2019 @ 10:09
« Je me suis trompé … mais pour ma défense, je ne suis pas le seul. Tout le monde a menti (et ment encore) » , avoue Christopher Dummit, le père de la théorie du genre en 1998.
Tout le monde triche et ment, « c’est ainsi que fonctionne le champ des études sur le genre » explique Chrsistopher Dummit dans un article publié sur Quillette, et que les médias n’ont pas envie que vous lisiez – et ils vont un peu plus détester Dreuz parce que nous en parlons. « Je n’ai pas trouvé les explications [sur le genre] dans mes recherches, avoue Dummit, elles sont venues de mes convictions idéologiques ».
A un niveau très basique, je n’avais pas de preuve pour une partie de ce que je disais. J’ai donc soutenu mes arguments avec ferveur, et j’ai dénoncé les points de vue alternatifs. Intellectuellement, ce n’était pas très joli. Et c’est ce qui rend si décevant de voir que les points de vue que j’avais l’habitude de défendre avec autant de ferveur – et sans fondement – sont maintenant acceptés par tant de gens dans la société en général.
Cela illustre ce que j’expliquais hier dans un article : la gauche est le camp du bien, pas du vrai, et je cite l’universitaire Denis Prager expliquant que « le gauchisme est enraciné dans les sentiments, et non dans la raison ou la vérité « .
« Voilà comment fonctionnait ma méthodologie«
Dummit explique pourquoi son raisonnement sur le genre était faux.
- Tout d’abord, je soulignais qu’en tant qu’historien, je savais qu’il y avait une grande variabilité culturelle et historique. Le genre n’avait pas toujours été défini de la même manière à tout moment et en tout lieu.
- [J’expliquais] que c’est un ensemble de concepts et de relations dans l’évolution historique qui donne un sens aux différences entre hommes et femmes. Comment pouvez-vous dire que le fait d’être un homme ou une femme est enraciné dans la biologie si nous avons des preuves de changement au fil du temps ?
- De plus, j’insistais sur le fait qu’ »il n’y a pas de fondement ahistorique pour une différence sexuelle enracinée dans un fondement biologique ou autre qui existe avant d’être comprise culturellement ».
- Deuxièmement, je disais que chaque fois que vous rencontrez quelqu’un qui dit que quelque chose est masculin ou féminin, il ne s’agissait jamais uniquement de sexe. C’était toujours, simultanément, une question de pouvoir. (Et le mot pouvoir était, et demeure, une sorte de mot magique dans le milieu universitaire, surtout pour un étudiant diplômé qui lisait Michel Foucault).
- Dans The Manly Modern, j’ai été plus explicite encore : « Le genre est aussi une question de pouvoir… Se référer à deux concepts d’une manière qui code l’un comme masculin et l’autre comme féminin, c’est établir une hiérarchie entre les deux. »
- Donc, si quelqu’un niait que le sexe et le genre étaient variables, s’il suggérait qu’il y avait quelque chose d’intemporel ou de biologique dans le sexe et le genre, c’est qu’il cherchait à justifier le pouvoir [des hommes sur la société]. Ils étaient les apologistes de l’oppression.
« Ça vous rappelle quelque chose ? » ajoute l’auteur, persiffleur et amère, avant de continuer :
- Et puis, troisièmement, j’ai cherché une explication historique qui montrait pourquoi les gens parlaient de quelque chose de masculin ou de féminin. L’histoire est un espace immense. Il y a toujours quelque chose à trouver. J’ai écrit sur les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale … les femmes avaient servi dans l’armée, et avaient occupé des emplois « masculins ». L’accent mis sur les distinctions entre les sexes visait donc à ramener les femmes à la maison. C’était encore une question de contrôle et d’oppression.
Il était possible de fouiller et trouver d’autres détails contextuels. Et c’est exactement ce que j’avais fait dans mon livre…j’ai donc souligné toutes les façons dont les gens de l’après-guerre associaient le fait de parler de modernité avec le fait de parler de virilité.
C’était, en tant qu’œuvre d’érudition, assez élégamment réalisée, si je puis dire. Le problème était aussi, en partie, que c’était une banqueroute intellectuelle.
« Voilà où j’avais tort »
Qu’un gauchiste fasse amende honorable pour les mensonges qu’il raconte (et auxquels il ne croit pas lui-même), c’est si rare qu’il faut lui tirer notre chapeau et faire courbette. C’est ce que fait Dummit :
Tant que je m’en suis tenu aux documents, et ai reconstitué la façon dont les gens parlaient dans le passé, j’étais en terrain sûr…
Mais la grande question – la plus importante – est : « Pourquoi ? » Pourquoi les Canadiens d’après-guerre ont-ils parlé des hommes et des femmes comme ils l’ont fait ?
J’avais des réponses, mais je ne les ai pas trouvées dans mes recherches. Elles venaient de mes convictions idéologiques, même si, à l’époque, je n’aurais pas qualifié cela d’idéologie.
Mes collègues chercheurs ont adopté la même approche, et contrairement à moi, s’y sont tenu.
Mais c’était ça, et c’est toujours le cas : un ensemble de croyances préformatées qui sont intégrées dans les pénombres disciplinaires de l’étude du genre.
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