Joan Donoghue a affirmé qu’il y avait eu un malentendu général sur la signification de la décision de la Cour internationale de Justice dans l’affaire opposant l’Afrique du Sud à Israël
Joan Donoghue, ancienne présidente de la Cour internationale de Justice (CIJ), a déclaré jeudi à l’émission HARDtalk de la BBC qu’il y avait eu un malentendu général sur la signification de la décision de la CIJ dans l’affaire opposant l’Afrique du Sud à Israël. Donoghue, qui a présidé la CIJ de 2021 à 2024 et y a siégé depuis 2010, a représenté la Cour dans cette affaire. Interrogée sur la décision de la Cour, elle a tenu à clarifier un point souvent mal interprété : « La Cour a décidé que ‘les Palestiniens avaient un droit plausible d’être protégés du génocide’ et que ‘l’Afrique du Sud avait le droit de présenter cela devant la Cour’. Elle n’a pas décidé, et c’est quelque chose que je corrige souvent dans les médias, que l’accusation de génocide était plausible. »
Donoghue a précisé que l’ordonnance soulignait l’existence d’un risque pour le droit des Palestiniens d’être protégés du génocide, mais que « le raccourci souvent utilisé, selon lequel il y a un cas plausible de génocide, ne correspond pas à ce que la Cour a décidé ».
L’ex-présidente a exprimé sa déception quant à l’évolution de la situation depuis l’ordonnance, mais s’est abstenue de commenter le respect par Israël de celle-ci, cette question étant actuellement soumise à la Cour. Elle a également indiqué ne pas pouvoir s’exprimer sur le rapport remis par Israël à la Cour concernant son application de l’ordonnance, celui-ci n’ayant pas été rendu public.
Interrogée sur la compatibilité de l’invasion prévue de Rafah avec l’ordonnance de la Cour, Donoghue a précisé que celle-ci ne contenait aucune décision explicite sur les opérations militaires à Gaza. « On ne peut pas dire que la poursuite de l’opération elle-même viole l’ordonnance », a-t-elle affirmé. « Mais il est clair que les menaces d’entrer dans Rafah sont la raison pour laquelle l’Afrique du Sud est retournée devant la Cour et pourquoi celle-ci a imposé des mesures supplémentaires, plus précises. »
Donoghue a reconnu que le non-respect de l’ordonnance par Israël pouvait remettre en cause la crédibilité de la CIJ aux yeux de certains, mais a souligné que la communauté du droit international avait généralement une vision plus large et à plus long terme de la question. « Les tribunaux ne résolvent pas vraiment ce genre de problèmes. Ils peuvent y contribuer, mais ils ne sont qu’un élément d’une infrastructure internationale plus vaste », a-t-elle conclu.