A Sarre-Union, ils pissaient sur les tombes en criant « Heil Hitler » !

A Sarre-Union, ils pissaient sur les tombes en criant « Heil Hitler » !

Même s’ils s’en défendent, le mobile antisémite de ces cinq adolescents issus de familles respectables ne fait pas de doute selon le parquet. Ils ont été mis en examen.

Un « mauvais délire entre potes » qui dérape en acte antisémite. Voilà l’étrange scénario qui se dessine après la découverte dimanche dernier de la profanation de quelque 250 tombes du cimetière juif de Sarre-Union (Bas- Rhin). Après avoir reconnu les dégradations, les cinq mineurs placés en garde à vue depuis lundi ont été présentés hier à un juge d’instruction qui les a mis en examen dans la soirée. Le récit qu’ils ont fait aux enquêteurs confirme le caractère antisémite de leurs actes, même si un doute subsiste sur l’origine de cette apparente radicalité.

Durant leur audition par les gendarmes, les cinq adolescents âgés de 15 à 17 ans n’ont pas tardé à reconnaître leur implication, décrivant un comportement aux relents antisémites sans équivoque : saluts nazis en criant « Sieg Heil » ou « Heil Hitler » pendant les profanations, insultes, crachats et même jets d’urine sur les stèles portant une étoile de David. « Un premier adolescent a renversé une stèle, déclenchant une sorte de frénésie collective dans le groupe » , a expliqué le procureur de la République Philippe Vannier. « Tous ne reconnaissent pas l’ensemble de ces faits, le rôle de chacun reste à préciser » , complète une source judiciaire.

Fait rare dans ce type d’affaire, aucun des adolescents n’a de passé judiciaire. « Ils sont tous issus de familles respectables qui n’ont pas davantage eu affaire à la justice » , poursuit cette même source. En garde à vue, la plupart ont pris conscience de la gravité de leurs actes et sont apparus dépassés par l’émotion et l’indignation nationales qui ont suivi. « Certains ont même pleuré » , note le procureur, qui précise que les adolescents ont exprimé des « regrets » , mais « continuent d’affirmer qu’ils ne sont pas antisémites » .

Ils risquent jusqu’à sept ans de prison

De fait, à ce stade des investigations, les enquêteurs ne comprennent toujours pas l’origine de ce raid abject. Lors des perquisitions menées chez leurs parents, aucun document, texte ou vidéo en lien avec le nazisme ou l’antisémitisme n’a été découvert. « Leur seule explication, c’est d’avoir voulu faire les cons » , soupire une source proche du dossier, qui relève que « deux des mis en cause, plus charismatiques, semblent avoir entraîné les trois autres dans ce jeu » .

Quoi qu’il en soit, le parquet a d’ores et déjà retenu le caractère antisémite des infractions, en ouvrant hier une information judiciaire pour « profanation aggravée par la religion des défunts » et « dégradation de biens publics » , le tout en réunion. Des faits passibles théoriquement de sept ans de prison. En attendant le futur procès, le procureur a requis un placement éducatif en milieu ouvert pour trois des jeunes, et dans un centre éducatif fermé pour les deux meneurs de la bande. Il a également demandé au juge que leur soient proposés des travaux de remise en état du cimetière saccagé, une initiative qui ne pourra être validée qu’avec l’accord des mis en cause. « Ils seraient bien inspirés d’accepter, car, au moment de l’audience, cet élément jouera forcément en leur faveur » , prédit un proche de l’enquête.

Avec le Parisien – édité par Lola Perez – JSSNews