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Albert Fratty : L’’alya de France est-elle vraiment bienvenue ? (lu sur terredisrael.com)

By 27 novembre 2014Etz Be Tzion

Oct 2014 –

Albert Fratty – Editorial de la rédaction du n°570 de ISRAEL aujourd’hui –  L’’alya de France est-elle vraiment bienvenue… ?

Poser ainsi la question peut être mal interprété et sujet à discussion sinon à « une prise de tête ».

Nous avons consacré au cours des derniers mois plusieurs séries d’’articles sur la façon dont étaient « pris en charge » les nouveaux immigrants français.

Nous avions fait part alors des problèmes rencontrés à l’’aéroport Ben Gourion ou des heures et des heures d’’attente étaient nécessaires avant d’’obtenir la légendaire « téoudat zéout » (carte d’identité). Il semble que de ce côté, les choses ont changé et les démarches semblent plus rapides, surtout plus « aimables ».

Une fois arrivés à domicile, les olim sont bien loin d’’avoir résolu leurs difficultés car il semble que rien, absolument, n’’est prêt pour les recevoir. Depuis des mois, des années même, toutes les administrations israéliennes savaient que se préparait une énorme alya de France. En mars dernier, le chiffre était lancé : près de 6.000 olim sont attendus, une majorité durant l’’été en préparation de la rentrée des classes. Et c’’est justement sur ce point que la négligence est inacceptable. Tout le monde savait que des centaines d’’enfants allaient intégrer les écoles et les lycées dans toutes les villes du pays.

Allait-on augmenter les effectifs ? Allait-on préparer les enseignants sur la question de savoir comment accueillir les enfants, surtout les plus jeunes ? Avait-on prévu des places pour ces enfants sur les bancs de classe ? Bref, étions-nous et sommes-nous vraiment prêts à accueillir nos frères dans les meilleurs conditions ou devait-on se comporter, comme me le confiait un haut responsable, en affirmant que les nouveaux olim devaient passer par une phase de difficulté comme celle qu’’ont rencontrée les nouveaux immigrants au début des années 50 ?! Inacceptable bien sûr, inacceptable !

Les olim de France doivent aujourd’’hui accaparer toute notre attention. Cette alya est bénie et plus que souhaitable. Et il est grand temps que tous en prennent vraiment conscience, pas seulement avec des mots. En écoutant le ministre de l’’Intégration, on a vraiment l’’impression que tout va bien. Que des dizaines de millions de shekels auraient été dispensés à cette alya. Que la reconnaissance des diplômes était un fait accompli, etc.

Il n’’en est absolument rien. Le programme « La France d’’abord » est de la poudre aux yeux destinée à calmer les critiques. On affirme que 20 millions de shekels auraient été consacrés à l’’alya des Juifs de France. Où sont-ils ? Il aura fallu se battre dans de nombreuses écoles pour obtenir de suite des classes d’’oulpan (cours accélérés d’hébreu en vue de l’intégration). Partout, c’’est le même leitmotiv, tout ira mieux après les fêtes.

En attendant, on fait appel aux bénévoles, tant bénis par les ministères qui voient ainsi une main d’’oeuvre gratuite et dévouée, pour soutenir parents et enfants souvent désemparés. Les premiers incapables de s’’entretenir avec les responsables des écoles, les enfants tristes et endormis dans des classes où ils ne comprennent aucun mot !

Ce qui se passe dans de nombreuses écoles du pays est proprement insupportable et on annonce de nouvelles arrivées dès « après les fêtes ».

Les ministères de l’’Intégration et de l’’Education, les mairies et les administrations doivent prendre leurs responsabilités ou alors on aura compris que cette alya extraordinaire n’’est pas si désirable qu’’on le dit. Nous attendons une mobilisation générale du lobby francophone du député Yoni Chetboun qui se bat tant pour faire changer les choses.

Je n’’irai pas jusqu’’à dire que les quelques centaines d’’olim ukrainiens sont mieux traités que les milliers de Français mais certains le font et l’’ont fait !

Un peu partout dans le pays, les ONG ont pris leurs responsabilités avec des volontaires absolument extraordinaires qui donnent de leur temps et parfois de leur argent pour aider leurs frères de France.

Nous avons rencontré, vu, parlé avec ces enfants de 6, 7, 8 jusqu’à 11 ou 12 ans, des enfants beaux, merveilleux, gentils, heureux d’’être enfin arrivés dans « leur pays ». Nous ne pouvons pas ne rien faire pour leur rendre leur sourire ainsi qu’’à leurs parents.

On se rend compte aujourd’’hui combien eût été souhaitable la création d’’une véritable association francophone de soutien aux olim de France. Une agence, une correspondance, un point de ralliement dans toutes les grandes villes, auraient été d’’un bien fou pour des olim qui, souvent, n’’ont personne à qui s’adresser.

Où est donc l’’Agence Juive ? Où sont ses dirigeants ?

Pourquoi ne se manifestent-ils pas ?

Nous ne laisserons pas tomber, nous, nos frères de France. Nous voulons leur dire combien nous les aimons, combien nous sommes prêts à tout pour les aider, les soutenir. Il est important, il est nécessaire, il est urgent de leur parler. Longtemps, encore et encore, pour leur expliquer Israël, la mentalité si spéciale mais tellement attirante des Israéliens. L’’alya n’’est pas une décision facile pour les familles, l’’intégration est probablement difficile mais vous verrez, avec un peu de patience, tout ira mieux. Si seulement nos dirigeants prenaient la peine de s’’y intéresser. Vraiment.

Editorial de la rédaction du n°570 de ISRAEL aujourd’hui (Israel HaYom)

Note d’Etzbetzion : Un petit témoignage personnel : tout ceci est vrai ! (mais… il y a un mais, et vous le découvrirez en bas de ce témoignage).

Il y a probablement eu pourtant une certaine évolution depuis l’époque où nous avons personnellement fait notre Alya, en l’an 2000, juste avant le début de la terrible intifada qui a sévi plusieurs années dans le pays. Nous sommes arrivés avec nos quatre fils dans une magnifique implantation en Samarie, qui domine la vallée du Jourdain et la toute proche Jordanie, après avoir préparé notre Alya par un séjour de trois mois durant lequel nous avions pris tous les contacts nécessaires avec la municipalité, l’école,…

L’enthousiasme était grand à l’idée de nous accueillir et nous aider à nous installer dans ce gros village beau comme une oasis dans le désert… Mais à l’arrivée, nous avons déchanté car il nous a fallu nous débrouiller pour tout (les papiers, les soins de santé,…), en parlant à peine deux ou trois mots d’hébreu (nos laborieuses études toutes théoriques en France sans la moindre mise en pratique ne nous ayant servi à… quasiment rien).

Et l’image décrite plus haut d’enfants assis sagement dans une classe de « sauvages » (les Israéliens sont extrêmement « toniques », directs et difficiles à comprendre pour de petits Européens bien élevés !) en attendant qu’on veuille bien débloquer des fonds pour leur apprendre la langue, eh bien, c’est la nôtre aussi ! Au bout de quelques mois d’attente pour que les choses se mettent en place, un semblant de cours donnés par une institutrice bénévole leur fut accordé, après les cours, mais si peu, si peu, que nos pauvres enfants ont végété ainsi jusqu’à la fin de l’année. Car on nous a expliqué que, vous comprenez, le budget alloué par l’Etat pour l’école locale était déjà épuisé en mars, et que dès lors, on ne pouvait rien faire. D’ailleurs, la direction nous a dit qu’en ce qui concernait les deux grands, qui avaient respectivement 14 et 15 ans, il ne fallait pas se faire d’illusion, ils allaient directement vers une voie de garage au niveau des études, c’est-à-dire vers le néant le plus absolu.

Entretemps, l’intifada a démarré, l’école a fermé rapidement ses portes, notre maison a reçu des impacts de balles depuis le village arabe voisin qui dominait le nôtre et,… nous sommes rentrés en France pour réfléchir sérieusement à la situation… ! Aujourd’hui, nous en rions, mais sur le coup, nous étions moins drôles ! Les enfants avaient perdu une année scolaire et, pour le reste, il nous était devenu impossible d’envisager de rester dans cette région vu les circonstances (impossible de circuler sans risquer de se faire descendre comme des lapins, etc.). Nous avons vu à l’époque à la télévision une amie qui venait d’être canardée avec deux autres voitures, alors qu’elle était en route vers la ville d’Ariel depuis notre implantation et lorsque nous l’avons appelée pour lui demander si tout allait bien, elle nous a dit qu’elle était « beezrat HaShem » (avec l’aide de D.ieu) saine et sauve, mais qu’elle avait entendu les balles siffler.

Après mûre réflexion, nous avons décidé de quitter notre beau village choisi par conviction purement sioniste, et avons déménagé pour Jérusalem où nos quatre fils ont mené une scolarité bénie et démarré vraiment leur intégration dans le pays. Ils ont ensuite fait leur service militaire comme combattants et même sous-officiers, pour plusieurs d’entre eux, et ont traversé avec les autres jeunes gens si vaillants de ce pays les épreuves, les guerres, en devenant plus forts, plus courageux, plus vivants encore qu’avant, en parlant désormais la langue comme s’ils étaient des sabras, au point qu’ils n’ont même pas ce petit accent français si délicat et reconnaissable entre mille qui fait rire tout le monde là-bas. Ceci n’est qu’une partie du témoignage que nous pouvons vous donner concernant ce qu’est une Alya. Il y aurait encore tant de choses à partager, mais ce serait trop long…

Oui, l’Alya est bien, comme le dit l’auteur de cet article, un terrible parcours du combattant, une souffrance qu’on aimerait éviter et qui serait d’ailleurs évitable si le pays était vraiment prêt à s’organiser pour aider les immigrants comme ils le promettent, et à tous moments on se dit : « Si YHWH, notre Adonaï, n’était pas là, on serait mille fois repartis en galout ».

Mais, non, on reste, on s’accroche, on sait que c’est notre place, il n’y en a pas d’autre. Après presque quinze ans, on regarde en arrière, et on est fier d’avoir parcouru tout ce chemin, sur lequel on a rencontré des gens merveilleux, qui se sont comportés à notre égard vraiment comme des frères, plus généreux et attentifs que des frères de sang. Mais en fait, non, nous sommes des frères de sang, puisque nous appartenons au même peuple. Cette identité nationale n’existe pas dans les pays d’Europe, nous ne l’avons vue nulle part. Ici, en Israël, quand un membre souffre, quand une famille perd un fils à la guerre, quand tous nos fils sont sur le terrain en train de défendre leur pays, c’est comme si c’était nos propres fils, on se mobilise pour envoyer des colis aux soldats, on s’appelle pour prendre des nouvelles, on s’encourage mutuellement, on se console. C’est quand c’est difficile qu’on voit la réalité de l’amour (dans les Proverbes, il est écrit : « L’ami aime en tous temps ») et un pays comme Israël qui se construit, alors qu’il est en guerre depuis sa re-création en 48, fait tout ce qu’il peut pour intégrer ses olim, pour développer une infrastructure cohérente au niveau administratif, etc. Ce n’est pas simple, les fonds manquent, les priorités sont ailleurs,…

Au bout du compte, on s’accroche, oui, et on est totalement « indécrochables » ! La souffrance forge un caractère patient, crée l’unité, développe la foi, car dans ces circonstances on sait qu’on ne peut pas s’appuyer sur ses propres forces mais seulement sur notre Père, la souffrance pousse à regarder en Haut et à proclamer les promesses sans faillir car on sait qu’elles se réaliseront toujours. Les promesses sont oui et amen ! Et on est enfin prêts à « rentrer au pays de la promesse » !

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Lève-toi ! / Etz Be-Tzion
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