« Honteux que des juifs soient toujours attaqués en Allemagne »
La chancelière allemande, Angela Merkel, a jugé lundi honteux que des juifs soient toujours la cible d’attaques ou de menaces en Allemagne, 70 ans après la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz.
« Il est honteux que des gens, en Allemagne, soient frappés, menacés ou attaqués parce qu’ils disent qu’ils sont juifs ou parce qu’ils prennent parti pour Israël », a déclaré Mme Merkel lors d’une cérémonie organisée à Berlin par le Comité international d’Auschwitz, une organisation de rescapés.
« Nous ne voulons pas de paroles racistes (…) contre les juifs (…), contre les gens qui ont trouvé en Allemagne un nouveau foyer ou qui ont fuit chez nous la guerre ou les persécutions », a insisté la chancelière, à la veille du 70e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques, le 27 janvier 1945.
Trois cents survivants sont attendus mardi à Auschwitz, dans le sud de la Pologne, où plus de 1,1 million de personnes, dont un million de juifs, ont péri. Plusieurs chefs d’Etat, parmi lesquels les présidents français François Hollande, allemand Joachim Gauck et ukrainien Petro Porochenko, sont également attendus.
« Il faut nous opposer à l’antisémitisme et à toute autre forme de racisme », a encore insisté Mme Merkel, rappelant que 100.000 juifs vivaient aujourd’hui en Allemagne.
Comparant l’Holocauste à une rupture de civilisation et insistant sur la responsabilité éternelle des Allemands, elle a aussi rendu hommage à deux survivants d’Auschwitz présents à la cérémonie, le Polonais Marian Turski et la Hongroise Eva Pusztai-Fahidi.
« Chacun doit pouvoir vivre en sécurité et librement chez nous, indépendamment de sa religion ou de son origine », a encore déclaré Mme Merkel, lors de cette cérémonie rythmée par diverses prises de paroles et des passages musicaux.
« Les deux grands maux de notre temps, le terrorisme islamiste et l’antisémitisme, se sont manifesté lors des attentats de Paris, où 17 personnes, dont quatre de confession juive, ont été tuées », a-t-elle estimé. « Musulmans, juifs ou chrétiens, croyants ou athées, nous sommes ensemble. Nous ne nous laisserons pas diviser », a-t-elle insisté.
« Les quatre morts du supermarché casher nous ont rappelé à tous que la lutte contre l’antisémitisme n’a rien perdu de son urgence », a estimé pour sa part le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dans un communiqué.
« Quand des Juifs en Europe ne peuvent pas se sentir en sécurité, personne parmi nous ne peut se sentir en sécurité », a-t-il ajouté, rappelant que 2015 allait également marquer le 50e anniversaire de la reprises des relations diplomatiques avec Israël.
Auparavant, le président du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster, avait souligné dans un communiqué que les attaques venant d’extrémistes musulmans étaient devenues un danger supplémentaires contre les communautés juives.
« Personne ne doit fermer les yeux sur cela », a-t-il dit.