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Erasme, Prince de l’Humanisme et farouche antisémite (sur Messianisite)

By 9 décembre 2014Etz Be Tzion

 

Manfred Gerstenfeld interviewe Hans Jansen, auteur d’une œuvre majeure, fréquemment rééditée, en néerlandais, intitulée : Christian Theology after Auschwitz. La Théologie Chrétienne après Auschwitz.

“De nombreux pères fondateurs de la culture occidentale étaient antisémites. Au cours de la Renaissance, Erasme de Rotterdam – qui a vécu entre 1466 et 1536 – était considéré comme « LePrince de l’Humanisme ». Bien qu’il ait été un penseur innovateur, Erasme était antisémite, au même titre que beaucoup de ses contemporains. On a beaucoup écrit sur sa pensée, son œuvre et sa vie. Pourtant, les érudits, y compris le célèbre historien hollandais Johan Huizinga, ont rarement communiqué sur « l’antisémitisme » d’Erasme. Ce n’est qu’au milieu des années 1980 que cela a commencé à changer ».

Le Professeur Hans Jansen est l’auteur d’une œuvre majeure, fréquemment rééditée, en néerlandais, intitulée : Christian Theology after Auschwitz. La Théologie Chrétienne après Auschwitz. History of 2000 years of Church anti-Semitism. Histoire de 2000 ans d’antisémitisme de l’Eglise est le sous-titre de son premier tome. Le second tome, – en deux volumes, est sous-titré : The Roots of Anti-Semitism in the New Testament. Les Racines de l’Antisémitisme dans le Nouveau Testament. Jansen, protestant hollandais, a enseigné l’histoire à l’Université Libre Flemish de Bruxelles (1990-2000) et, depuis 2002, il enseigne à l’Institut Simon Wiesenthal, dans la même ville.

“Erasme a décrit plusieurs fois les Juifs comme des « pestes » En 1517, par exemple, dans un échange de lettres avec le réformateur hébraïsant Wolfgang Fabricius Capito de Strasbourg, il écrit : « Rien n’est plus dangereux pour l’enseignement du Christ que cette peste la plus néfaste : le Judaïsme».

“Erasme avait plusieurs autres obsessions concernant le Judaïsme. Dans la même lettre, il désigne l’Hébreu comme une « langue barbare », comme l’avait fait auparavant le père de l’Eglise Hieronymus(« Saint » Jérôme). En 1516, il écrit dans les travaux publiés sur Jérôme, que les hérétiques aiment tromper la populace et l’effrayer par des mots magiques tirés du Talmud et de la Kabbale. Erasme était un fervent opposant de la littérature hébraïque, qui était réimprimée et réétudiée, durant la Renaissance. Il sentait que le renouveau des études de l’Hébreu et de sa littérature était le signe d’unregain d’intérêt pour le Judaïsme.

“Erasme exprimait la profonde conviction que ceux qui étudiaient la littérature hébraïque ne pouvaient pas être dignes de foi. Il critiquait les commentaires médiévaux de la Bible hébraïque, faits par des érudits juifs, que lui-même ne pouvait même pas lire. Cependant, quand la littérature hébraïque a été confisquée et brûlée, en Allemagne, Erasme n’a pas pris position. Il voulait préserver la liberté des universitaires. De plus, il craignait, apparemment, que l’Eglise catholique se mette, aussi, à brûler certains de ses propres livres.

“Erasme était atteint d’une phobie hystérique des Juifs convertis. Il a dit au Pape qu’en 1517, il avait refusé l’invitation du Cardinal Ximeres de se rendre en Espagne. Il ne voulait pas mettre seulement un pied dans ce qu’il appelait : « Le pays d’Europe le plus judaïsé ». Il avait déclaré au Cardinal qu’en dépit de la grande admiration qu’il éprouvait pour lui, il avait des raisons essentielles de refuser son invitation.

“Erasme était, aussi, d’avis qu’on devait être extrêmement prudent avant d’accepter des Juifs dans les communautés chrétiennes. Il voyait les Juifs baptisés comme bien plus dangereux que ceux qui ne l’étaient pas, pour la survie de l’Eglise et de l’Europe chrétienne. Erasme percevait un abime impossible à combler entre la Chrétienté et le Judaïsme. Il craignait même qu’à cause de la renaissance de l’Hébreu et de sa littérature, le Christianisme disparaîtrait entièrement d’Europe.

“Erasme était extrêmement contrarié du fait que le Pape éclairé Léon X ait pu encourager le célèbre imprimeur de livres hébraïques, Daniel van Bomberghen de Venise, à publier le Talmud. Dans la ligne de la tradition commune de l’Eglise, Erasme était convaincu que l’Eglise devait avertir les Chrétiens de ne pas avoir de contacts avec les Juifs et du danger que représentaient leurs textes. Il ne tolérait pas plus que les Juifs, les Marranes et les Hébraïsants chrétiens, puissent, du fait de l’apparition de la profession d’imprimeur, diffuser des écrits hébraïques sur une vaste échelle.

“Erasme a aussi écrit à Capito : “Je considère que l’Eglise ne devrait pas donner autant d’importance et de valeur à l’Ancien Testament. L’Ancien Testament ne traite que des ombres avec lesquelles les gens doivent vivre de temps en temps. L’Ancien Testament… est, aujourd’hui, devenu presque plus important que la littérature de la Chrétienté. D’une façon ou d’une autre, nous perdons notre temps à nous éloigner du Christ ». Il disait qu’il préfèrerait que la totalité de l’Ancien Testament soit supprimée, plutôt que la paix ne soit détruite entre les Chrétiens, à cause des livres juifs.

“Comment peut-on expliquer la haine d’Erasme pour les Juifs ? Emile Vilemeur Telle, dans le livre fascinant qu’il a écrit sur lui, affirme qu’elle découle de son profond dégoût pour la religion juive, qu’Erasme met en scène, de façon caricaturale, dans ses œuvres exégétiques. Il éprouvait un profond mépris pour le Judaïsme, en prétendant que ses adeptes pensaient atteindre le salut, grâce à une pratique purement extérieure et dénuée de spiritualité, des lois de Moïse, de ses rites, symboles et règles. De son point de vue, cela consistait en l’accomplissement de lois diététiques et en celles qui concernent le vêtement, le jeûne, le Shabbat et les Fêtes. Le commentaire d’Erasme sur l’Evangile de Jean met clairement en évidence qu’il percevait le Judaïsme comme un anachronisme, une prophétie qui survivait à son accomplissement, l’incarnation d’un échec, un fossile et ainsi de suite.

“Dans le débat sur le passé antisémite de l’Europe, les opinions d’Erasme sont importantes. La vision de cette grande figure dominante de l’Humanisme et de la Renaissance illustre, encore une fois, que l’antisémitisme fait, à la fois, partie de l’histoire européenne et qu’il est profondément enraciné dans sa culture ».

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé de 2000 à 2012 le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem. Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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