Extrême droite = nazisme
« Extrême droite » : que veut dire cette expression, si ce n’est nous suggérer le pire de l’horreur ? Extrême droite sous-entend Hitler, Shoah, racisme et extermination. Silence sur le socialisme du nazisme : nazisme est l’abréviation de socialisme national en allemand.
Si le procès du communisme avait eu lieu, socialisme serait égal aux purges, aux procès politiques, à la misère et la famine organisée, et aux 60 millions de personnes tuées pour imposer cette idéologie.
Parler d’extrême droite n’a qu’un but : diaboliser quelqu’un, l’exclure implicitement de la société démocratique. C’est essentiellement une méthode de censure sociale.
Le sens des mots
Extrême, veut dire que sur un sujet donné, quelqu’un tient une position qui se situe à l’extrême – on ne peut pas aller plus loin dans l’idée, il n’y a pas de point de vue plus « extrême ».
Bien entendu, tout est relatif, cela dépend du pays et du contexte. Laisser circuler les vaches dans les rues de Paris parce qu’elles sont sacrées est extrême à Paris, pas en Inde. Porter un chapeau de cowboy, une chemise à franges de cuir et un pistolet à la ceinture n’est pas extrémiste au Texas. Ni porter un chapeau shtreimel en fourrure à Bnéi Brak.
L’ascension d’Itamar Ben-Gvir est l’une des principales controverses – largement alimentée par les médias qui l’ont pris comme tête de Turc – du cinquième cycle électoral israélien en un peu plus de trois ans. L’élection est passée, la controverse reste.
- Le Parti sioniste religieux est le troisième plus grand parti de la Knesset (derrière le Likoud de Benjamin Netanyahou et Yesh Atid de Yair Lapid).
- Avec 14 sièges, il est deux fois plus important que Yamina lorsque son leader, Naftali Bennett, est devenu Premier ministre.
Ce bloc est la combinaison actuelle de trois partis de droite relativement petits, regroupés pour ne pas tomber sous le seuil de 3,25 % des voix pour entrer à la Knesset. On peut ainsi soutenir que ses 14 sièges sont artificiels, et la popularité de Ben Gvir aussi, fabriquée de toutes pièces par les médias comme repoussoir : « voilà l’épouvantable extrémiste qui va imposer ses idées racistes au pays si vous votez Likoud », expliquent les médias en substance, et peu importe s’ils disent vrai, certains s’arrêtent là, d’autres pas.
Dans la réalité, les Israéliens n’ont pas cru les médias. Grand bien leur fasse.
- Le bloc sioniste religieux est dirigé par l’ancien ministre des Transports et député de longue date Bezalel Smotrich. Que je sache, il n’a jamais exigé que les Arabes soient assis dans une section réservée à l’arrière des bus, comme dans l’apartheid. Plusieurs autres membres de la Knesset, dont Simcha Rothman et Orit Strook, figurent en bonne place sur la liste des candidats. Et ce sont des personnalités respectables. Leur liste compte quatre femmes dans ses 20 premières positions – ce n’est donc pas non plus un groupe sexiste – la gauche peut-elle en présenter autant ?
- Le bloc sioniste religieux est farouchement nationaliste. Toute la droite israélienne, et la majorité des citoyens israéliens sont farouchement nationalistes ! Ce n’est pas une vision extrémiste, c’est la norme consensuelle.Les Arabes israéliens d’ailleurs, et ceux de l’Autorité palestinienne, sont encore plus « farouchement nationalistes », puisqu’ils vont jusqu’à commettre des attentats nationalistes.
Il n’est donc pas possible, sur ce point, d’affirmer que Ben Gvir est extrémiste, il est dans la norme.
Seuls le Meretz et une partie d’Havoda sont hostiles au nationalisme israélien, cela fait d’eux les extrémistes.
Les grands médias israéliens – qui sont de gauche – (ainsi que des politiciens anti-Netanyahou) qualifient Ben Gvir de « raciste ». Difficile d’accorder du sérieux à cette insulte : si vous n’êtes pas pour des frontières ouvertes à l’immigration illégale, vous êtes raciste. Si vous critiquez Obama, qui est noir, vous êtes raciste. Si vous faites remarquer que la majorité des personnes incarcérées en France sont issues de l’immigration, vous êtes raciste – et passible des tribunaux.
S’adressant à JNS, Ben-Gvir a déclaré :
« Notre Tanakh [Bible] nous enseigne que nous sommes d’ici, nous sommes revenus sur notre terre. Je ne suis pas un raciste, je ne déteste pas les Arabes, je déteste les terroristes ».
Ce n’est pas extrême que de détester les terroristes.
Jeunesse extrémiste
Les accusations portées contre lui sont fondées sur des positions que Ben-Gvir a tenues à l’époque où il était un jeune militant, à l’adolescence. Ben-Gvir était un fervent partisan des enseignements et des principes de l’ancien membre de la Knesset Meir Kahane, dont le parti politique a été banni du parlement en raison de ses positions anti-arabes. En tant que partisan de Kahane, Ben-Gvir n’a pas été autorisé à servir dans les forces de défense israéliennes.
Ceci est certainement extrémiste.
Cependant, avez-vous remarqué combien les médias sont conciliants à l’idée qu’on puisse changer sa vision de jeunesse quand on vient de la gauche extrême, du trotskisme le plus radical ?
« Si t’es pas communiste à 20 ans, c’est que t’as pas de cœur. Si t’es encore communiste à 40 ans, c’est que t’as pas de cerveau » : c’est la norme. Mais pas pour l’extrême droite ?
La jeunesse est excessive, enthousiaste et idéaliste. Ce droit est accordé aux anciens membres de groupuscules d’extrême gauche, il est refusé aux jeunes d’extrême droite. Edwy Plenel, qui a dirigé Le Monde et aujourd’hui Médiapart, a célébré dans la joie les terroristes des attentats des Jeux Olympiques de Munich. Aujourd’hui, personne ne dit de lui qu’il est extrémiste.
Donner la priorité à la sécurité n’est pas extrémiste, c’est l’inverse qui est extrémiste
Ben Gvir affirme que les médias redoublent le message selon lequel il est raciste « afin de tirer sur le messager, au lieu de permettre un discours sur les problèmes sérieux auxquels l’État juif est confronté ».
Je n’ai pas l’impression que les problèmes sérieux ne font pas partie du discours. Ils sont abordés, Ben Gvir se trompe, cela ne fait pas de lui un extrémiste. Il dit devant les caméras ce que beaucoup pensent tout haut. C’est donc consensuel, l’inverse d’extrême.
« Nous avons un problème majeur de djihad à tant de niveaux que nos dirigeants politiques et nos experts en sécurité refusent de l’aborder de front. »
Il ajoute : « Je suis le candidat qui dit que l’empereur n’a pas de vêtements et que nous avons de sérieux problèmes. Ils veulent se débarrasser de mon message – et de tout le nationalisme israélien d’ailleurs – alors ils me traitent de raciste. »
Ben Gvir a raison et tort. C’est un point de vue, c’est son point de vue. Il est loin, très loin d’être extrémiste.
Tort, parce qu’Israel247.org rapporte quotidiennement que les forces de Tsahal interviennent au cœur du nid de serpents, dans les coins terroristes de Samarie, et que pas un jour ne passe sans que des suspects, de violents agitateurs et des terroristes ne soient interpelés. Tsahal n’agit pas de sa propre initiative, mais sous l’autorité de ceux que Ben Gvir accuse de ne pas aborder le sujet de front. Peut-être pas assez, pas assez bien, ça se discute.
En revanche, il ne fait aucun doute qu’un durcissement de la surveillance et de la répression contre les terroristes sauve des vies. C’est tout sauf extrême, comme raisonnement : c’est le bon sens. Renforcer la sécurité des citoyens israéliens n’est pas un point de vue extrême. C’est extrémiste de penser le contraire.
Traditionnel comme le sionisme
Ce nationaliste religieux d’origine irakienne a grandi dans la banlieue de Jérusalem, à Mevaseret, au sein d’une famille majoritairement laïque, mais traditionnelle. Depuis, Ben-Gvir est devenu un juif pratiquant, marié et père de six enfants, vivant dans la communauté juive d’Hébron, site du Caveau biblique des Patriarches où sont enterrés les ancêtres juifs Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que leurs épouses, sauf ou Rachel.
Il a expliqué à JNS à propos de son passé :
« J’ai maintenant six enfants. J’ai 46 ans. Je suis issu d’une tradition plus radicale, mais j’ai mûri depuis. J’ai appris à mieux comprendre les problèmes précis auxquels j’essaie de m’attaquer. Le problème est le djihadisme, qui est un mouvement de type néo-nazi composé de dangereux ennemis extrémistes parmi nous. En fait, c’est le djihadisme qui supprime les Arabes ordinaires vivant ici. Eux aussi se tournent vers Israël pour vaincre ce mouvement et assurer une plus grande sécurité. »
Ce sont des propos raisonnables, pleins de bon sens, qu’on les aime ou pas, ce qu’il dit est factuel, c’est le reflet de la réalité toute simple.
Avocat spécialisé dans les droits de l’homme
Ben-Gvir est avocat engagé dans la défense des droits civils. Il a remporté de nombreux procès et plusieurs victoires devant la Cour suprême d’Israël (sa dernière performance pour tenter d’empêcher la signature des accords avec le Liban était médiocre).
- Il s’est battu contre des cas de brutalité policière à l’encontre de civils juifs, et ceci est plus habituellement la chasse gardée de la gauche, des avocats militants des droits de l’homme. Ca, les médias ne vous le disent pas.
- Il a défendu des soldats qui risquaient d’être emprisonnés pour avoir agi contre des terroristes et qui étaient accusés à tort d’avoir violé les règles strictes d’engagement de l’armée. Chaque mère israélienne peut le remercier.
Les médias, militants de l’ombre en pleine lumière
Ces dernières années, Ben-Gvir a tenté de modérer à la fois ses déclarations et son image. Les médias ont fait le nécessaire – ils se sont transformés en protecteurs de la société, qu’ils jugent trop faible pour voir le danger d’extrême droite sans leur aide – pour que Ben Gvir ne puisse pas se défaire de sa sale réputation.
« Ils veulent m’enterrer comme un moyen de frapper le nationalisme juif », a-t-il déclaré. « Alors, au lieu de dire aux électeurs ce à quoi ils s’opposent réellement, ils m’accusent d’être anti-gay, anti-femme, anti-arabe et tout ce que le monde libéral représente. Ils me font passer pour leur croque-mitaine au lieu de dire qu’ils sont contre les principes nationalistes, et une plus grande sécurité pour les citoyens israéliens. »
Pourtant, pour de nombreux électeurs, ses positions sont l’expression du bon sens qui fait défaut dans le discours politique et sécuritaire israélien.
Ben-Gvir :
« Ma vision est celle d’un État juif fier et fort. Je n’ai aucun problème avec nos minorités – à condition qu’elles soient des citoyens respectueux de la loi – mais j’ai un problème avec ceux qui lèvent la main sur nos policiers et nos soldats. »
De nombreux points de vue de M. Ben-Gvir sur la sécurité d’Israël trouvent une forte résonance auprès des citoyens qui ont vu les risques pour leur sécurité personnelle augmenter ces dernières années.
- Au cours de la dernière décennie, des milliers d’armes à feu illégales, des fusils d’assaut automatiques, sont introduits clandestinement en Israël ou fabriqués localement, et se retrouvent entre les mains d’Arabes vivant en Judée, en Samarie ainsi que dans des villes arabo-israéliennes.
- Les meurtres dans le secteur arabe sont montés en flèche,
- Des Arabes se sont révoltés et ont fait de véritables pogroms dans des villes mixtes lors du conflit à Gaza en mai de l’année dernière. La police n’a pas réagi durement.
Evoquer les tabous, ça déplait
- Dans les périphéries nord et sud du pays, dit Ben-Gvir, les Israéliens versent souvent des paiements de protection de type mafieux aux Bédouins locaux pour s’assurer que leurs maisons, leurs entreprises et leurs équipements ne seront pas cambriolés, ou pire encore.
- Les règles d’engagement de l’armée et de la police sont devenues de plus en plus strictes, le personnel de sécurité ne pouvant pas ouvrir le feu sur des terroristes, même dans des situations très dangereuses, à moins d’être activement visé par les tirs, ce qui met sa propre vie en grand danger.
- Pire encore, dit-il, de nombreux terroristes capturés par Israël sont assis avec d’autres meurtriers arabes – certains purgeant des peines de prison à vie – dans des conditions de prison « country club », avec télévisions et téléphones portables, tout en recevant des diplômes universitaires et des allocations de l’Autorité palestinienne.
- Par le passé, des prisonniers, dont des meurtriers condamnés, ont été libérés dans le cadre de gestes de « pacification » envers l’Autorité palestinienne.
Vrai, vrai, et encore vrai. Extrême ? Si l’on considère que toute vérité n’est pas bonne à dire, peut-être.
« Je veux donner de la force à notre armée et à notre police »
Ben-Gvir et son parti adoptent des positions fermes contre le terrorisme et appellent à un assouplissement des règles strictes d’engagement dans le but de restaurer la dissuasion, qu’il voit s’affaiblir. Il demande que les terroristes soient expulsés d’Israël et que la peine de mort soit appliquée aux personnes reconnues coupables de meurtre.
Encore une fois, tout ce qui concourt à renforcer la sécurité, à sauver des vies est raisonnable. Tout ce qui avance dans l’assouplissement des sanctions contre les terroristes est extrémiste. La prévention des attentats et la répression contre le terrorisme, ce n’est pas un Etat policier, mais un Etat responsable. Dire le contraire est extrémiste, c’est inverser les priorités, c’est penser aux coupables plus qu’aux victimes.
« Ceux qui assassinent des enfants ne devraient pas voir la lumière du jour. Je veux donner de la force à notre armée et à notre police », a-t-il déclaré.
Je suis d’accord avec ça, et je suis tout sauf extrémiste. Je gage que tout parent qui n’a pas subi un soigneux lavage de cerveau est d’accord avec moi : c’est le droit naturel, c’est la tradition juive.
Ministre de la Sécurité publique ?
« Mon objectif est de rendre la sécurité aux citoyens d’Israël, comme [l’ancien maire] Rudy Giuliani l’a fait à New York. Je veux changer les règles d’engagement pour que les soldats puissent tirer sur toute personne lançant des cocktails Molotov. Il faut que les soldats et les policiers qui sont en première ligne bénéficient d’une immunité », a-t-il déclaré.
« Nous devons protéger les citoyens et les résidents et redonner un sentiment de sécurité aux Juifs comme aux Arabes. La seule façon d’y parvenir est de disposer d’une armée et d’une police fortes, et d’assurer la sécurité de tous les habitants d’Israël, quelle que soit leur foi ou leur race. »
Rien à ajouter, je garde tout.
« Le nationalisme représente Dieu. Il représente le patriotisme. Il est synonyme de particularisme. Et il représente une défense forte. Ce sont des choses contre lesquelles la gauche israélienne est opposée. Ils sont contre une perspective religieuse, biblique, ils sont contre le nationalisme. Et ils sont contre une véritable défense », a déclaré M. Ben-Gvir.
« L’un des grands mystères du monde est de savoir pourquoi les libéraux se sont alignés sur le soutien aux jihadistes », a-t-il plaisanté.
Que fera Netanyahu ?
Beaucoup s’inquiètent qu’un ancien partisan de Kahane pourrait être nommé ministre de premier plan.
Ils oublient que Netanyahou est un homme de centre droit, qui n’a jamais hésité à s’associer et avec le centre gauche. En fait, il sera le politicien le plus à gauche de son gouvernement.
« Le Likoud a besoin d’un parti fort à droite, pour le maintenir à droite », a déclaré Ben-Gvir. « De nombreux électeurs du Likoud veulent un gouvernement de droite qui promeut les valeurs juives. Et la seule façon pour que cela se produise, c’est ensemble avec notre parti. »
Populisme et démagogie
Les médias donnent à croire que l’ascension de Ben-Gvir ne cause des dommages diplomatiques à Israël et que ses déclarations et actions en tant que ministre n’attisent les tensions dans une région déjà tendue, ils n’en savent rien, ils raisonnent comme des militants de gauche, et leur parti pris ne leur apporte aucun crédit. Les Israéliens, par leur vote, ont vu la propagande au travers du discours.
En fait, les déclarations incessantes selon lesquels Ben Gvir est raciste sont plus dommageables à l’étranger que Ben Gvir lui-même.
Les accusations de racisme sont non seulement tout aussi populistes que les idées que Ben-Gvir colporte, non seulement ces accusations constituent une menace pour Israël, mais elles s’inscrivent précisément dans ce que les médias adorent dénoncer comme si la droite en avait le privilège : la démagogie.
Les médias n’ont pour but que d’endormir les foules sur les sujets que Ben Gvir expose. Les démagogues, c’est donc eux. Le danger, c’est eux. Pas Ben Gvir.
Mais je peux me tromper. Je ne crois pas, cependant.
© Jean-Patrick Grumberg pour Israël 24/7.org