« En Israël, nous avons un État et une armée mais le 7 octobre, ils ont été incapables de nous venir en aide. Nous étions seuls, comme lors de la Shoah »
Denise Gabai, née en 1943, est une survivante de la Shoah originaire d’Afrique du Nord. Veuve et mère de cinq enfants, elle vit à Ashkelon, dans le sud d’Israël. Le 7 octobre, elle se trouvait cependant chez son fils au kibboutz Reim, pour fêter son anniversaire. La famille, qui s’était couchée tard, a été réveillée samedi matin à 6h30, au son des alarmes ponctuant les tirs de roquettes incessants du Hamas. Puis les terroristes ont fait irruption dans le kibboutz, situé tout près du lieu où se déroulait le festival Nova. Denise était alors réfugiée avec sa belle-fille et sa petite-fille dans l’abri antimissiles de la maison. Elle y est restée au total plus de 24 heures, sa petite-fille blottie contre elle, sans eau ni nourriture, ni contact avec l’extérieur. Son fils, qui faisait partie de l’équipe de sécurité du kibboutz, repoussait l’assaut terroriste tout en faisait des allers retours jusqu’à chez lui pour s’assurer que sa famille était toujours à l’abri.
« J’étais terrifiée. J’ai dû garder le silence pendant de longues heures, seule ma bouche bougeait tout le temps dans des prières à Dieu, à mes parents et à mon défunt mari. Les nombreuses heures passées dans l’abri antimissiles m’ont profondément marquée. Les terroristes ont incendié des véhicules et des maisons à proximité de la nôtre, et ont frappé à plusieurs reprises contre les murs de la pièce où nous nous trouvions », a-t-elle raconté au journal Maariv. Denise, miraculeusement épargnée avec sa famille, est restée au kibboutz Reim jusqu’à ce que l’armée annonce que les habitants pouvaient en être évacués. Transportée à l’hôpital, elle a pu rejoindre son domicile d’Ashkelon le lundi matin.
Cette dame de 81 ans, qui était encore bébé durant la Shoah, n’a pas de souvenir de cette période en dehors de ce que ses parents lui en ont raconté. Or elle explique que tout ce qu’elle portait dans sa mémoire inconsciente à propos de la Shoah a rejailli le 7 octobre. « Ce jour-là, j’ai revécu ma propre expérience de la Shoah, dont je n’avais pas conscience. Tout ce que j’avais gardé en mémoire sans le savoir a ressurgi. Les cris, les explosions, les coups de feu et la fumée à l’extérieur, tout a résonné en moi. En Israël, nous avons un État et une armée mais le 7 octobre, ils ont été incapables de nous venir en aide. Nous étions seuls, comme lors de la Shoah. Depuis cet atroce shabbat, je suis dans un état de grande détresse psychologique et je vis à peine. Je suis obligée de recevoir un soutien psychologique », a-t-elle confié.
2 500 survivants de la Shoah ont été confrontés de façon directe aux attaques du 7 octobre, lors desquelles s’est déroulé le plus grand massacre de Juifs depuis la Seconde Guerre mondiale. La majorité des rescapés se trouvant en Israël – même ceux n’ayant pas vécu ces événements de façon directe – témoignent depuis d’une dégradation significative de leur santé mentale et physique.